TOUCH (Saisons 1-2)

Martin Bohm, père célibataire veuf, est hanté par son incapacité à communiquer avec son fils de 11 ans, très perturbé depuis la mort de sa mère. Mais tout change le jour où il découvre que celui-ci est un petit génie, qui voit ce que personne d’autre ne remarque et qui est capable de connecter entre eux deux événements qui semblent ne rien avoir en commun à la base…

[quote]CREATEUR

Tim Kring

DISTRIBUTION

Kiefer Sutherland, David Mazouz, Gugu Mbatha-Raw, Danny Glover, Maria Bello…

INFOS

Série américaine
Série en production - 2 saisons
Format : 12 x 42 mn[/quote]

Je viens de voir qu’un épisode 13 vient de sortir 4 mois après la fin de la saison et moins d’1 mois avant la diffusion de la prochaine, est ce que quelqu’un sait à quoi correspond cet épisode, quel en est l’intérêt?

La saison 1 faisait bien 13 épisodes mais la FOX a décidé d’en écarter un par manque de place dans leur grille de programme, d’après ce que j’ai pu lire dans quelques articles.
La chaîne a tout de même décidé de le diffuser en « bonus », un mois avant la diffusion de la saison 2.

Ok merci doc
Je trouve ça quand même bizarre, le 12 donnait l’impression d’être une bonne fin de saison. Je me demande bien ce qu’il était prévu dans le 13.

Pas de saison 3 pour Touch.

J’ai regardé les trois épisodes en VF, qui viennent de passer sur… euh… sais même plus… M6 ?

Alors bon, faut dire, je suis faible : j’aime bien Kiefer Sutherland (depuis ses débuts, depuis Young Guns, depuis Génération Perdue, depuis L’Expérience Interdite, et sa prestation dans Dark City m’avait définitivement convaincu que ce type a de la ressource, pour peu qu’il soit bien dirigé et qu’il ait un projet) (parce que bon, un film d’Alex Proyas, qui plus est écrit par David Goyer, c’est pas vraiment un gage de bonne direction d’acteur) (m’enfin bon, j’aime bien Kiefer Sutherland), je suis très friand de récits structurés autour de destins croisés, et j’aime bien les histoires avec des clés et des cryptages. Rajoutez Danny Glover et un chouette générique, et bon voilà, je décide de tenter le coup et de regarder les trois épisodes.
Alors je déteste pas.
Je craignais pendant un temps, à cause des informations distillées par cette satanée voix off toujours présente pour bien expliquer aux abrutis et aux distraits ce qu’on leur montre. Cette satanée voix off (qui permet de creuser un peu l’un des personnages, elle a au moins ce mérite, et de montrer qu’il y a des choses dissimulées derrière ce qu’on nous montre, « more than meets the eye », comme on dit…) nous débite un discours sur le destin et sur l’ordre du monde, parfois perturbé par un chaos réparable, autant de trucs qui me hérisse le poil au plus haut point, et qui pourrait servir d’écrin à un propos sirupeux sur le destin, la réalisation de soi, la prédestination et autres conneries.
Fort heureusement, tout ce qui était à craindre dans la voix off (qui encadre quand même chaque épisode, c’est pas anodin, mais bon…) est pas mal évacué au sein même de la narration. Chaque épisode nous fait le coup des tranches de vie, des destins quotidiens bouleversés par des rencontres. L’ensemble se construit dans des structures en domino ou en machine infernale (au sens Cocteau du terme, presque), où les vies des gens s’influencent les unes les autres, à l’échelle du monde bien souvent.
Je n’ai pas vu les crédits du premier épisode, occupé à mettre la table. Mais il ne m’a pas fallu attendre de regarder ceux du second pour savoir que j’étais en présence d’une création de Tim Kring. Outre les motifs visuels dans le générique, on a deux trucs qui faisaient le charme de la première saison de Heroes, à savoir les destins croisés et les localisation internationales. On retrouve ça dans les trois épisodes que je viens de voir, avec des actions qui se passent à l’autre bout du monde et sur lesquelles impactent les vies des personnages américains. C’est assez bien joué, y a du pathos mais ça ne dégouline pas, et les personnages ne sont ni gentils ni méchants, mais sont tous, pour l’heure, des gens meurtris par la vie.
Et puisqu’il est question de « fil rouge », la chose intéressante pour l’instant, c’est que la série déploie des fils rouges propre à chaque épisode (des gens reliés entre eux par une sorte de destin commun, comme dans le Cercle Rouge de Melville, un peu…), mais il y a aussi un fil rouge sur l’ensemble des épisodes, avec des personnages récurrents, dans le décor, des objets qui ont leur propre parcours… et bien entendu des sub-plots (qui est la personne derrière la porte 6 ?).
On est moins dans le registre des actions qui entraînent des responsabilités, que dans celui des conséquences des actes (souvent manqués) passés.
Cette dimension de tranche de vie, mettant sous les feux de la rampe des gens à des instants plus ou moins douloureux de leur vie, peut rappeler légèrement Persons of Interest, moins tout l’aspect « justicier » qui rend cette dernière série assez puante. Pour ma part, elle m’a rappelé une série que je suivais vaguement dans les années 1980, et dont le pitch était un peu voisin : deux représentants d’une loterie nationale faisaient le tour des States pour offrir aux lauréats les gros chèques qui le leur revenaient. Et à chaque fois, l’irruption des deux hommes (et des sommes rondelettes) venait perturber leur petite vie, en général pour le meilleur. Une série dont le titre m’échappe complètement, que je n’ai jamais retrouvé, mais qui avait ce côté « effet de loupe sur un petit microcosme humain ». Moins la dimension « de l’ordre dans le chaos », mais bon, la parenté me semble évidente à la vue de ces trois épisodes.
Bon sang, quel était le titre de cette série ?

Jim

[quote=« Jim Lainé »]Pour ma part, elle m’a rappelé une série que je suivais vaguement dans les années 1980, et dont le pitch était un peu voisin : deux représentants d’une loterie nationale faisaient le tour des States pour offrir aux lauréats les gros chèques qui le leur revenaient. Et à chaque fois, l’irruption des deux hommes (et des sommes rondelettes) venait perturber leur petite vie, en général pour le meilleur. Une série dont le titre m’échappe complètement, que je n’ai jamais retrouvé, mais qui avait ce côté « effet de loupe sur un petit microcosme humain ». Moins la dimension « de l’ordre dans le chaos », mais bon, la parenté me semble évidente à la vue de ces trois épisodes.
Bon sang, quel était le titre de cette série ?[/quote]

Loterie :

Ah, formidable, merci !
« Loterie » ! Tout simplement !
J’aurais dû chercher plus sérieusement.
Merci d’avoir retrouvé ça !

jim

[quote=« Jim Lainé »] j’aime bien Kiefer Sutherland (depuis ses débuts, depuis Young Guns, depuis Génération Perdue, depuis L’Expérience Interdite, et sa prestation dans Dark City m’avait définitivement convaincu que ce type a de la ressource, pour peu qu’il soit bien dirigé et qu’il ait un projet)

Jim[/quote]

Je sais que tu n’es pas fan, mais il est également excellent lors de sa brève apparition dans « Twin Peaks : Fire Walk With Me » (le film préquelle à la série) de David Lynch, aux côtés de Chris Isaak, en enquêteurs du FBI…

C’était au début du film, c’est bien ça ? Je crois avoir vu Sutherland, mais je n’ai pas réussi à tenir très longtemps… :wink:

Oui, l’espèce de prologue « 1 an avant » avec aussi David Bowie…

Tiens, un autre monsieur de goût qui semble avoir du mal avec Lynch, ça commence à faire beaucoup je trouve. :wink:

Disons que je préfère le Lynch de Elephant Man, de Sailor & Lula et de Une Histoire Vraie à celui de Twin Peaks, Lost Highway et Inland Empire

Il y a une vraie ligne de fracture, oui. Pour ma part, d’une certaine façon j’aime autant les deux périodes. « INLAND EMPIRE » est incroyablement sous-estimé…

[quote=« Photonik »]
Tiens, un autre monsieur de goût qui semble avoir du mal avec Lynch, ça commence à faire beaucoup je trouve. :wink:[/quote]

L’invasion a déjà commencé.

Jim

[quote=« Jim Lainé »]J’ai regardé les trois épisodes en VF, qui viennent de passer sur… euh… sais même plus… M6 ?
[/quote]

J’ai fait pareil.
Bon déjà, il faut adhérer au concept avec une présentation dans les générique qui a le mérite de présenter les choses sans qu’on y croit (le discours sur les probabilités ne veut pas dire grand chose), mais bon, admettons, ce n’est qu’un générique.

Alors au final, je ne déteste pas. Moi ça m’a plutôt fait penser à un Code Quantum amélioré, où on a un gus qui essaie de comprendre ce qu’il doit faire pour « sauver le monde » ou à défaut sauver des gens sans savoir qui, pourquoi, ni comment.
J’aime bien aussi cette manière de mettre en scène ces destins croisés, où à la fin, tout se recoupe.
J’ai eu peur par moments d’avoir affaire à des persos « idiots » (notamment le passage où la miss est devant la porte et finit tout de même à taper le code 5296 qu’on nous montre depuis plusieurs minutes), mais heureusement, il n’en est rien.

Je me disais aussi que cette façon de faire ne m’était pas étrangère.

Bon, la Saison 02 est bien avancée, là. Changement de braquet, on renonce à l’intrigue par épisode avec destins croisés et tout le toutim pour exploiter quelques subplots posés dans la saison précédente et tricoter une grosse longue saga. Enfin, longue, n’exagérons rien, la saison fait treize épisodes, si j’ai bien noté. Et je trouve ça très bien, je suis plutôt client de saisons courtes, ça évite, ou réduit à tout le moins, les ventres mous.
Alors bon, complot, conflit d’intérêts, enlèvement, recherches cybernétiques, prévisions du futur, course-poursuite, avec une légère touche d’ambiance paranoïaque et de théorie du complot (passé des personnages, méfiance envers les héros « qui le savent, qui les ont vus », et tout ça…). Que du classique, mais les personnages sont vraiment intéressants (mention spéciale au personnage de Maria Bello - qu’est-ce que j’aime Maria Bello !!! - femme emportée et impulsive, colérique et violente, qui rompt de la meilleure manière qui soit avec le côté gnangnan de plein de personnages de séries, suivez mon regard vers Starling City).
Le gros reproche, c’est la jackbauerisation du personnage central. C’est moins frappant que dans le Mirrors d’Alexandre Aja, mais c’est là quand même, les scénaristes profitant du passé de grand reporter du héros pour en faire un aventurier castagneur, ce qu’il n’était pas en Saison 01. Dans cette dernière, l’intérêt, c’était justement que le personnage était en pleine reconstruction, en pleine reconquête de soi, il rassemblait les morceaux de sa vie. Là, ça y est, il est redevenu le fonceur qu’on voit partout ailleurs.
Pour en revenir à Tim Kring, on retrouve plein de motifs à la Heroes (le « prince invisible », c’est un peu l’Homme Invisible vivant dans les rues qu’incarnait Christopher Eccleston, mais on retrouve également le motif du soleil et de l’ombre, tout ce genre de trucs…). Et bien entendu, le personnage joué par Said Tagmaoui (qui compose un méchant vraiment intéressant) permet à Kring de construire son nouveau Sylar. C’est au point que l’on pourrait se demander si Touch n’est pas construit sur les notes et les idées inexploitées de Heroes.
(Reste que les super-héros vus comme des autistes géniaux mais inadaptés, j’aime bien l’idée…)
Au final, ça donne une série assez prenante, qui repose sur pas grand-chose, à part des personnages bien troussés, attachants, pas originaux et pas prodigieux, mais qui composent une chorale suffisamment diverses pour que chacun soit le contrepoint des autres. Ça évite tous les discours lénifiants que les autres séries nous assènent, ainsi que le côté monocorde qui en découle. Les engueulades, les enjeux divergents, les pulsions de colère, tout cela y prend racine avec naturel.
Ce qui est plutôt une qualité, pour une série mineure, mais fort regardable.

Jim