Jeff Lebowski, prénommé le Duc (The Dude en VO), est un paresseux qui passe son temps à boire des coups avec son copain Walter et à jouer au bowling, jeu dont il est fanatique. Un jour deux malfrats le passent à tabac. Il semblerait qu’un certain Jackie Treehorn veuille récupérer une somme d’argent que lui doit la femme de Jeff. Seulement Lebowski n’est pas marié. C’est une méprise, le Lebowski recherché est un millionnaire de Pasadena. Le Duc part alors en quête d’un dédommagement auprès de son richissime homonyme…
Introduit et conclu par un monologue portée par la magnifique voix de Sam Elliott, The Big Lebowski pose d’emblé son statut de gigantesque farce. Encore plus que Fargo et son célèbre mais totalement faux « basé sur une histoire vraie », le décalage entre la forme classique du film noir (le film s’inspirant du Grand Sommeil de Raymond Chandler) et la réalité de ce qui se passe à l’écran (soit les péripéties de toute une tripotée de bras cassées) atteint ici des sommets.
Sorte d’énorme pot-pourri, The Big Lebowski semble être un montage improbable d’influences, d’histoires et de personnages croisés durant la vie des frères Coen (The Dude renvoi au producteur et activiste Jeff Dowd tandis que Walter est un décalque de John Millius) le tout baigné dans une sorte d’univers hors le temps et l’espace avec pour point d’attache un bowling.
Film le plus célèbre des frères Coen, The Big Lebowski ,on a du mal à s’en rappeler, n’a pourtant pas bien fonctionné à sa sortie (il remboursa à peine son budget sur le territoire américain), reçu des critiques mitigées et n’a pas foncièrement conquis le public. Mais à l’instar de Fight Club (sorti quelques mois après), The Big Lebowski établi son culte au fil du temps grâce au marché de la location vidéo permettant de voir et revoir ce petit ovni. Il faut dire qu’on peut très facilement être déconcerté par The Big Lebowski à la première vision et ne pas adhérer ou comprendre le plaisir ressenti. Pour ma part ce n’est qu’après deux ou trois visionnages que l’illumination arriva et que je me converti au Dudéisme (déconnez pas ça existe).
Il y a dans la façon de vivre du Dude, une sorte de pacifisme anarchiste qui fait totalement du bien. Une sorte de je-m’en-foutisme poussé à un point tel qu’il peut servir de force d’opposition à tout ce qui fait chier actuellement. Quelque part Lebowski est mon Gandhi.