Quelle claque.
Le film est découpé en deux parties, la première suivant la mère et le fils aîné, la seconde reprenant avec le père et les deux cadets, afin que les deux fils se nouent au bout d’un certain temps.
Et de quelle manière : le chassé-croisé dans l’hôpital est absolument brillant, avec une caméra virtuose et en même temps si discrète.
L’intrigue repose sur des petits riens, des non-dits, des coups d’œil, des compréhensions muettes comme on peut en trouver dans une famille. La mise en avant de la pudeur gênée de Lucas est sublime. Une famille en l’occurrence assez banale, avec ses attentes, ses petits projets, ses inquiétudes infondées, sans aucun gros problème (genre un divorce, un second mariage, un fils droguée, une fille teinte en rose…), dont le portrait est d’autant plus touchant qu’il s’agit de gens anonymes.
Les images du tsunami lui-même sont étonnantes d’originalité, avec une manière de restituer le choc, l’impact, la destruction, assez inédite dans ce genre de productions.
Car on est dans le film catastrophe, un genre extrêmement balisé, que Bayona parvient à sublimer en tournant autour des codes. Mais, contrairement à bien des films du genre, celui-ci s’intéresse aux conséquences, à l’après (les blessures, la solitude, le manque, le chagrin…). La description du déferlement d’eau semble comme incomplète, et pour cause, le scénario réserve une « suite », qui constitue un retour dans l’horreur, avec son lot de bruits, de violence et d’étouffement.
L’ensemble du film est intelligent, les images sont super bien pensées, c’est d’une grand habileté et d’une sensibilité à toute épreuve. Le scénario réserve des surprises (et crée du suspense), qui sont liées à cette idée terrible que, quand on perd tout, on perd aussi son identité. La gestion du son est impressionnante, avec des interruption de musique ou de bruit qui, à chaque fois, sont bien pertinentes.
Alors bien sûr, le film ne fait pas l’économie de sa dimension mélo, mais ma foi, ça fait partie, me semble-t-il, du contrat initial : histoire vraie, évocation réaliste, drame humain. Et quitte à faire pleurer, Bayona y va carrément. Mais ce n’est jamais de mauvais goût ni outré.
J’avais beaucoup aimé L’Orphelinat, qu’il faudrait que je revoie à l’occasion. Ça me donne envie de voir sa prochaine production, et ça m’inspire une plus grande confiance pour le prochain Jurassic World : je le sens bien capable de nous faire battre le palpitant sans nous faire souffrir avec des idées ineptes.
Jim