REALISATEUR
Ralph Bakshi
SCENARISTES
Roy Thomas et Gerry Conway, d’après des personnages créés par Ralph Bakshi et Frank Frazetta
VOIX V.O.
Randy Norton, Cynthia Leake, Steve Sandor, Leo Gordon…
INFOS
Long métrage américain
Genre : animation/fantasy/aventures
Titre original : Fire and Ice
Année de production : 1983
Nekron, le maléfique seigneur du Royaume des Glaces, utilise ses pouvoirs pour étendre son territoire. Dans le but de conquérir le Royaume du feu gouverné par le bon roi Jarol, la mère de Nekron, la reine Juliana, fait enlever la princesse Tygra. Mais Tygra parvient à échapper aux griffes des sbires simiesques de Juliana. Pendant sa fuite, elle croise la route de Larn, jeune guerrier dont le village a été détruit par les armées de Nekron, et de Dark Wolf (dont l’inspiration vient du fameux Death Dealer de Frazetta), un mystérieux guerrier…
Au début des années 80, Roy Thomas et Gerry Conway, scénaristes bien connus des lecteurs de comics (et dont la carrière est bien trop longue pour être résumée ici), s’associèrent pour tenter une brève aventure hollywoodienne. Brève, car l’expérience, qu’ils qualifièrent par la suite de globalement « affreuse », ne fut pas fructueuse pour les deux compères. Parmi leurs idées avortées, il y avait notamment un film X-Men pour la firme Orion et un pitch de science-fiction refusé parce que les exécutifs pensaient qu’un film sur le voyage temporel ne fonctionnerait pas (c’était avant Terminator, Star Trek IV et Retour vers le Futur, nom de Zeus !).
Seuls deux de leurs projets furent concrétisés, avec des résultats plus ou moins heureux. Ils avaient par exemple écrit un scénario intitulé « Conan, Roi des Voleurs », qui se voulait une suite épique au Conan le Barbare de John Milius. Mais leur script fut en grande partie réécrit par un autre scénariste, suite au souhait du producteur Dino De Laurentiis d’en faire un divertissement plus familial que le premier opus…qui allait donc devenir Conan le destructeur. Les deux scénaristes eurent plus tard l’occasion d’adapter leur script original en comic-book avec le graphic novel The Horn of Azoth, publié par Marvel en 1990.
Le deuxième film sur lequel travaillèrent Roy Thomas et Gerry Conway ne les a pas éloigné du genre fantasy. Tygra, la glace et le feu est né du désir du réalisateur Ralph Bakshi de transposer sur grand écran la puissance des peintures du légendaire Frank Frazetta. Après une série de longs métrages d’animation à la réputation sulfureuse (Fritz le Chat, Flipper City, Coonskin), Bakshi mêla en 1977 fantasy et post-apocalyptique avec Les Sorciers de la Guerre, qui fut suivi en 1978 par son adaptation (inachevée) du Seigneur des Anneaux de Tolkien. Après un retour à des histoires un peu plus « réalistes » avec American Pop et Hey Good Lookin’, Ralph Bakshi aborda à nouveau (et pour la dernière fois de sa carrière) la fantasy avec Tygra, la glace et le feu, qui lui permit de travailler directement avec Frank Frazetta, artiste originaire comme lui de Brooklyn.
Roy Thomas et Gerry Conway furent alors chargés de construire une histoire autour des différents personnages et décors choisis parmi les nombreuses peintures de Frank Frazetta…un scénario qui, au final, se résumé à une lutte manichéenne et très cliché entre le bien, représenté par le feu, et le mal, représenté par la glace et un roi sorcier aux faux airs de l’Elric de Michael Moorcok. Mais si l’ensemble manque d’originalité, il n’est toutefois pas avare en action : le rythme est haletant, l’ambiance est sombre et sinistre à souhait et les batailles sont nombreuses et brutales.
Ralph Bakshi était un fervent adepte de la technique de la rotoscopie (les scènes étaient d’abord tournées en prises de vues réelles, avant que les contours des acteurs ne soient relevés image par image pour en retranscrire la forme et les actions en animation…un peu l’ancêtre de la performance capture, en fait), dont l’emploi donne ici beaucoup de fluidité aux mouvements dans les divers affrontements. S’il était très difficile de transposer à l’écran toute la richesse graphique des illustrations de Frazetta, le film leur rend tout de même un très bel hommage en restituant l’essence même de leur force et de leur esthétique.
Sorciers, guerriers aux muscles saillants, princesse (très) légèrement vêtue pour la touche sexy, monstres géants en tout genre, combats à l’épée et à la hache, décors soignés…tous les ingrédients sont réunis pour un spectacle de fantasy très divertissant, un peu simplet au niveau de l’histoire, mais toujours aussi agréable à regarder…