THE LADYKILLERS (Joel et Ethan Coen)

Le docteur Goldthwait Higginson Dorr III réunit un gang « d’experts » pour accomplir le casse du siècle. Ses associés ? Un spécialiste en explosifs, un perceur de tunnel, un gros bras et un complice infiltré qui risque d’être découvert…

Le QG de l’opération ? La cave d’une vieille dame, Mrs. Munson, qui fréquente assidûment l’église et ne se doute de rien. Les cinq hommes se font passer pour des musiciens qui ont besoin d’un endroit où répéter.
Le premier problème ? Dorr et ses associés sont des amateurs.
Le vrai problème ? Ils ont sérieusement sous-estimé leur hôtesse. Lorsque Mrs. Munson découvre leurs projets et menace de les dénoncer aux autorités, les cinq malfrats décident de l’associer à l’affaire. Après tout, se débarrasser d’elle ne devrait pas être un problème…

La première réaction que j’ai eu quand je me suis dis que je devais quand même pondre quelque chose pour le film fut celle-là :

Faut dire que là, ils y sont allés fort les frangins et ont du poussés la ferveur des fans dans ses limites. C’est à se demander si face à l’automatisme critique à chacun de leur film (très « rigolote » quand on la compare au silence radio, du moins en France, lors de leurs premiers longs), les Coen n’avait pas pondu le truc le plus grotesque et incohérent qui soit pour voir si la réaction serait la même.

C’est tentant de croire cela mais la réalité est que Ladykillers est un mauvais films conçu par des réalisateurs qui n’ont plus la niaque depuis quelques années (à croire que The Barber est une auto-analyse).

Le premier souci est que Ladykillers est le remake d’un chef d’œuvre. Le film de Alexander Mackendrick qui voit un gang (Alex Guinness, Cecil Parker, Danny Green, Herbert Lom et Peter Sellers¹) commettre un casse splendide pour se retrouver ensuite mis en déroute par une vieille dame (Katie Johnson) date de 1955 et n’a pas pris une ride.

Joel et moi avions adoré le film original. C’est une histoire redoutablement efficace qui offre un potentiel comique puissant. Nous l’avons épurée jusqu’à n’en garder que la structure principale, les rouages, et nous avons repensé tout le reste. Les spécificités des personnages et le cadre de l’action sont complètement différents de l’original

On pourra mettre en doute la pertinence d’un tel jugement tant, justement, le film original n’a pas une once de gras et que changer ou apporter des éléments est un exercice périlleux…qui ne porte aucunement ses fruits ici.

Si le choix de déplacé l’intrigue dans un autre lieu (le Mississippi) et de changer l’origine de la vieille dame permet au film de s’inscrire dans la lignée de O’Brothers et d’être le deuxième volet d’une « trilogie des idiots », le choix n’en reste pas moins très discutable compte tenu du résultat. Là où Mme Wilberforce était une petite vieille sans une once de méchanceté (persuadé à la fin du film de l’honnêteté de son action de par les quiproquos de la situation et l’incapacité de la police), Mme Munson apparaît plus retord et gênante et semble chercher des justifications morales à ce qui reste un délit.

Du reste en cherchant à s’éloigner du film original (en accentuant par exemple l’aspect « film de casse »), Ladykillers se prend les pieds dans la tapis. Le récit est ennuyant, se perd pour enfin revenir à la mécanique huilée de l’original avec les tentatives d’assassinats et la montée paranoïaque de l’équipe.

L’autre problème gênant se situe dans un cadre temporel difficilement identifiable (le vieux sud des années 40 côtoie l’époque moderne de sortie du film) et plombant toute cohérence. Surtout il contraint auteur et spectateurs à des gymnastiques bizarres dont la mécanique humoristique est la principale victime. Face à un Hanks (qui a oublié qu’il était un bon acteur comique) tentant d’amadouer par la bonne parole une vieille femme innocente, se trouve les actions vulgaire d’un Marlon Wayans dont je reste encore étonné qu’il ne soit pas encore reconnu comme ennemi de l’humanité.

Ladykillers ne sait pas trop ce qu’il veut raconter et surtout ne sait pas comment le faire. Le film est visuellement assez moche ou semble pomper certaines idées aux films de Wes Anderson (sans jamais, justement, trouver cette cohérence parfaite). C’est surtout un film pas drôle, ennuyant et très gênant dans sa manière d’usé de clichés raciaux. Une véritable faute de gouts dans la filmographie des Coen et, pour le dire clairement, une sacré merde.

¹ Première rencontre des deux acteurs qui s’affronteront neuf ans plus tard dans les mémorables films de la Panthère Rose

Tiens, je ne visualise pas l’image d’intro…

Autrement, je suis assez d’accord sur l’aspect ennuyeux : quand je l’ai vu, je n’ai pas détesté, mais j’en suis sorti en me disant que je m’étais tourné les pouces.

Jim

j’ai changé d’image (la précédente avait en effet une adresse un peu zarb)

Je l’ai vu au ciné aussi, et je n’avais pas de mauvais avis. Cela dit, je ne l’ai jamais revu.