THE FABELMANS (Steven Spielberg)

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« De toute évidence, personne ne semble comprendre que le jeune nerd, peu éloquent et mal à l’aise en société, a une compréhension intuitive des mécanismes du cinéma ainsi que de la mutation à venir de la pop culture. »

« Ainsi, après avoir exulté de toute son énergie de sale gosse avec le bordélique 1941 (un de ses plus gros budgets) et s’être lié d’amitié avec son scénariste débutant Robert Zemeckis, Spielberg décide d’abandonner le blockbuster d’été et se fend d’un tout petit film intimiste, tourné en banlieue, et dans lequel il révèle de façon métaphorique toutes ses névroses, au bord de l’autisme. »

« Faisons les comptes : surdoué, rapide, névrosé hyperactif, adoré par le peuple, snobé par la bourgeoisie, entouré d’artistes de cour qui jalousent son talent évident, qui avouent parfois ne pas comprendre comment il fait, mais maudissent de toute façon ses choix de carrière… »

« À cette même époque, le tout premier agent de Spielberg, Mike Medavoy, qui a fait sa fortune avec les œuvres du wonder boy, fonde le studio Orion qui produira un film remarquable titré Amadeus. Le parallèle est si évident que personne n’osera le faire. »

« Aveuglée par l’étiquette d’immaturité qu’elle a collée sur le front du cinéaste, la cinéphilie tardera à réaliser que le « gamin » Spielberg détient le record hollywoodien de morts d’enfants vues à l’écran, et que son innocence apparente tient plus à un effort d’humanisme (au sens originel – XVIème siècle – du terme) qu’à une supposée naïveté. »

« L’acteur Tom Hanks sera le premier à lever le voile. « Steven ne pense pas au cinéma, dira-t-il. Il pense Cinéma. » Autrement dit, derrière le manque d’éloquence verbale se cache un esprit d’une rare finesse, mais une finesse qui passe exclusivement par l’enchaînement de plans, la dynamique scénique, sémiologique, bref une pensée analogique qui, pour communiquer au mieux, n’évolue que rarement dans le cadre limité du verbe et de l’intellect (n’est-ce pas ainsi que communiquaient les aliens de Rencontre du troisième type ?). D’où peut-être son extraordinaire emprise sur le public comparée à la résistance d’une critique qui, elle, ne pense qu’avec des mots. »

« De leur côté, Minority Report ou Attrape-moi si tu peux mettront à nu les arcanes psychiques tourmentés de leur auteur. »

« Ce n’est qu’en 2007 que les médecins se penchent avec plus d’acuité sur la difficulté d’éloquence de Spielberg et découvrent que, toute sa vie, l’homme a été dyslexique. Une explication qui valide enfin le caractère exceptionnellement intelligent de son œuvre en ce qu’elle souligne l’origine probable de son incroyable aisance (probablement sans équivalent) dans la maîtrise d’un langage annexe : le langage cinématographique. »