THE IMMORTAL HULK #1-50 (Al Ewing / Joe Bennett)

C’est certain, mais ne voir en Bolsonaro, son discours ou l’admiration que certains lui portent que l’antisémitisme, c’est réducteur. Comme d’autres sujets, pointer du doigt un dirigeant politique ou l’un de ses admirateurs à cause de l’antisémitisme, ça coupe toute analyse. Bolsonaro est antisémite, ouais, mais il est aussi misogyne, homophobe, raciste au sens large, il incarne le libéralisme économique le plus décomplexé (aucune protection sociale, destruction de l’environnement, privatisation de tout et n’importe quoi). Mettre l’antisémitisme au sommet de cette hiérarchie de l’horreur, c’est se dispenser de réfléchir au reste, même d’en parler. Dire de lui et de ses fans qu’ils sont antisémites, c’est fermer la discussion sur le reste. Dans le cas de Bennett, par exemple, qui a twitté des messages homophobes à l’égard d’un journaliste homosexuel américain, Glenn Greenwald, on voit bien que le pointage du doigt de son antisémitisme (qui, dans le propos d’Ewing, se résume à « il a dessiné des nez crochus et on sait ce que ça veut dire » : de quel droit on s’exonère de penser un peu plus qu’au-delà de « caricatures typiques » ?) fait oublier le reste.
Alors « oublier » n’est jamais définitif à l’heure d’internet où les propos, blagues, dessins et autres traces peuvent être exhumés des années plus tard. Tant mieux, tant pis, je ne sais pas, ça dépend des cas et du contexte.
Il n’empêche qu’il y a des épouvantails qu’on brandit pour aller vite, sans creuser la question. Ce qui peut mener soit à des condamnations rapides soit à des survols incomplets.

Jim

En somme, tu ne dis pas que bennett est condamné trop vite mais qu il ne l est pas assez et sur trop peu de point.

Clin d’œil

Je pose simplement la question : quand Greenwald a été giflé par un militant brésilien d’extrême-droite (l’affaire remonte à un an), que Bennett a twitté qu’il aurait plutôt mérité un coup de poing, il y a eu un tollé dans le microcosme des lecteurs, et Bennett s’est rétracté.
Ça remonte à un an. Le dessin représentant Bolsonaro, à quatre ans.
Que Ewing ait attendu si longtemps pour prendre ses distances ou qu’il ait été poussé par Marvel, l’éditeur cherchant à jouer la montre, c’est une chose. Mais quitte à revenir sur quelque chose, pourquoi saisir le prétexte de l’antisémitisme ? Pourquoi pas celui de l’homophobie ? Ou les deux ? Le choix est celui d’Ewing.
Je pense qu’on a tous nos épouvantails personnels. Mais qu’ils cachent la forêt. Une forêt d’épouvantails.
Après, il y a des épouvantails qui ont, actuellement, une portée universelle que d’autres n’ont pas. L’antisémitisme ou la pédophilie, en ce moment. Ce sont des arguments massues, des sortes de point Godwin. Une fois qu’on a dit ça, on a tout dit. Or, selon moi, non, on n’a pas tout dit. Il reste à dire… « bien des choses en somme ».

Jim

Je decouvre ce charmant personnage.

Comment a t il pu éviter les foudres si.longtemps ?

Par contre le parcours de bennett semble demontrer que l acte antisémite n a pas la force que tu lui attribues, il etait passé a travers les gouttes la première fois.

Et aussi, comment a-t-il pu être assez con pour montrer tous ces penchants sans se dire que ça allait lui rebondir dans le museau ?

Jim

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Trop directement concerné peut-être ? Al Ewing a fait son coming out (il est bi) il n’y a pas si longtemps.

Ewing ayant fait son coming-out assez récemment, peut-être qu’il ne se sent pas (encore) à l’aise ou légitime comme porte-parole de la communauté LGBT.

La poule, l oeuf…

Hahahahaha.

Jim

En même temps, de l’antisémitisme au point Godwin, il n’y a qu’un pas.

Tori.

Et Marvel en profite pour rompre ses fiançailles avec Joe Bennett. L’artiste ne sera plus sollicité par l’éditeur dans ses publications à venir.

On le paiera tous tres chers de faire des entreprises privées le garant des bonnes manières.

DERNIER NUMERO !

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IMMORTAL HULK #50

  • AL EWING (W) • JOE BENNETT (A) • Cover by ALEX ROSS
  • THE GIANT-SIZED FINALE!
  • Down in the Below-Place, the Hulk searches among the ghosts of the past for the answers to all his questions.
  • The One Below All, the Green Door, Samuel Sterns, Jackie McGee and Bruce Banner. It’s all been leading here.
  • This is the last issue of THE IMMORTAL HULK.
  • 96 PGS./Rated T+ …$9.99

On pourra dire que ça aura été un petit bijou de bout en bout, scénaristiquement comme graphiquement ; un titre qui aura su hisser Ewing à une place de choix chez Marvel et faire comprendre à l’industrie que Bennett est un artiste sur lequel on peut compter (en tout cas, avant qu’il ne merde sur les réseaux sociaux).

J’ai pas encore lu le #49 mais j’attends cette conclusion de pied ferme.

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Il a merdé comment ?

Ah ouais…
Bien fait pour sa pomme.

Excellent final.

Oui, c’est terminé.
Oui, c’est un bon final. Oui, c’est aussi un beau final.
Oui, la conclusion fait sens. Oui, il y a plein de moments formidables ; et oui, quelques moments un peu moins réussis.

Il y a des réponses. Il y a des chocs. Il y a une révélation pour fans, à savoir que, il y a des décennies, deux frères Sterns, un scientifique abandonné par sa femme mais animé par la flamme de la découverte scientifique sur la future énergie Gamma, un pasteur strict et froid, se déchirent car le premier a couché avec la femme du second. Le pasteur tue le scientifique, puis rejette sa femme enceinte ; et la force à donner son nom de jeune fille au bébé… le nom Banner.
Il y a une « explication » à l’existence de Hulk, car le Hulk enfantin exige un moment de savoir « pourquoi » il vit, pourquoi il subit tout ça ; et celui qui semble être Dieu lui dit que Hulk, les Hulks, sont son châtiment, sa force, sa brutalité. Il y a aussi une avancée car, après tout ce qu’il s’est passé, ce qu’ils se sont faits, le Hulk enfantin pardonne au Leader, que lui et Joe Fixit battent assez facilement, je dois l’admettre.
Et, à la fin, Bruce Banner s’en va du Baxter Building, seul et plus équilibré, après avoir été ramené par Joe Fixit, Hulk enfantin et McGee.

C’est bien, oui.
Mais…

Mais, évidemment, un tel run a créé une attente difficilement atteignable. Mais, surtout, je trouve que ce #50 révèle surtout ce qui est pour moi une évidence.
En fait, Al Ewing n’a jamais réellement écrit Bruce Banner.
Il s’est concentré sur Hulk, sur les Hulks - et c’est très bien, hein. Ca a créé un run passionnant, qu’il faudra relire encore. Mais ce #50 le confirme définitivement, car Bruce est ramené et remis en contrôle en hors-champ, ce qui prouve le peu d’intérêt pour lui par l’auteur.

J’adore le traitement des Hulks par Ewing, j’aime bien le « nouveau Leader ». Le travail sur Joe Fixit est formidable, le perso’ ressort grandi et puissant et touchant, mais…
Mais, là aussi, je regrette le traitement, plutôt le destin du Devil Hulk, l’Immortal Hulk. Je trouve que sa disparition il y a plusieurs épisodes est finalement une déception. Je pensais, j’espérais ici son retour, pour boucler l’ensemble et redonner de l’élan, un contrôle, une puissance. Son absence rend l’ensemble non pas tiède mais moins prenant, car Joe Fixit est sympa’ mais reste un type « limité », comme le Hulk enfantin. C’est beau et bien que deux types paumés soient finalement les survivants, les vainqueurs, mais au fond ça ne m’a pas embarqué.

Bon, cela reste des défauts, mais subjectifs, et au fond mineurs, pour un run épatant, éminemment mystique, psychologique et mystique oui, avec une approche intense, ambitieuse, assumée jusqu’au bout, et forte.

Un mot, aussi, pour dire que Joe Bennett, un homme a priori embarqué dans une sale affaire médiatique du fait de postures publiques et politiques que je ne peux valider, demeure un dessinateur terrible et puissant, qui a su créer une ambiance, une patte Immortal Hulk. Il est encore formidable ici, dans l’horreur et l’atmosphère bluffantes.

Quel run. Quel final, aussi, un rien moins formidable que je ne l’espérais et, je dois bien le dire, des dernières pages quand même un peu tièdes, elles, après tant de puissance.
C’était super. C’était génial.
Vivement la relecture. Et merci pour tout.