Discutez de Tex
Le sujet sur le film Tex Willer :
Soixante-dix ans de Tex, ça vaut bien une expo :
http://www.sergiobonelli.it/sezioni/100394/tex-la-grande-mostra#.W466jvs6L6o.linkedin
Jim
Ces dernières années, Ortiz (le compère de Segura, celui de Burton & Cyb, de Hombre…) a dessiné plein de Tex. Quand j’étais sur Paris, je fréquentais des bouquinistes qui faisaient de l’import italien, et je prenais des épisodes qu’il dessinait. Souvent, il était associé à Boselli, qui est un « petit nouveau » dans l’écurie, et qui ajoute un ton plus violent, plus « western spaghetti » aux intrigues. Il me fait penser à une sorte de Chuck Dixon italien. Leurs histoires sont très sympas, en général.
Jim
Et à propos de Chuck Dixon, son album de Tex dessiné par Mario Alberti est sorti ce mois-ci en Italie…
Visuellement, ça claque !
(Dixon travaille en direct pour l’Italie maintenant ?)
C’est sa deuxième histoire de TEX pour Bonelli. Il vient de finir une maxi-série Bane pour DC, il écrit des romans et aussi des comics pour une petite structure nommée Arkhaven dont les personnages sont regroupés sous la bannière Alt-Hero et dont la devise est « making comics great again » (tout un programme…pitite précision : Dixon est un fervent républicain).
Oh oui, Dixon ne s’est jamais caché d’avoir une vision conservatrice du monde. Mais il a toujours exprimé ça d’une manière à la fois discrète et intelligente, dans ses interviews. J’ai le souvenir d’un entretien où il expliquait pourquoi les héroïnes de Birds of Prey ne pouvaient en aucun cas être lesbiennes, et si l’on devinait sa vision du monde, ça restait très pondéré. En plus, ce monsieur a beaucoup de talent.
Keuwa ?
Tu serais en mesure de trouver où est la première ?
Faut absolument que je trouve ça.
Jim
C’est l’une des deux histoires du TEX MAGAZINE 2017 :
Merci.
Je me mets en chasse.
Jim
Mario Alberti, en général, c’est super chouette.
Il y a des albums en couleurs, avec pagination réduite (par rapport aux standards italiens), qui commencent à tourner. Le Lombard a édité Montana, écrit par Gianfranco Manfredi et dessiné par Giulio De Vita, récemment, et c’est vraiment très chouette. L’histoire est bien sans être géniale, mais l’ensemble donne un bon western, qui place la qualité graphique très haut. de Vite est en mode « Giraud énième génération », et ça donne des cases proprement spectaculaires.
Quand j’ai vu l’album, je n’ai pas hésité.
En revanche, je me suis demandé s’il s’agissait d’une création pour la France ou d’une traduction. Je n’ai pas cherché au-delà, mais ce que montre le Doc à propos de l’album de Dixon et Alberti me laisse penser que Bonelli fait des albums couleurs typés « franco-belge ». Va vraiment falloir que j’active mon petit réseau de produits ritals, tiens.
Jim
Oh, c’est très beau…je me laisserai peut-être tenter même si je trouve que 48 pages, c’est un peu court pour du TEX (je reste marqué par toutes ces histoires qui se déroulent sur des centaines de pages).
J’ai l’impression que TEX est passé par pas mal d’éditeurs français différents ces derniers temps, notamment chez Mosquito pour un album (là encore assez court) de Serpieri…
Je dois l’avoir aussi, le Serpieri, mais je crois ne pas l’avoir encore lu (ou bien il m’a laissé si peu de souvenir que je l’aurais déjà oublié ? M’étonnerait, quand même…).
Jim
Au sujet de De Vita, j’ai évoqué son travail notamment autour des Ombres de la lagune, une série écrite par François Corteggiani et qui n’aura connu qu’un tome :
Ainsi qu’à propos de Wisher, une série surnaturelle écrite par Sébastien Latour :
Jim
ça y est, je suis tout perdu avec toutes ces histoires de cow-boys, un coup en français, un coup en italien, un coup en album, un coup en pocket, un coup par Alberti, un par Di Vita … mais je ferai gaffe dorénavant !
Je viens de vérifier dans ma bibliothèque. Outre les grands formats de chez Semic (et quelques-uns que j’ai en rital), je compte Montana, de Manfredi et De Vita, au Lombard, L’Homme la légende de Serpieri chez Mosquito, et Frontera de Boselli et Alberti chez Clair de Lune. Je crois qu’ils sont tous sortis l’année dernière ou peu s’en faut. Je reviendrai en parler. Tous trois sont intéressants, même si ma préférence va peut-être à Montana.
Jim
Alors je me suis un peu trompé : le bon titre, c’est Le Héros et la légende. C’est donc sorti chez Mosquitto, qui est l’éditeur des différents westerns de Serpieri. J’avoue ne pas être grand fan du boulot de ce dernier (j’ai toujours détesté Druuna, et si ses productions westerns auraient de quoi me séduire, je ne suis pas emballé par son style fait de hachures, qui servent de plus en plus à dissimuler les faiblesses du dessin). Mais j’ai tout de même pris ce tome, Tex oblige.
Le récit est intéressant par sa structure inhabituelle : un jeune écrivain retrouve la trace d’un vieux Kit Carson, finissant ses jours dans le pavillon des vieux de l’hôpital Bellevue à New York, dans les années 1930. Le vieillard, qui rabroue ses infirmières et aligne les propos incohérents, décide de lui raconter un souvenir : il évoque la première rencontre avec Tex Willer.
Ici, on est bien sûr dans la logique de L’Homme qui tua Liberty Valance, à savoir que le héros que l’on connaît et sa légende ne s’accordent pas toujours avec la réalité. Mais que retient-on ? La réalité ou la légende ? Le récit se conclut avec une morale avoisinante, à savoir que le jeune écrivain est bien conscient que les propos ne sont pas fiables, mais ce n’est pas grave, puisque leur étoffe même constitue le type de matériau dont il a besoin. Quant à l’identité de l’écrivain en question, je vous laisse la découvrir.
Le récit, c’est du Serpieri : de jolis décors un peu brumeux, des hachures partout, des personnages un peu raides. Le bullage est bordélique, l’auteur s’intéressant surtout à l’aspect esthétique de ses cases, pas à la fluidité de la narration. La traduction a aussi quelques raideurs, et un mépris affiché pour la ponctuation.
Un Tex atypique, très agréable dans l’idée, mais qui aurait mérité un peu plus de soin.
Jim
Troisième Tex (à ma connaissance) sorti en album l’année dernière, Frontera propose, un peu à l’image de la version de Serpieri, une aventure atypique du célèbre ranger. Et pour cause, quand commence l’intrigue, il est en prison au Mexique, où il croupit dans une cellule humide et lugubre, enchaîné et dans un sale état.
Le récit, écrit par Boselli, est plutôt musclé : on y parle de vengeance et de racisme. La série Tex a de tout temps essayé de montrer d’autres peuples (les Indiens en premier) dans toutes leurs dimensions, à la fois en tant qu’alliés, qu’ennemis ou que victimes. Donc une intrigue évoquant la place des noirs dans la société (dans les milices officielles, en l’occurrence), ce n’est pas incongru.
Tex Willer s’allie ici à une femme et un noir (lui aussi prisonnier dans le pénitencier mexicain où il est retenu) dont les destins sont liés, puisqu’ils sont amenés à se venger du même groupe de personnes. Le découpage de Boselli fait la part belle aux bastons, à l’action et aux répliques qui fusent, ses personnages se définissent dans l’action plus que dans la parole. En cela, ma comparaison précédente avec Chuck Dixon me semble encore plus pertinente.
Le dessin est assuré par Mario Alberti, que les lecteurs franco-belges connaissent pour Morgana ou Red Hand aux Humanoïdes Associés, et que les amateurs de comics ont déjà repérés sur des mini-séries chez Marvel (Spider-Man allié aux Fantastic Four ou aux X-Men, par exemple). Ici, il a un découpage très sobre, totalement au service du héros, et c’est une réussite.
On pourra néanmoins reprocher quelques ellipses un peu rapides (comment Kit Carson retrouve-t-il ses amis, alors que le courrier qui lui était destiné n’est pas parti ?), mais dans l’ensemble, le récit offre de l’action généreuse et un sous-texte intéressant.
Jim
Sur la bdd de BDGest, je découvre qu’il existe, dans cette collection, un album numéro 0 (dans la bdd) ou 1 (sur la couverture), écrit par Boselli et dessiné par Brindisi. L’extrait donné laisse l’impression que la colo est sommaire, mais ça donne quand même envie. Je vais me renseigner.
Jim