J’ai regardé les trois épisodes en VF, qui viennent de passer sur… euh… sais même plus… M6 ?
Alors bon, faut dire, je suis faible : j’aime bien Kiefer Sutherland (depuis ses débuts, depuis Young Guns, depuis Génération Perdue, depuis L’Expérience Interdite, et sa prestation dans Dark City m’avait définitivement convaincu que ce type a de la ressource, pour peu qu’il soit bien dirigé et qu’il ait un projet) (parce que bon, un film d’Alex Proyas, qui plus est écrit par David Goyer, c’est pas vraiment un gage de bonne direction d’acteur) (m’enfin bon, j’aime bien Kiefer Sutherland), je suis très friand de récits structurés autour de destins croisés, et j’aime bien les histoires avec des clés et des cryptages. Rajoutez Danny Glover et un chouette générique, et bon voilà, je décide de tenter le coup et de regarder les trois épisodes.
Alors je déteste pas.
Je craignais pendant un temps, à cause des informations distillées par cette satanée voix off toujours présente pour bien expliquer aux abrutis et aux distraits ce qu’on leur montre. Cette satanée voix off (qui permet de creuser un peu l’un des personnages, elle a au moins ce mérite, et de montrer qu’il y a des choses dissimulées derrière ce qu’on nous montre, « more than meets the eye », comme on dit…) nous débite un discours sur le destin et sur l’ordre du monde, parfois perturbé par un chaos réparable, autant de trucs qui me hérisse le poil au plus haut point, et qui pourrait servir d’écrin à un propos sirupeux sur le destin, la réalisation de soi, la prédestination et autres conneries.
Fort heureusement, tout ce qui était à craindre dans la voix off (qui encadre quand même chaque épisode, c’est pas anodin, mais bon…) est pas mal évacué au sein même de la narration. Chaque épisode nous fait le coup des tranches de vie, des destins quotidiens bouleversés par des rencontres. L’ensemble se construit dans des structures en domino ou en machine infernale (au sens Cocteau du terme, presque), où les vies des gens s’influencent les unes les autres, à l’échelle du monde bien souvent.
Je n’ai pas vu les crédits du premier épisode, occupé à mettre la table. Mais il ne m’a pas fallu attendre de regarder ceux du second pour savoir que j’étais en présence d’une création de Tim Kring. Outre les motifs visuels dans le générique, on a deux trucs qui faisaient le charme de la première saison de Heroes, à savoir les destins croisés et les localisation internationales. On retrouve ça dans les trois épisodes que je viens de voir, avec des actions qui se passent à l’autre bout du monde et sur lesquelles impactent les vies des personnages américains. C’est assez bien joué, y a du pathos mais ça ne dégouline pas, et les personnages ne sont ni gentils ni méchants, mais sont tous, pour l’heure, des gens meurtris par la vie.
Et puisqu’il est question de « fil rouge », la chose intéressante pour l’instant, c’est que la série déploie des fils rouges propre à chaque épisode (des gens reliés entre eux par une sorte de destin commun, comme dans le Cercle Rouge de Melville, un peu…), mais il y a aussi un fil rouge sur l’ensemble des épisodes, avec des personnages récurrents, dans le décor, des objets qui ont leur propre parcours… et bien entendu des sub-plots (qui est la personne derrière la porte 6 ?).
On est moins dans le registre des actions qui entraînent des responsabilités, que dans celui des conséquences des actes (souvent manqués) passés.
Cette dimension de tranche de vie, mettant sous les feux de la rampe des gens à des instants plus ou moins douloureux de leur vie, peut rappeler légèrement Persons of Interest, moins tout l’aspect « justicier » qui rend cette dernière série assez puante. Pour ma part, elle m’a rappelé une série que je suivais vaguement dans les années 1980, et dont le pitch était un peu voisin : deux représentants d’une loterie nationale faisaient le tour des States pour offrir aux lauréats les gros chèques qui le leur revenaient. Et à chaque fois, l’irruption des deux hommes (et des sommes rondelettes) venait perturber leur petite vie, en général pour le meilleur. Une série dont le titre m’échappe complètement, que je n’ai jamais retrouvé, mais qui avait ce côté « effet de loupe sur un petit microcosme humain ». Moins la dimension « de l’ordre dans le chaos », mais bon, la parenté me semble évidente à la vue de ces trois épisodes.
Bon sang, quel était le titre de cette série ?
Jim