Le film est globalement pas mal mais souffre tout de même de nombreux défauts. La bande annonce ne fait aucun secret sur le sujet du film (contrairement au synopsis): suite à la mort de sa femme, un homme décide d’assumer ses penchants pour le travestissement. Le film explique bien que non, David (Romain Duris), n’est pas malade, ne souffre pas de déviance, n’a pas de problèmes psychologiques, bref, est un être normal.
En cela, il va avoir le soutien de Claire (Anaïs Demoustier), qui va d’abord mentir à son mari, comme si aider le mari de son amie défunte était honteux. Et c’est ainsi que ces deux femmes vont partir faire du shopping… oui, là, ça commence à coincer. Qu’est-ce qu’être une femme? Si l’on en croit le film, ça consiste à savoir se maquiller, s’épiler, et faire du shopping. Concept quelque peu réducteur de nos jours tout de même.
Deuxième point qui coince: les seconds rôles, notamment le mari de Claire, réduit à faire des remarques bas du front et réducteur sur la condition homosexuelle. Ca aurait mérité mieux tout de même.
Contre toute attente, ce n’est pas le personnage de David qui devient intéressant (trop figé dans le marbre), mais le personnage de Claire (là, on est clairement dans la glaise, malléable). Car le personnage de David, dès le 1er quart d’heure du film reste paralysé dans son rôle. Il veut se travestir en femme, parce que ça lui plait et que c’est comme ça qu’il se conçoit. Le personnage de Claire au contraire, va d’abord rejeter cet état de fait, puis l’accepter, non sans passer par divers stades intermédiaires jusqu’au final (un peu trop Walt Disney à mon goût, avec une ellipse temporelle, ficelle bien pratique pour éviter tout développement).
Ozon joue sur les contrastes et les ambiguités. La première scène est assez caractéristique, puisqu’elle nous montre une femme mariée, sur fond de musique de mariage, la caméra recule et en fait, c’est son cercueil. S’ensuit les scènes de flashbacks pour nous présenter les personnages. Et tout le long du film, ça va se jouer là-dessus, entre les sentiments contradictoires que peuvent éprouver les personnages entre eux.
Il cherche également à déranger, mais dans quel but? voir la scène de nécrophilie lorsque David habille sa femme défunte dans la morgue, scène qui est rappelée à la fin du film lorsque Claire rhabille David à l’hôpital
Alors finalement, ça donne un film bancal, qui navigue parfois entre le drame et la comédie (parfois grossière), et qui joue sur bon nombre de facilités. Le sujet reste très survolé. Malgré tout, il faut souligner la performance des deux acteurs qui tiennent le film sur les épaules et de fort belle manière. Ozon peut les remercier, ça aide à oublier les faiblesses du scénario et de la mise en scène.