Le pitch :
Une fillette est enlevée par un monstre apparue à Séoul. Sa famille de bras cassés se lance à sa recherche.
Mon avis :
The Host est un « Kaiju Eiga », c’est-à-dire un film de monstre, mais il n’est pas que cela. Comme pour son précédent film où il détournait les clichés du film policier (Memories of Murder), Bong Joon-Ho prend le contre-pied du film de monstre, tout du moins dans leur version moderne. Ici, on n’assiste pas à un jeu de destruction de la ville par le monstre avec des personnages héroïques qui se soulèvent contre lui.
Le film de monstre est ici abordé de plusieurs fronts : la comédie, le drame, l’action mais aussi, comme pour les premiers Godzilla (non je ne parle pas du film foireux de Roland Emmerich mais des premières versions japonaises), du point de vue politique et social.
Bong Joon-Ho place son histoire dans le monde actuel et la Corée d’aujourd’hui. Le monstre est ainsi la résultante d’erreurs d’un labo américain, mêmes américains qui profitent du manque de réactions des autorités coréennes (qui dans la réalité sont très asservies au régime américain) pour faire courir des rumeurs de contamination et ainsi envahir le pays (tiens ça vous rappellerait pas une certaine situation en Irak tout ça ?). A côté, il parle du manque d’écoute du gouvernement (le pauvre père de famille peut hurler que sa fille est vivante personne ne le croit), de la faible utilité des associations écologiques (pour éviter l’usage de produits chimiques, ces derniers se contentent d’organiser une joyeuse manifestation et ne proposent rien de concret).
Mais ce qui fait le véritable point fort de ce film c’est ce mélange permanent entre humour et tristesse, ce passage d’une scène à l’autre, sans heurt, de la comédie à la tragédie.
Ainsi, il commence par un passage de tension incroyable où le père et la fille essaient d’échapper au monstre (qu’il montre quasiment dès le départ du film nous évitant le pseudo suspens classique sur l’aspect de la créature) et pouf ce simplet de père se casse la gueule. Puis il se relève et une fois à l’abri il se rend compte que la main qu’il tient n’est plus celle de sa fille, il s’est tout simplement planté lors de sa chute !
Le film se veut drôle et tendre dans ce portrait d’une famille (chacun d’entre eux est affublé d’un défaut : le « héros » est un simplet capable de dormir n’importe où, son frère est un petit con prétentieux et la sœur semble d’une lenteur affligeante) qui passe son temps à se crêper le chignon (les répliques entre ces derniers sont à hurler de rire), mais qui se trouve unie pour sauver la seule chose de valable de leur vie. A cette fin, rien ne devient impossible pour ces derniers, tous prêts à sacrifier leur propre vie pour sauver celle de leurs proches.
On est touché par ce film qui en plus ce permet, dans un final où chacun des protagonistes fera preuve d’un héroïsme adapté à sa personnalité, de nous éviter le triomphalisme habituel dans ce genre de film.
Touchant, drôle, ce film est une véritable réussite seulement entachée de petites longueurs et d’effets spéciaux un peu léger (mais vu le budget limité et du fait que le film ne se repose pas sur la créature et ses destructions c’est vraiment pour chipoter et lui trouver des points négatifs) ainsi que d’une VF pas top (et oui j’ai pas eu le droit à une VOST au ciné, les boules !).
Encore une fois le cinéma coréen nous sort un film qui sort des sentiers battus mélangeant avec talent différents genres.