Bon, j’ai vu le bestiau. Même s’il y a des éléments intéressants là-dedans, ça reste quand même une déception, d’autant plus frustrante que le film fait illusion pendant les deux premiers actes…
A l’origine, il y a un authentique fait-divers, datant de 1946, impliquant un serial-killer sévissant à Texarkana, une ville à cheval entre les deux états dont son nom est la contraction (donc deux shérifs, deux maires, etc…). Un tueur jamais identifié.
En 1976, un film s’inspire des faits en question, c’est le slasher « The Town that dreaded sundown » premier du nom, signé par un réalisateur haut en couleurs, Charles B. Pierce. Je pensais que le film était une référence pour les seuls spécialistes de genre (qui sont effectivement les seuls à l’avoir vu…), mais il semblerait que le film, un peu « expérimental », soit un peu plus que ça. Et n’oublions qu’il vient avant « Halloween » ou « Vendredi 13 »…
En 2013, voilà que cette suite / remake du film originel est mise en chantier avec des noms intéressants au générique. Avec cette espèce de mille-feuilles de couches de « narrations » (fictive ou factuelle), il y avait de quoi se pencher sur le côté méta que le genre se trimballe désormais quasi obligatoirement pour tenter de rester intéressant. Assez client du procédé, je demandais à voir.
Et dans un premier temps, le film est convaincant, essentiellement du fait de la mise en scène, impressionnante de virtuosité (le premier plan du film est tout simplement époustouflant…) et d’ingéniosité (puisque le réal’ parvient à trouver des trucs de mise en scène pour suggérer les « emboîtements » de niveau de réalité, notamment des jeux de reflets et de surcadrages bien pensés). Complètement bluffant dans un premier temps, le cinéaste en vient hélas à en faire un peu trop par moments, avec quelques mouvements d’appareil ostentatoires pas forcément appelés par le récit, et surtout des effets de montage très « cut » (avec des gros « fwooooosh » sonores amplifiés par le mixage, vous voyez le genre, j’ai horreur de ça) et assez ringards. L’impression positive domine néanmoins, avec d’autres plans-séquences de dingos par la suite, ou de chouettes idées tout simplement bien exécutées (la course-poursuite dans le champ de blé)…
Et puis dans son dernier acte, le film s’écroule complètement, le script échouant à capitaliser sur le côté méta pourtant mis en avant dès l’ouverture (brillante) du film, et se rabattant sur un déroulement de slasher assez bateau (avec ce vieux truc bien réac que le tueur est probablement de la famille du tueur précédent…cet argument couillon n’est jamais battu en brèche par le film, à aucun moment), et pour la révélation finale, une tambouille un peu opportuniste sur les classiques du genre :
le tueur est en fait deux personnes, classique depuis Mario Bava, et en plus l’un des deux est censé être mort au début du métrage mais c’est une feinte. On s’est pas foulés la rate, les mecs !!
La mise en scène elle-même, décidément au diapason du script, semble perdre de sa puissance et se fait plus banale, moins flamboyante, dans ce troisième acte aux allures de bérézina (le final étant plombé par une voix off d’une platitude monumentale, cerise sur le gâteau).
Quel dommage, au final. Déception à la hauteur du potentiel, énorme, entrevu.