REALISATEUR
Sam Newfield
SCENARISTES
Fred Myton & Clarence Marks
DISTRIBUTION
Billy Curtis, Yvonne Moray, ‹ Little Billy › Rhodes…
INFOS
Long métrage américain
Genre : western/musical
Année de production : 1938
Déjà évoqué dans ces colonnes à l’occasion de Lost Continent, le très (trop ?) prolifique Sam Newfield était le genre de réalisateur qui courrait le cachet comme un forcené, pouvant mettre en boîte jusqu’à 9 à 10 pelloches par an. Peu de ses films sont pourtant restés dans les mémoires, mais de cette production pléthorique se dégage parfois quelques bizarreries…comme ce Terror of Tiny Town.
Un jour, Jed Buell, obscur producteur d’une obscure boîte indépendante appelée Spectrum Pictures (qui fournit une petite vingtaine de titres entre 1936 et 1946), entendit un de ses employés se lamenter sur l’état du business en lançant un « si les choses ne s’arrangent pas, on va devoir se mettre à tourner des films avec des nains ». Flairant la bonne affaire (et là, on peut se demander comment son studio a pu tenir 10 ans), Buell décide de donner le feu vert à ce projet : un western entièrement joué par des personnes de petite taille. Sauf qu’en 1938, on ne s’embarrassait pas trop du politiquement correct et le générique débute par un « Jeb Buell’s Midgets in… » (Les Nains de Jeb Buell dans…) qui sonne d’une façon peu reluisante comme un « freak show ».
Le scénario de The Terror of Tiny Town parcourt les chemins balisés du genre et se contente d’énumérer les clichés en vigueur dans les westerns d’opérette de l’époque : le héros sans peur toujours habillé en blanc, le vilain manipulateur toujours habillé en sombre et qui monte l’un contre l’autre deux propriétaires de ranch afin de récupérer leurs terrains et leurs bétails, des chevauchées, des scènes de saloons, une attaque de diligence et une foule en colère. Seulement voilà, l’intrigue est tellement pauvre que les scénaristes se sont sentis obligés de meubler avec des passages humoristiques (mais pas drôles) impliquant un cuisinier et un canard, ainsi que de nombreux intermèdes musicaux qui confinent, eux, au comique involontaire (mais pourquoi y-a-t-il donc un quatuor à voix chez le barbier ?..mais bon, c’est pas le pire…le film atteint les cimes de l’absurde lorsqu’apparaît à l’écran…un manchot ! Dans l’échoppe du barbier ! Au far-west ! Et non, on ne sait toujours pas comment il est arrivé là).
Production fauchée, The Terror of Tiny Town utilise les décors grands formats d’un autre western, ce qui nous vaut plusieurs plans assez gênants des acteurs essayant de déambuler sans trébucher dans un environnement beaucoup trop grand pour eux (ce qui nous vaut aussi le gag à répétition des cow-boys passant en dessous des portes coulissantes du saloon).
La petite taille des comédiens limitant l’utilisation de cascadeurs, ce sont les protagonistes eux-mêmes qui assurent leurs cascades, ce qui se traduit à l’écran par des cavalcades sur poney shetland pas très bien maîtrisées et des bagarres extrêmements maladroites. Aussi maladroites que le jeu très approximatif, la réalisation peu maîtrisée et les chansons plus agaçantes qu’autre chose…
Le héros est interprété par Billy Taylor, ici dans son premier rôle à l’écran. Il sera notamment par la suite un Munchkin dans Le Magicien d’Oz, un Mole-Man dans Superman et les Nains de l’enfer, Superpup dans le pilote d’une série jeunesse qui n’a finalement (heureusement) pas vu le jour et Mordecai dans L’Homme des Hautes Plaines de Clint Eastwood.