UN DESTIN DE TROUVEUR (Gess)

Un destin de trouveur

Date de parution : 10/04/2019 / ISBN : 978-2-413-00799-9

  • Scénariste : GESS
  • Illustrateur : GESS
  • Coloriste : GESS
  • Série : CONTES DE LA PIEUVRE (LES)
  • Collection : MACHINATION

Résumé

Paris, printemps 1898. La famille de l’inspecteur Émile Farges est enlevée par La Pieuvre. La raison ? Utiliser son talent pour retrouver la femme et la fille de La Bouche, un des quatre dirigeants de cette terrible mafia.

Émile Farges est trouveur. À l’aide d’un caillou jeté sur une carte, il peut localiser la personne qu’il cherche. C’est ainsi qu’il a rencontré Léonie, l’amour de sa vie, fille de Mama-Brûleur, redoutable activiste féministe et anarchiste. Lorsque l’organisation connue sous le nom de La Pieuvre l’embauche, contre sa volonté, pour retrouver la femme et la fille d’un des leurs, Trouveur est placé dans une situation impossible dont son talent ne suffira peut-être pas à le sortir…

J’avais beaucoup aimé le 1e conte de la Pieuvre : La malédiction de Gustave Babel à la fois pour l’histoire et pour les graphismes, donc cet album-là rejoindra à coup sûr ma bédéthèque.

ginevra

Hé bien mais c’est excellent, cette petite chose-là.

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Tout est très sympathique (et même plus) : le récit polar à la fin du XIXe siècle, la richesse de l’univers mis en scène, la gestion impeccable des flash-backs, identifié à la fois par la couleur, par les bulles… En termes de langage BD, c’est d’une grande maîtrise. J’ai déjà été un peu sec dans mes commentaires sur le lettrage des œuvres précédentes (notamment La Brigade Chimérique, que je trouve très mal lettré), mais là, les choix de l’auteur sont à la fois pertinents et porteurs de sens. Une couleur pour les récitatifs de lieu et de temps, une couleur pour les bulles des souvenirs, tout cela permet de structurer le millefeuille narratif et de guider le lecteur. Et je reprochais à Gess d’utiliser des bulles ressemblant à des ballons de rugby, le choix de phylactères rectangles fournit une belle alternative. Je trouve l’approche de paire dans ses lignes trop large, mais on s’y habitue très bien.

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Question narration, Gess densifie son récit par rapport à d’autres séries de ma connaissance, recourt à de nombreuses petites cases, sans donner l’impression d’étouffer son histoire ni de perdre son lecteur. Ses expériences formelles, discrètes mais présentes, me font beaucoup penser à Marshall Rogers (et aussi au Frank Miller de Dark Knight) et à pas mal d’illustrateurs des années 1970. J’aime beaucoup.
Le récit autour du Trouveur, qui occupe le gros de l’album (et qui commence par une enquête qui devient secondaire assez vite, entraînant le héros dans une autre intrigue, joli jeu de diversion), est complété par une histoire courte consacrée à un personnage secondaire de l’intrigue, la Bête, qui est merveilleuse. Entièrement raconté à la troisième personne, ce récit fait le point sur l’existence de cette créature, et propose des scènes d’émotion très fortes. Une grande réussite.

C’est dense, c’est riche, c’est touchant, c’est plein de surprise et rempli de personnages attachants (même certains méchants), bref, c’est le plaisir du moment. Cerise sur le gâteau, les citations de Rousseau donnent à l’ensemble cette couleur gauchiste anar qui colle à merveille avec cette faune marginale encore marquée par la Commune de Paris. Bravo.

Jim

1 « J'aime »

Interview de Gess :

Jim

Teasing autour d’un quatrième tome (apparemment, l’info vient de Delcourt) :

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Jim

Déjà ?

Ca me semble tôt aussi, Les deux derniers sont sortis à un an d’intervalle, je pensais devoir attendre encore un peu.

Oh t’inquiète, un an, c’est vite passé.

Jim

Il est productif le monsieur

Je pense que la série a trouvé son public, et donc qu’il peut travailler tranquillement à son récit. En plus, il a développé un univers qu’il semble prendre plaisir à animer, donc il a son rythme de croisière.

Jim

Jim !

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