UNITED RED ARMY (Koji Wakamatsu)

[quote]REALISATEUR

Koji Wakamatsu

SCENARISTES

Masayuki Kakegawa, Koji Wakamatsu

DISTRIBUTION

Maki Sakai, Arata, Akie Namiki…

INFOS

Long métrage japonais
Genre : drame
Durée: 3h10
Année de production : 2008
Date de sortie : 6 mai 2009

SYNOPSIS

L’enfant terrible du cinéma japonais, Koji Wakamatsu, proche collaborateur de Nagisa Oshima, revient sur « l’incident d’Asama Sanso », prise d’otage notoire au Japon en 1972 - elle fut retransmise en direct par les télévisions japonaises plus de 10 heures durant - lors de laquelle une aubergiste fut retenue par cinq étudiants de l’Armée Rouge Unifiée (faction d’extrême-gauche prônant la lutte armée et liée à l’Armée Rouge Japonaise - futur organe du terrorisme international durant les années 70 et 80).
Pourtant, les premières victimes des étudiants furent les étudiants eux-mêmes : avant le combat qui les opposa aux forces de police, quatorze jeunes gens étaient tombés, victimes du fanatisme de leurs leaders.
Ce docu-fiction en trois actes, qu’accompagne une musique psychédélique électrisante signée Jim O’Rourke (Sonic Youth), illustre la radicalisation des universités au Japon dans les années 1960.

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Ah tiens, celui-là on en avait parlé sur un autre thread, Benoît, non ?

C’est une grenade dégoupillée, ce film. C’est assez incroyable qu’un papy de 75 ans (Wakamatsu donc, bêtement décédé depuis en se faisant renverser, à la Gaudi) puisse pondre un film d’une telle intensité. On pense immanquablement au précédent « Battle Royale » par un Fukasaku lui aussi d’un âge vénérable…

Wakamatsu, à la filmo fleuve de plus de 100 titres, fut à l’instar d’un plus jeune Mamoru Oshii un spectateur attentif des bouleversements politiques des années 60 au Japon. Mal connue en France, cette période de troubles faisant suite à un fameux traité militaire entre le Japon et l’occupant américain vit l’ascension de groupes d’extrême-gauche violents (pour donner une idée du climat de l’époque là-bas, l’équivalent nippon du PCF appelait quand même à la lutte armée, pour situer…). Mais contrairement à son génial confrère, Wakamatsu fut bien plus impliqué, et surtout restera « radical » après le tournant des années 70 qui voit les groupes violents se marginaliser. Il ira même accompager et tourner des images d’un groupe armé japonais parti se former au Moyen-Orient.
Durant les années 60 et 70, Wakamatsu est aussi l’auteur d’une oeuvre filmique considérable, et pas que quantitativement. Le japonais travaille dans l’économie du pinku-eiga, ces films érotiques au budget de misère où la seule contrainte est le quota de scènes dénudées exigé par la production. Pour le reste, les réals et les scénaristes sont absolument libres de faire ce qu’ils veulent. Une école à la Roger Corman, très formatrice (Kiyoshi Kurosawa en fera aussi, quelques années plus tard). Parmi ses titres les plus fameux, le célèbre « L’Embryon part braconner » (qui subit les foudres de la censure française lors de sa ressortie en…2007) et mon petit préféré « Va, Va, Vierge pour la deuxième fois » constituent les fleurons les plus prestigieux de sa filmo…

Après des années de relative invisibilité, le japonais fou revient avec ce film incroyable, qui devient en quelque sorte une « critique de la critique d’extrême-gauche »(la notion d’auto-critique revient d’ailleurs comme un mantra absurde tout au long du film), incroyablement lucide sur les dérives de l’époque MAIS, dans le même temps, qui ne renie rien de cet engagement sincère. Un exploit que d’arriver à concilier ces deux facettes.
Le film démarre sur un très didactique montage d’images d’archives et de reconstitutions jouées, avant de se transformer en un redoutable huis-clos à l’intensité presque insupportable. Wakamatsu devient diabolique quand il arrive en plus à insuffler des touches d’humour noir dans sa mixture.

C’est très rare de pourvoir visionner des films aussi puissants et « complets » que celui-ci. Perso, je n’en suis toujours pas remis.

On l’avait évoqué dans la discussion sur Mamoru Oshii.

J’ignorais qu’il était décédé.

Il a été renversé par un taxi dans le quartier de Shinjuku en octobre 2012, alors qu’il préparait son prochain film sur la Tepco, la boîte qui gère le nucléaire au Japon.
Après Fukushima (sur lequel Sono Sion s’est très vite penché avec « Land Of Hope » je crois, et il semblerait que Kiyoshi Kurosawa aurait envie d’un projet là-dessus, lui aussi), il y aurait eu de quoi faire…

[size=200]INTERVIEW CARRIÈRE DE
KOJI WAKAMATSU
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[size=85]Wakamatsu s’y dévoile au travers nombre d’anecdotes personnelles de sa vie et de sa carrière bien remplies, c’était un sacré bonhomme.[/size]

[size=200]INTERVIEW DE KOJI WAKAMATSU[/size]

[quote=« Benoît »]c’était un sacré bonhomme.

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Et c’est rien de le dire…!
Merci pour le lien, je vais jeter un oeil à ça avec beaucoup d’intérêt.