J’avais mangé les infos concernant ce film, l’ayant confondu avec un film homonyme sorti en 2011 si je ne m’abuse. Un film omnibus (3 segments signés par 3 cinéastes différents, racontant la même histoire mais sur 3 registres différents : comédie noir, post-apo, film d’horreur) au budget riquiqui mais très sympa au final, d’ailleurs.
Et pourtant le Doc a bien précisé la date sur le titre du thread. Bref.
Pour ce « The Signal » là, y’avait du potentiel, mais je dois bien avouer avoir été déçu par ce film à la réputation pourtant flatteuse.
Un des intérêts du film, c’est de surprendre constamment, par des bifurcations narratives parfois gonflées mais souvent très opérantes. Ainsi, après un premier quart d’heure de mise en place très réussi (classique mais solide, s’appuyant sur des interprètes convaincants) en forme de road-movie, on bascule dans une ambiance de film d’horreur (found-footage inclus !!), pour atterrir dans un complexe souterrain secret (très « The Invisibles » dans l’esprit) et un mood « thriller complotiste » qui s’achève avec un rebondissement très Neill Blomkamp-like ; on revient à la surface pour un road-movie plus post-apo dans l’esprit, et après une séquence manga / super-héros, le film s’achève dans la Sf la plus « pura de pura », avec une pointe Philip K . Dick (explicitement cité dans le film).
Ouf !! Sacré Ride.
Le problème, c’est qu’il est loin de tenir ses promesses, le ride en question. Scénaristiquement, la dynamique est intéressante mais ce script biscornu ne semble précisément avoir d’autre but que d’enclencher ces changements de braquet : en lui-même, il reste très superficiel, ne creuse rien, et laisse énormément de choses (beaucoup trop) en suspens. Sans compter quelques incohérences de taille (le trio initial se reforme mais j’ai pas trop compris comment, c’est assez incohérent…).
Passons sur quelques rebondissements aux frontières du comique involontaire (le palindrome…), et attardons-nous sur le dernier, de taille :
en soi il n’est pas inintéressant et justifie la citation dickienne ; le problème c’est que c’est très exactement le final de « Dark City » d’Alex Proyas. Que William Eubank reconnaisse cette influence ne change rien au problème :
c’est exactement la même fin, bordel !!
D’autres influences, mieux digérées, émaillent le métrage, comme celle de l’anime japonaise (le côté « Akira » de l’intrigue, les saillies super-héroïques, plus convaincantes que dans le très sympa « Chronicle », à mon avis). Mais Eubank, s’il sait indéniablement emballer un long-métrage (ancien chef-op’, il envoie de l’image qui claque sans trop forcer) déçoit un peu en se laissant aller à trop de fioritures. L’emploi du ralenti sur le final, pourquoi pas, mais le poison est dans la dose, comme on dit : trop c’est trop.
Du gros potentiel mal exploité : en cherchant à claquer le beignet du spectateur par le côté « rollercoaster » de l’intrigue, Eubank a oublié l’essentiel, c’est-à-dire de bien cimenter son script, très imparfait, et finalement entièrement au service de ses lubies.
Dommage, l’interprétation est intéressante (même Larry Fishburne, qui se contente de se promener avec un air semi-hagard, est finalement raccord avec la nature de son rôle), de même quelques éléments de mise en scène et de scénario, et le fait que le film s’affiche comme une modeste série B au budget très restreint au regard des canons actuels (à peu près 10 millions de dollars de budg’) avait tout pour me le rendre sympathique… mais à trop rechercher l’épate tant au niveau écriture que mise en scène, Eubank (indéniablement doué pourtant) s’est un peu perdu en route.