C’est mon deuxième titre d’Alan Moore après Killing Joke que je vais lire, je plonge dans l’inconnu le plus total
Si Urban pouvait faire chaque intégrale avec du papier fin glacé comme ça ce serait super-cool, il est plus fin et le livre tient plus le coup dans le temps par rapport au gros papier épais utilisé dans certaines collections comme les archives etc.
Je pense que tu vas aimer.
En tout cas, tu vas te retrouver face à une série à la fois originale et à la tonalité très variée.
Le petit truc, c’est que l’ensemble de la série est un hommage à la fiction populaire (Tom Strong lui-même est un « résumé » de l’évolution des super-héros, pour faire court et un peu trop rapide), mais aussi à la forme que celle-ci a prise : au fil de ta lecture, tu tomberas sur des chapitres (souvent des histoires courtes) qui sont autant d’hommages à certaines périodes de l’histoire de la BD américaine. Ça peut désarçonner. Et ça fait aussi qu’on savoure encore plus Tom Strong quand on sait à quoi Moore fait référence.
Mais de toute façon, tu vas avoir droit à l’une des meilleures séries qui soit, encore aujourd’hui.
Hâte de lire ton avis.
Sur ce dernier point, je suis en désaccord : pour ma part, je préfère le papier mat, je trouve qu’il rend les couleurs agréables même quand elles sont intenses. Ça ne brille pas.
Après, le souci des grosses intégrales épaisses, c’est la résistance du dos. J’en ai quelques-unes (l’Anthologie DC, je crois, l’un des tomes des Archives de la Suicide Squad…) qui fatiguent un peu vite. Bon, c’est sans doute aussi parce que je les ai souvent consultées.
Je n’ai pas ouvert le volume… Est-ce qu’Urban aide les lecteurs, sur ce point ?
Mon premier titre de Moore, ce devait être Halo Jones…
Moi aussi je préfère, et de loin, le papier mat.
Le papier brillant m’agresse les yeux, rend la lecture difficile selon l’endroit où l’on lit (ben oui, le papier brillant, ça brille) et, en plus, on laisse plus facilement des traces de doigts sur le papier brillant (ou, en tout cas, on les voit plus, ces traces).
Franchement ça me semble difficile à dire, car si par commodité pour la discussion ici on parle juste de « mat » ou de « brillant », dans les faits il y a beaucoup plus de variables qui entrent en ligne de compte : le type de papier (offset ou couché), le grammage, bien sûr la négociation avec l’imprimeur qui va forcément tenir compte du tirage… et j’en oublie probablement. Sans parler de la qualité d’impression elle-même qui est indépendante du papier lui-même.
« Papier mat », ça peut aussi bien référer à du papier journal qu’à un tirage de luxe, ça ne dit pas tout…
On peut très bien soutenir l’inverse. Les intégrales Panini sur papier brillant, par exemple, ça me semble assez aberrant… sauf d’un point de vue strictement économique, j’imagine.
S’il y a différents papiers, c’est qu’il y a différents usages. Et en matière de comics, il faut aussi voir que si l’on sort autre chose que « l’actualité », on est tributaire d’une évolution historique de ces usages. Qu’on peut choisir de refléter ou pas.
Les coloristes d’origine ont travaillé avec certains papiers en tête. Si on change le papier, on change aussi la façon dont les couleurs sont rendues. Puisque tu évoquais The Killing Joke, voilà un cas bien connu où la colorisation initiale avait été prévue pour un papier qui allait « absorber » les couleurs et s’est retrouvée dix fois plus flashy que prévue… ce qui a conduit ensuite à une recolorisation plus « terne ».
Entièrement d’accord… Déjà que les couleurs d’origine ont été remplacées informatiquement (mais là, Panini utilise le matériau fourni par Marvel), avoir ce papier brillant rend le tout encore plus flashy…
La seule justification à une uniformité du papier, c’est une question économique : on utilise le même papier pour tout, comme ça on ne se pose pas trop de question, et ça fait un point de moins à travailler avec l’imprimeur.
Je pense, tout de même, qu’il y a des trucs qu’on ne peut imprimer que sur certains types de papier.
Je ne crois pas qu’ils uniformisent. Au contraire, je crois qu’ils sélectionnent le papier en fonction de ce qu’ils veulent mettre dessus (en gros, pour faire court et caricatural, le patrimoine sur papier mat et la nouveauté sur papier brillant).
Oui j’ai été un peu rapide là-dessus, je me suis posé la question de reformuler et puis j’ai renoncé en me disant que rien ne servait de noyer les choses sous trop de détails. Mais tu as raison.
Ce que je voulais dire c’est qu’à partir du moment où tu as du papier de suffisamment bonne qualité, tu peux choisir un peu librement de la résolution que tu utilises pour tes couleurs, par exemple.
Inversement, dans les années 70 (si je ne me trompe) les coloristes de comics utilisaient certaines techniques, par exemple des trames larges, parce qu’ils anticipaient sur ce le résultat dû à du papier mais aussi du matériel d’imprimerie de mauvaise qualité.
Surtout aux État-Unis, où la qualité était bien moindre qu’en France (les auteurs américains étaient épatés par ce qu’ils trouvaient en France, où le rendu était plus beau que chez eux !).
En fait, les trames, c’était un choix d’imprimeur (je crois que les grosses trames qu’on a connues il y a trente ans, c’est de la « trame 75 », en gros celle qui était utilisée pour les photos dans les quotidiens… quoique cette dernière était sans doute encore moins élevée parfois). Ça revenait moins cher, et effectivement la piètre qualité du papier faisait que l’encre pouvait être absorbée sans saccager le dessin.
Ce qui est intéressant dans la colorisation de cette époque (et jusque dans les années 1980), c’est que l’acte d’appliquer les couleurs était fait chez l’imprimeur, par des chromistes qui suivaient les « guides couleurs » fournis par les coloristes des éditeurs. Ces derniers faisaient ce qu’on a ensuite appelé la « séparation » : le coloriste établissait un modèle où les couleurs étaient séparées (et complétées par des indications de pourcentage pour le cyan, le magenta et le jaune), et les chromistes suivaient ce qui était indiqué.
Hier, je suis tombé sur un exemple intéressant, qui date de la mini-série X-Men vs Avengers de Stern et Silvestri, dans lequel l’auteur du scannblog montre les « color guides » fournis à l’imprimeur :
Accessoirement, ceux d’entre vous qui ont des comics datant du milieu des années 1990, quand la colorisation informatique commence à se démocratiser, remarqueront que, souvent, à la rubrique des couleurs, il y a deux types de personnes qui sont listés, le « colorist » et le « separation ». C’est une survivance de l’ancienne distribution des tâches, et qui, si je comprends bien, consiste à ce moment à faire travailler un coloriste traditionnel et un exécutant maîtrisant le logiciel, qui fournira à l’imprimeur du matériel exploitable.
Aujourd’hui, les deux étapes sont fondues dans une seule et même profession.
Après, quelle aide ?
Préciser qu’il fait partie d’une nouvelle sorte de héros, les « enfants du siècle », comme Jenny Spark ou Elijah Snow ? Ce serait déjà rentrer dans le la dimension « méta » du personnage. Placer des annotations ou des explications ? À quoi bon ? Renvoyer, dans un éventuel texte d’intro, à Doc Savage ou à Tarzan (par exemple, mais on pourrait aussi citer les EC Comics, qui sont disponibles en France en ce moment), en quoi cela pourrait-il aider des lecteurs qui les connaîtraient peu ou mal ?
Je me fais l’avocat du diable, mais je me dis que le premier épisode explique tout ce qu’il y a à savoir. Une intégrale Planetary devrait-elle fournir « une aide » au lecteur qui découvre ? Et de quelle sorte ? Il faudrait expliquer Hulk, Them, les films de fantômes chinois, la collection Vertigo…
Toujours dans l’optique de me faire l’avocat du diable, je me dis qu’une telle masse pourrait tout simplement capitaliser sur l’ambiance, sur le sentiment diffus de familiarité, et s’appuyer sur la clarté des personnages et l’intelligence (et la patience) du lecteur, les premiers étant capables de se présenter tout seuls et les seconds de les découvrir comme des grands.
Mais je me fais l’avocat du diable…
Car oui, un petit texte pour situer Alan Moore à ce moment de sa carrière, et mettre l’accent sur le côté souriant du personnage en contraste avec la noirceur d’un Watchmen, ça aurait pu être sympa.
Mais nécessaire ?
Ce que je veux dire, c’est que certains personnages/titres sont inconnus du lectorat francophone, mais pas forcément du lectorat anglophone et qu’il aurait été sympa d’en présenter certains.
Mais ce n’est que mon avis.
Urban l’avait bien fait pour Kingdom Come, ils auraient pu le faire ici également.
Sur le fond, je suis d’accord, je suis toujours partisan du « plus ».
Après, pour avoir remis le nez dans les épisodes que j’avais traduits en leur temps pour Semic, je t’assure que le premier épisode explique tout.