Marjane Satrapi (Persepolis,** Poulet aux prunes**)
SCENARISTE
Michael R. Perry
DISTRIBUTION
Ryan Reynolds, Anna Kendrick, Gemma Arterton, Jackie Weaver…
INFOS
Long métrage américain/allemand
Genre : comédie/ thriller/fantastique
Année de production : 2013
SYNOPSIS
Jerry Hickfang, un employé dans une usine de baignoires, est un homme aimable, mais bizarre, qui tombe amoureux de la comptable de la société. Quand les choses prennent une très mauvaise tournure, Jerry écoute les conseils de ses animaux de compagnie, un chat méchant et un chien bienveillant qui ont tous les deux la faculté de parler…[/quote]
Malgré les bons échos glanés à droite à gauche (qui ne sont pas unanimes, toutefois), je suis finalement un peu resté sur ma faim avec ce film pourtant pas dépourvu de qualités.
Ce qui m’a gêné, c’est finalement ce qui semble avoir conquis les critiques (je n’ose dire le public car il semble que le film ne l’ait pas trouvé…), à savoir le mélange des genres. Je ne suis évidemment pas contre par principe, mais ici la formule privilégiée n’est pas celle d’un Sam Raimi période « Evil Dead » par exemple, qui conçoit la comédie horrifique comme une fusion totale des deux genres, au niveau « moléculaire » pourrait-on dire (ce qui se traduit par le fait que les éléments horrifiques amplifient le rire et vice-versa).
Ici c’est très différent : Satrapi tente de ménager la chèvre et le choux. Il y a en quelque sorte une cloison étanche entre les ambiances. Et pourquoi pas ? Kevin Smith y était bien parvenu à mon sens dans « Red State » et « Tusk ». Le problème c’est que cette réussite s’appuyait sur une logique de « potards à 11 », accentuant autant le côté comique que le côté glauque et / ou violent.
Satrapi choisit l’option inverse, redoutant qu’un excès comique dénature son discours sur le perso (qui n’est pas qu’un guignol mais une authentique figure tragique ; mention très bien à Ryan Reynolds d’ailleurs), et dans le même temps en mettant la pédale douce sur la nature de ses actes, car le risque consiste en un rejet radical du perso par le public.
Résulat : une méchante impression de cul entre les deux chaises, qui rend le film assez désagréable pour tout dire.
Dommage car ses qualités plastiques sont réelles, avec une roborative utilisation de couleurs vives et hallucinées, et il y a même quelques audaces payantes dans l’écriture (des ellipses brutales et donc risquées, mais cohérentes). La cinéaste trouve même une très simple mais vraie idée de cinéma, avec cette transition « régime d’images objectives / subjectives », dont la révélation progressive constitue la force du premier acte.
Hélas, le film ne tient pas sur toute la longueur, avec un climax bizarrement expédié, ce côté bâclé venant gâcher l’idée un brin loufoque de la cinéaste pour son final, un peu faiblard a posteriori (même s’il surprend sur le coup).
Bilan : des qualités indéniables, un brin gâchées par un côté timoré et prudent dans l’approche qui finit par se retourner contre le film.
Dommage, car Satrapi (dont c’est le seul film que j’ai vu…) semble être une cinéaste intéressante et solide. Elle le prouve malgré tout ici, tout comme ses qualités de direction d’acteurs. Pas si mal au final.