La première réalisation du directeur photo attitré de Christopher Nolan (de Memento à The Dark Knight rises).
ça a l’air pas mal!
Sacré casting en tout cas!
ça donne envie et ça fait plaisir de revoir Johnny dans un rôle moins loufoque que ces derniers temps.
Film surprenant.
La narration est très calme (pas dans le sens mou, dans le sens oppressant), ponctuée de macro gros plans sur des objets de toutes sortes (de la goutte d’eau sur une fleur à un câble électrique) conférant une tonalité fétichiste aux images. On sent que le réalisateur pense en directeur photo.
Ce qui est d’autant plus intéressant, dans un film qui parle non seulement des rapports de l’humanité à la technologie et du corps au métal, mais également de la dématérialisation.
Le film s’ouvre sur une vision post-apocalyptique de l’humanité (le post-apo revient en force dans l’imaginaire, quand même, et de tous les côtés), avec notamment l’image saisissante de deux smartphones abandonnés dans l’herbe folle. Frappant.
L’aspect déroutant de l’ensemble provient de la narration. Extrêmement calme, travaillant à faire monter la pression sur quasiment l’ensemble du film, jusqu’au final. Il n’y a donc pas réellement de division voyante et ostensible en plusieurs actes (avec les bastons centrales qui rythment le truc). En gros, on n’a pas la phase d’installation, la phase de conflit et la phase de résolution dont les films de SF actuels sont friands. Au contraire, après une courte séquence plus énigmatique qu’autre chose et située « dans le futur », on entame une lente introduction, qui présentera la situation, qui dégénère durant tout le film.
Cela crée un climat d’angoisse réellement prenant. Pas d’illustration musicale tapageuse mais une sorte de fond sonore lancinant. Chaque situation conduit à une situation pire encore, signifiant bien que les notes d’espoir sont éphémères. L’attentat contre le personnage de Depp est un bon indice : un ennui peut en cacher un autre.
Cela permet aussi de détourner les clichés. L’intrigue oppose (pour résumer à gros traits) tenants de la technologie de pointe et luddites. Le film sort très vite de ce schéma manichéen, en montrant que les méchants sont peut-être les gentils et que le gentil fait des trucs de méchants. Les dialogues témoignent du fait que le scénario est parfaitement conscients de ça : « on peut aimer quelqu’un et détester ce qu’il a fait ». L’action conduit à des alliances intéressantes entre différentes factions (portées par Freeman ou Murphy, ce qui pose assez bien les enjeux).
Le film se permet, enfin (et là encore, on sent le directeur photo) quelques citations visuelles : des couloirs blancs à la 2001 ou THX1138, des plans sur des néons sous la pluie à la Blade Runner, des véhicules dans le désert à la Mad Max, des clins d’œil aux classiques des zombies.
Le scénario, lui, fait un truc intéressant pour un film cyberpunk. Il renoue avec une imagerie qui provient davantage des romans que des films. Pas d’implants USB dans la nuque, pas d’imper sous la pluie, pas de convoyeurs à mémoire effaçable ayant un penchant pour l’alcool, pas d’écran où pleuvent des chiffres et des codes. Au contraire, un laboratoire dans un gymnase désaffecté, une ville en plein désert, des cachettes dans les mines, des câblages branchés à grands renforts de cutter et de tournevis… Renouant avec une partie de ce qui faisait le charme nouveau des romans de Gibson et de ses copains, le film reprend à son compte les thématiques (survie de l’âme, saut évolutif, intelligence artificielle, gestion de l’énergie…).
Autre chose intéressante, le film effleure le thème religieux sous-jacent à ce genre de récits. Il pose la question de la création d’un dieu cybernétique, et met en scène une figure messianique. L’intrigue mène même à la mise en scène de miracles, dont les citations sont explicites. Mais d’une part le scénario évite de le dire à voix haute, et d’autre part il ne fait pas de cette figure messianique un personnage sympathique. Le film s’interroge sur l’inquiétude que soulèvent la transhumanité et le toucher guérisseur, mais fait de son Jésus cybernétique un danger, justifiant l’union sacrée de toutes les parties adverses.
Au point que le renversement de valeur entre les bons et les méchants pose aussi la question du messie. Ne vaut-il pas mieux tuer les messies afin de préserver la société ? L’évolution des sociétés ne passe-t-elle que par des périodes de destruction ? Le manichéisme explose, et du coup, ça bouleverse la dynamique habituelle des films qui parlent de « révolution ».
On pourra reprocher plusieurs trucs. Un final qui n’est peut-être pas aussi prenant et spectaculaire que la montée (c’est toute la difficulté de l’exercice). La description des factions « contre », en l’absence de toute faction « pour » (mais justement, éviter de mettre en scène des prosélytes permet d’éviter tout discours religieux). Des raccourcis scientifiques un peu faciles (le passage de l’intelligence artificielle à la nano-technologie est quand même une jolie facilité). Et enfin une résolution un peu facile, qui se résume à la confrontation de deux consciences, de deux moralités, au final de deux âmes.
C’est peut-être sur ce dernier point que la conclusion laisse un peu dubitatif. Il règne une ambivalence (salutaire selon moi) dans le film, tout autour de la définition de l’âme (en gros, si on ne peut reproduire et « sauvegarder » un esprit, c’est qu’il a une âme qui ne se résume pas à des schémas électriques. Mais dans le film, justement, la question se déplace, le débat n’est plus aussi clair, et la définition du croyant et de l’athée n’est plus aussi simple). De plus, la discussion « âme / pas âme » glisse vers la discussion « inné / acquis ». Ce qui est pas mal, d’ailleurs, parce que ça renvoie dos à dos les deux visions du monde.
C’est un peu aussi ce que dit la dernière scène (en fait, la première), qui laisse entendre que les choses ne sont pas finies. Mais quand ça repartira, sera-ce pour un bien ou pour un mal ?
Là encore, ambivalence.
Cette ambivalence nourrira, je pense, des commentaires très tranchés quant au fond du film (sa forme pourra déconcerter, mais je pense qu’elle intéressera). Certains y verront l’affirmation d’une religiosité poussée, d’autre l’énonciation d’un athéisme scientiste, certains une vision de droite, d’autre une vision de gauche… Je suis moi-même perplexe. Mais j’attends avec impatience d’autres commentaires.
Jim
J’ai trouvé l’exercice assez efficace. On évite les pièges les plus courants du genre en brossant un grand nombre de concepts. Je regrette juste des plans trop répétitifs à certains moments, basés sur la mise en avant des effets alors que d’autres choses pouvaient s’ajouter au récit. Cela apporte des longueurs au film qui n’en avait pas besoin de par son rythme déjà lent.
Mais ça reste une belle histoire de SF très dense en matière de concepts abordés.
Je n’ai pas autant apprécié. Certes le film est sympathique cependant il tire trop en longueur sur certains moments je trouve.
Après pour moi ce n’est pas tant un film de SF mais limite un film d’action. Toutes les technologies montrées existent, elles sont certes améliorées mais j’ai trouvé du coup que le film se contentait de citer des technologies sans réellement rentrer dans le détail.
Après ce que j’ai trouvé dommage car cela n’apportait rien au film, c’est la scène du début qui nous annonce déjà la fin. A mon sens ce n’était pas réellement nécessaire et surtout cela posait d’emblée la portée de ce qui s’est passé.
Perso j’ai bien aimé, et j’ai pas trop compris pourquoi le flim c’était fait bouder à ce point.
Parce qu’il n’y avait pas de super-héros, pardi !
Je ne vais pas faire aussi technique de Monsieur lainé, mais j’ai trouvé ça pas mal du tout, ça me semble assez solide, ça va rapidement dans le vif du sujet, pas vraiment de temps d’attente, même c’est tout de même très prévisible ! Alors, je ne sais pas si c’est parce qu’on lit des comic books, mais il n’y a pas eu trop de surprise ! Mais c’est de la SF presque de la catégorie « anticipation ».