Alors je me suis un peu trompé : le bon titre, c’est Le Héros et la légende. C’est donc sorti chez Mosquitto, qui est l’éditeur des différents westerns de Serpieri. J’avoue ne pas être grand fan du boulot de ce dernier (j’ai toujours détesté Druuna, et si ses productions westerns auraient de quoi me séduire, je ne suis pas emballé par son style fait de hachures, qui servent de plus en plus à dissimuler les faiblesses du dessin). Mais j’ai tout de même pris ce tome, Tex oblige.
Le récit est intéressant par sa structure inhabituelle : un jeune écrivain retrouve la trace d’un vieux Kit Carson, finissant ses jours dans le pavillon des vieux de l’hôpital Bellevue à New York, dans les années 1930. Le vieillard, qui rabroue ses infirmières et aligne les propos incohérents, décide de lui raconter un souvenir : il évoque la première rencontre avec Tex Willer.
Ici, on est bien sûr dans la logique de L’Homme qui tua Liberty Valance, à savoir que le héros que l’on connaît et sa légende ne s’accordent pas toujours avec la réalité. Mais que retient-on ? La réalité ou la légende ? Le récit se conclut avec une morale avoisinante, à savoir que le jeune écrivain est bien conscient que les propos ne sont pas fiables, mais ce n’est pas grave, puisque leur étoffe même constitue le type de matériau dont il a besoin. Quant à l’identité de l’écrivain en question, je vous laisse la découvrir.
Le récit, c’est du Serpieri : de jolis décors un peu brumeux, des hachures partout, des personnages un peu raides. Le bullage est bordélique, l’auteur s’intéressant surtout à l’aspect esthétique de ses cases, pas à la fluidité de la narration. La traduction a aussi quelques raideurs, et un mépris affiché pour la ponctuation.
Un Tex atypique, très agréable dans l’idée, mais qui aurait mérité un peu plus de soin.
Jim