Bon, alors comme chaque année, je profite du Printemps du Cinéma pour me faire une petite trilogie de longs métrages. J’aime le grand spectacle qui me fait barjoter un peu des neurones, mais c’est surtout l’occasion d’aller voir des trucs que, peut-être, je ne serai pas allé voir à plein tarif. Ou dont je n’avais pas tellement entendu parler. Et là, avec 10 Cloverfield Lane, La Chute de Londres et Triple 9, j’ai eu mon lot d’émotions fortes et de grosses nimages.
Alors ce Triple 9, c’est vraiment très bien. Je connais mal le boulot de Hillcoat, j’ai bien aimé La Route, moins Des Hommes sans loi (enfin, la caméra, si, l’histoire, m’ouais, les acteurs, pas trop, Tom Hardy et Jessica Chastain m’ayant semblé proprement surestimés), mais il sait raconter une histoire et gérer le rythme.
Là, il y a un récit cynique, sec et sans pitié, et il s’en sort très bien. Y a plein de belles astuces, et notamment une utilisation de la voix off assez astucieuse : en fait, il ne s’agit pas d’un narrateur omniscient, mais de dialogues de personnages. Et pas à la manière d’un dialogue qui déborde sur la fin d’une scène afin d’annoncer la suivante, mais carrément de dialogues qui racontent quelque chose alors que les images viennent compléter l’information. Ça permet d’accélérer le récit, de faire circuler l’information (du film au spectateur, mais aussi entre personnages), et c’est d’une efficacité redoutable.
Un autre truc qui est bien, c’est que les personnages sont présentés graduellement, sans qu’on ait les tenants et les aboutissants tout de suite. Le spectateur recompose le portrait petit à petit, et le scénario et la mise en scène évitent tous les poncifs des révélations ronflantes (la scène où les deux flics sont constitués en tandem est réjouissante à cet égard, prenant à rebrousse-poil tous les codes de buddy movies). On apprend donc à connaître les personnages au fil du récit.
C’est une manière de détourner les clichés. Très tôt, on nous présente deux figures connues, à savoir le jeune frère fougueux et incapable et le fou de la gâchette. Et pourtant, ces deux personnages s’avèrent d’une grande richesse, d’une évidente complexité qui permet de faire avancer l’action et de rendre l’intrigue tordue.
C’est plein d’idées de mise en scène qui fonctionnent bien, des petits ratés qui montrent en fait une mécanique bien huilée et naturelle (genre, la voiture qui se fait emboutir et roule d’un mètre vers le braqueur, ce qui permet de montrer qu’il assure…) et les acteurs sont très convaincants.
J’ai lu quelques critiques sur la prestation de Kate Winslet, mais je dois avouer qu’elle m’a impressionné. Très belle, très froide, très inquiétante, elle crève l’écran.
Casey Affleck déroule son look j’menfoutiste de gars qui n’a pas l’air mais qui voit tout. En face de lui, Anthony Mackie est franchement convaincant en flic faussement froid. Un jeu des apparences là aussi assez riche.
Bref, excellente surprise, pour un film que j’ai repéré seulement il y a trois jours à peine. Bien content.
Jim