J’ai lu le run en cours de notre ami Williamson soit près de cent épisodes (très bientôt finalement si on compte les annuals).
Williamson n’est sûrement pas Morrison mais son travail mérite d’être mis en lumière. Au delà de la simple durée, c’est le run le plus long depuis Rebirth puisqu’il a dépassé Tom King laissé sur le bord de la route.
Williamson établit un canevas qu’il va tisser jusqu’à aujourd’hui. On peut se demander d’ailleurs si Paradox, le grand méchant temporel tapis dans l’ombre depuis de nombreux numéros, ne pourrait pas être son final. Mais non, le numéro 750 montre qu’il en a encore sous pied et qu’il finalisera le retour de la Flash Family à travers toutes les ages. Je crois qu’il bouclera son run à son moment là en espérant qu’il restera chez DC Comics.
Mais revenons au début. Williamson reprend le bolide écarlate (j’adore cette trad) au moment de Rebirth. Souvenez-vous, Geoff Johns, autre auteur ayant oeuvré sur Flash et pas qu’un peu (gros run sur Wally West, retour d’entre les morts de Barry Allen et Flashpoint), ramenait après cinq ans de tricotage insupportables le VRAI Wally West. Parce qu’il y a Wally (adulte) et Wallace (un jeune métis)… mais Joshua Williamson est un bon élève et doit se dire « à chaque connerie, sa solution »…
Bref, il prend les rênes de Barry Allen qui retrouve Wally West revenu de cette nébuleuse. Après le numéro introductif (avec en guest-star Batman qui nous amènera au « Bouton » si vous vous souvenez bien), un éclair crée des semblables à Flash. Barry se prend au jeu et on comprend que JW souhaite travailler sur la passation, l’instruction et le passage de témoin. Même si ce sont des inconnus, Barry prend plaisir et retrouve un certain sens à sa vie de Héros, ce fameux espoir (Hope) que nous verrons écrire des millards de fois dans les bulles de pensées de Barry Allen.
Barry trouve un semblant d’équilibre entre son boulot de jour à la Police scientifique et sa vocation suite à la sortie de son père de prison. Même Iris trouve de la place et un ami revient du passé, un certain August… touché par cette foudre et que l’on retrouve 90 épisodes après dans l’arc actuel.
Et c’est ça qui me plaît dans le run de Williamson. C’est qu’il valorise son lecteur fidèle en lui sifflant dans le creux de l’oreille qu’il a bien fait de prendre son titre depuis le début. Ce genre d’attention, malgré les parasites éditoriaux (j’y reviendrais), montre la qualité de l’auteur à savoir qu’il sait respecter son lecteur.
Le run de JW peut être décomposé en deux temps. La première partie s’étale jusqu’au numéro 50 et « Flash War ». Durant cette cinquantaine d’épisodes, avec en partenaire privilégié un Carmine Di Giandomenico inspiré et au bon endroit, Barry va s’entourer et comprendre que les choses changent et doivent changer. Il n’est pas seul mais il reste ce personnage maladroit aussi bien dans les sentiments que dans sa façon de faire.
Il se fera berné par August aka Godspeed, se fera prendre au piège par la Speed force et devra remettre de l’ordre dans sa famille. Les deux Wally et Wallace sentent qu’ils ne sont pas à leurs places. Barry a beau de démener mais c’est trop fort. « Flash War » met en péril l’amitié entre Wally et Barry car Wally comprend ce qu’il ne va pas, ce qu’il lui manque : sa famille, ses enfants et sa femme.
J’ouvre une parenthèse mais je pense relire « Heroes in Crisis » de Tom King, que je n’ai personnellement pas apprécié. Toute la trame de JW sur Wally amène à Sanctuary et je tends à mieux comprendre la suite dans ce contexte. Je pense même que HiC peut être une bonne histoire finalement.
Le numéro 50, avec Howard Porter, confirme le retour d’Impulse, coincé lui aussi dans la Speed Force et permet à Bendis de lancer son électrique Young Justice!
Si l’on compte le nombre de bolides en course à cet épisode milestone, 75% de la chaine est au départ de la course qui annonce deux évènements : le Year one et l’épisode 750.
Après le départ de Giandomenico, JW doit respecter certaines contraintes éditoriales assez nazes, que sont les nouvelles forces révélées lors de New Justice. Il est intéressant de voir que Snyder s’y intéresse peu dans son titre phare…
C’est l’occasion pour le scénariste de créer de nouveaux personnages porteurs des forces, elles-mêmes liées à la Speed Force. Cette partie de son run n’est pas forcément la plus prenante mais le job est fait et surtout en arrière-plan, il prépare le retour des Rogues (défaits une première fois dans les épisodes précédents) up-gradés par l’offre de Luthor mais négociée par Snart aka Captain Cold.
Cette partie met aussi en valeur un personnage malheureusement parti, Commander Cold, venant du 25ème siècle, etc… Il aidera beaucoup Barry en tant que Back-up et partenaire. Il ne survivra pas à l’attaque des Lascars et à la machination de Snart.
Le duo Iris (elle aussi bien mis en avant mais un peu chiante quand même) - Commander Cold fonctionnera bien au soutien de Barry et de ses amis bolides.
Rafa Sandoval devient l’artiste premier de cette seconde partie avec ses défauts mais aussi une élégance plus classique.
Le Year one (épisodes 70 à 75) permet à JW de souffler et surtout de se faire plaisir. je l’avais pris en single à l’époque et la relecture n’en a été que meilleure.
JW retravaille l’affrontement « Tortue/Flash », annonce le « Paradox » (arc en cours) et remet un peu d’ordre entre les Wally et Wallace. L’arc est dessiné par Howard Porter qui est vraiment né pour raconter ce personnage. Il dessinera l’arc entier et d’autres encore.
Le graphisme de la série est très inégal en raison du défaut principal de la qualité, la bimensualité. La première partie est criante tant que Di Giandomenico propose un style caractéristique. A côté, les Neil Googe et cie font tâche et surtout casse la continuité graphique. Et malheureusement pour JW, il n’a pas le droit au casting demandé par Tom King entre Janin, Finch, Jones, Fornes, Weeks (mon amour) et compagnie.
Il se consolera avec les pièces dessinées par Kolins et Porter, qui deviendra plus présent. Mais la partie graphique du titre aura mis à mal la bonne tenue du run et ne l’aura pas aussi bien mis en valeur.
Et voilà que l’on arrive à l’épisode coup de coeur de cette année, Flash 750. Premièrement, c’est un beau nombre. Il est même sympa de voir que personne n’a remplacé Barry (oh artifice éditorial combien utilisé ces dernières années…) et que le run de JW perdure. Flash doit faire face à Paradox dont les premières apparitions datent des épilogues de Flash War et compagnie, vu dans Year one, etc…
En définitive, je le répète, JW n’est pas Morrison et n’a pas le pédigree pour emmener Flash dans l’impossible éditorial. Mais je dois reconnaître que son run a de quoi plaire sur le long terme. L’écriture est nerveuse, il se passe toujours des choses en arrière plan, etc… Peut-être un personnage mériterait d’être mis en valeur, c’est le père de Barry très vite oublié finalement ou mis de côté.
Les méchants reviennent toujours plus forts, la Speed force est menacée, la Prison d’ Iron Heights sera toujours reconstruite toute les 25 épisodes… Ce n’est pas le run du siècle mais le lire est un plaisir.
Que JW reste le plus longtemps possible, avec un trio de dessinateurs pour assurer la partie graphique.
Et juste une chose Joshua, n’hésitez pas à prendre le temps de produire un petit one-shot par-ci, par-là car à force, vous n’aurez plus de gomme en dessous de vos baskets!