TRUE DETECTIVE (Saisons 1-4)

Tiens, c’est marrant, ton enthousiasme est relativement isolé en fin de compte. Si je reste pour ma part très fan de la série après cette deuxième saison, on ne peut pas dire que la critique ait été unanime (ou alors dans le mauvais sens). Pour des raisons qui restent d’ailleurs assez mystérieuses à mes yeux : j’ai mes propres réserves sur le show, mais force est de constater que tant au niveau de l’écriture que de l’interprétation en passant par « l’humeur » générale, « True Detective » demeure une série de très très haut niveau.
Ma réserve principale concerne la mise en scène, bien plus inspirée et flamboyante sur la première saison, même si de très belles choses apparaissent quand même ici aussi.

Cette excavation de l’Histoire cachée des U.S.A ; c’est inhérent au genre si je puis dire.

Si tu prends des romanciers comme Pelecanos, Lehane, Price ou Ellroy par exemple tu trouves ça dans tous leurs romans.

Et déjà du temps de Hammett dans les années 1920-1930 c’était là. Même un auteur plus « brutal », que l’on considère d’ailleurs assez mal (pour être poli) tel que Spillane c’est là aussi.

Et n’oublions pas que Pizzolatto vient de cette veine romanesque, celle du roman noir (Pour en savoir +).

Je ne savais pas, je n’ai rien lu sur cette saison, et effectivement je la trouve très bien.

Oui, et en la matière on peut citer une référence très directe qui irrigue (c’est le cas de le dire…) cette saison 2 de « True Detective » : c’est le « Chinatown » de Polanski, dont le scénario signé Robert Towne est précisément une reprise des motifs et thèmes développés par les grands pionniers du roman noir, et que Pizzolatto devait avoir en tête en concevant cette saison.

[quote=« Photonik »]

Cette excavation de l’Histoire cachée des U.S.A ; c’est inhérent au genre si je puis dire.

Oui, et en la matière on peut citer une référence très directe qui irrigue (c’est le cas de le dire…) cette saison 2 de « True Detective » : c’est le « Chinatown » de Polanski, dont le scénario signé Robert Towne est précisément une reprise des motifs et thèmes développés par les grands pionniers du roman noir, et que Pizzolatto devait avoir en tête en concevant cette saison.[/quote]

On est sur la même longueur d’onde en ce qui concerne Chinatown. :wink:

Pour ma part pour ce genre d’histoire, qui ne requière pas forcément d’effets, je suis pour la sobriété ; une bonne mise ne scène est une mise en scène qu’on oublie.

Par exemple en ouverture de cet épisode toute la séquence de la cuisine a une force qui tient bien sûr grâce à l’interprétation mais aussi, à la mise en scène, à sa simplicité.

Et à la fin c’est drôlement efficace aussi, d’autant plus que le travail avec la musique est fantastique.
J’avais de ce point de vue, l’impression de revivre en terme d’émotion une scène très célèbre de **Bambi **. :slight_smile:

La mise en scène n’était pas forcément plus tape-à-l’oeil sur la première saison ; elle était plutôt « monumentale » mais dans le bon sens du terme, avec une certaine sobriété (je ne sais pas si je suis très clair). Elle s’appuyait par exemple sur la puissance des plans larges, même fixes, tout simplement, et c’est un truc dont je déplore la raréfaction au cinéma (et à la télé). Elle dégageait une sorte de sérénité.
Elle était signée Cary Fukunaga, dont j’aime beaucoup le travail par ailleurs ; sa version de « Jane Eyre », par exemple, est à la fois étonnante et classique, là aussi au bon sens du terme.

Ici, les noms se succèdent au générique. Il y a du gros calibre, comme Justin Lin (« Fast and Furious » numéro je sais plus compbien) sur les premiers épisodes, mais son découpage peu rigoureux et son montage trop rapide ne m’ont pas vraiment convaincu.
Je ne connais pas le nom des autres réals sur cette saison, mais je n’ai rien vu d’inoubliable. Sauf peut-être le dernier épisode où il y a de très belles choses, mais on en reparlera en temps utile.

E1&2 : Justin Lin (Fast & Furious 3 à 6, Star Trek sans limites)
E3 : Janus Metz Pedersen (documentariste danois)
E4 : Jeremy Podeswa (La caravane de l’étrange, Les Tudors, 6 pieds sous terre, Game of Thrones, Boardwalk Empire…et encore tout plein de séries TV)
E5&8 : John Crowley (Closed Circuit)
E6 : Miguel Sapochnik (Repo Men, Dr House, Game of Thrones…)
E7 : Daniel Attias (Alias, Les Soprano, True Blood, 6 pieds sous terre, Entourage, Ray Donovan, Homeland…et encore tout plein de séries TV)

[quote=« Photonik »]…] Elle s’appuyait par exemple sur la puissance des plans larges, même fixes, tout simplement,…] Elle dégageait une sorte de sérénité.
…][/quote]

Là pour le coup, c’est le travail sur des plan resserrés, fixes, silencieux qui est vraiment bien exécuté. La scène de la cuisine est un modèle du genre en terme de rythme et de gestion de l’espace.
Et la direction d’acteur est géniale si je peux me permette, dans cette scène de la cuisine par exemple, lorsque les deux protagonistes prennent finalement leur tasse à café je reste impressionné de la façon dont les corps des deux acteurs se détendent (et comment c’est rendu à l’écran) et qui rétrospectivement augmente la tension et l’intensité de ce qui a précédé.
Le hors-champ aussi est bien géré, voir la bagarre et l’utilisation des tenailles.

Et la gestion de la fusillade, viscérale (si je puis dire lorsqu’il arrive en paquet - au moment même où je voyais cette scène je me suis dit là il y a quelque chose qui cloche, et bingo) qui n’a rien a envier au long plan de la saison 1 sur lequel tout le monde s’est extasié, ici c’est beaucoup moins tape-à-l’œil, ou encore la poursuite dans les tunnels avec l’utilisation des lampes torches (qui met bien en lumière (si je puis dire) le dilemme que rencontraient les « rats des tunnels » à l’époque de la guerre du Vietnam et qui est très lisible pour le spectateur.
Et lorsque Woodrugh se cache et anticipe se qu’il va faire (saisir la cheville d’un des type qui veut le tuer) on est vraiment « dans » la scène, au plus prés et pourtant quelle lisibilité surtout que ça enchaîne sur ce qui aurait pu être un cafouillage en terme de lisibilité et là les plans s’enchainent à la perfection.

On a aussi de très beaux plans larges cela dit : la fuite en voiture dans la nuit avec la Lune, énorme, celle où **Velcoro **arrive avec les documents, l’incendie, et l’idées d’utiliser le réseaux autoroutier, non pour moi rien à redire sur la mise en scène qui garde en plus une unité toute la saison (du moins de ce que j’ai pu voir) alors que comme le précise Le Doc les réalisateurs changent.

Comme quoi la technique est aussi affaire de goût.

Je me permets d’utiliser ta phrase pour illustrer un propos plus général (j’espère que tu ne m’en voudras pas) sur ce que je disais ailleurs.

Il y a quelque temps j’ai eu l’occasion de discuter encore une fois sur objectivité/subjectivité et plus précisément sur le fait de s’appuyer sur la technique proprement dite, prétexte à « objectiver » un commentaire selon certains.
Alors que pour moi la technique donc fait partie d’un raisonnement où les « goûts et les couleurs » en un mot l’idiosyncrasie de celui qui commente, qui donne son avis, sont toujours un filtre.

La technique pas plus que l’émotion ne vient de l’extérieur, ou alors on considère qu’un épisode de série télé par exemple ici, doit contenir « X » plans larges, que c’est telle ou telle focale que l’on doit utiliser, etc. Pour le dire autrement qu’un épisode doit doit répondre à un cahier des charges précis, rigoureux et immuable.
C’est peut-être l’avis de certains, ce n’est pas le mien.

Même la technique est affaire de goût et de sensibilité. Du moins de mon point de vue. :slight_smile:

Encore une fois toutes mes excuses de prendre appui sur une phrase de ton commentaire pour illustrer mon propos, alors que nulle part dans ce commentaire tu ne parles d’objectivité ou de subjectivité (mais la tentation était trop belle). :wink:

En l’occurrence, je ne suis pas en désaccord avec toi : c’est bel et bien une affaire de sensibilité.

Dans la veine « noire » de la littérature ou du cinéma, voire de la BD, le tragique, composante essentielle de l’algorithme mémétique du genre, est le pied-de-biche qui brise les verrous, c’est un révélateur.

Je vais citer Thomas Narcejac qui dans son essai (La Fin d’un Bluff) sur le roman noir, un essai à charge a compris pas mal de choses sur ce genre ou du moins dit des choses qui rejoignent ma propre interprétation :

[quote]…] Ce monde a un sens mais nous sommes incapables de le saisir ; sa signification est d’ordre poétique et seulement accessible à celui qui, victime ou bourreau, comprend l’échec inévitables de ses raisons de vivre. Le monde est le lieu de la guerre.
Quoi qu’on fasse, on verse le sang. Et c’est au moment précis où le sang coule que se dévoile L’ÉTRANGETÉ des choses. L’univers nous ignore et nous broie.
Mais au moment où il nous écrase, il nous révèle quelque chose de nous-mêmes, et finalement c’est cette ultime échappée sur l’homme que chacun, en répandant son sang ou celui des autres, recherche obscurément. …][/quote]

Je crois que cette citation résume assez bien le travail de Nic Pizzolatto sur cette saison mais aussi sur la précédente et lorsqu’on lit son roman.
Et qu’elle donne un bel aperçu de ce qu’est le ‹ noir › en tant que genre.

Une magnifique saison autant certains auteurs ont de mon point de vue du mal à terminer une histoire, autant Nick Pizzolatto y réussit fort bien ; du moins sur les deux saisons de True Detective.

S’il y a une troisième saison, j’en serais. :wink:

Il y en aura peut-être une…

D’après le site Entertainement Weekly, cette potentielle 3ème saison n’a toujours pas reçu officiellement le feu vert mais Nic Pizzolatto a déjà écrit les 2 premiers épisodes. Et ce développement se fait en collaboration avec David Milch (Capitaine Furillo, New York Police Blues, Luck, Deadwood…) !

Source : ew.com/tv/2017/03/27/true-detective-season-3-david-milch/

C’est maintenant officiel : il y aura bien une 3ème saison de True Detective, qui racontera l’enquête sur un crime macabre au coeur des Monts Ozark.

Nic Pizzolatto a écrit tous les épisodes (avec l’aide de David « Deadwood » Milch sur le #4). La saison sera réalisée par Jeremy Saulnier (Blue Ruin, Green Room) et Pizzolatto, qui fera ses débuts derrière la caméra.

Mahershala Ali (House of Cards, Luke Cage, Moonlight…) interprétera le rôle principal, celui d’un policier de l’Arkansas.

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C’est à la mode les monts ozark

Jérémy Saulnier ? Ouh la, excellente pioche ça !!!

Très très bonne nouvelle.

En espérant que comme l’auteur a eu plus de temps pour écrire, la saison soit mieux ficelé que la deuxième (même si je l’aimais quand même beaucoup, cette deuxième saison).

La saison 2 a aussi souffert de l’extrême qualité de la 1, et des attentes démesurées autour de la suite.
Le buzz étant retombé, on peut aussi espérer des réactions moins exagérées sur la réception des épisodes.

C’est surtout la structure binaire de la première (outre l’interprétation générale de ouf) qui a maintenu en haleine les téléspectateur.

A priori, la narration de la Saison 3 s’étalera en trois époques. Là, c’est intriguant à voir.