UPSTREAM COLOR (Shane Carruth)

[quote]DATE DE SORTIE FRANCAISE

23 août 2017

REALISATEUR & SCENARISTE

Shane Carruth (Primer)

DISTRIBUTION

Amy Seimetz, Shane Carruth, Andrew Sensenig, Kathy Carruth…

INFOS

Long métrage américain
Genre : drame/science-fiction
Année de production : 2013

SYNOPSIS

Un homme et une femme sont inexorablement attirés l’un vers l’autre et se retrouvent ainsi mêlés au cycle éternel de vie. Ou comment l’identité de chacun devient illusion au fur et à mesure que tous deux luttent pour tenter de rassembler des fragments de vies éparses.[/quote]

Ouuuuuh pinaise !

Bobo la tête ? :mrgreen:

Et je n’ai même pas bu pour justifier cela !

Regarde « Primer », le premier film de Carruth, tu vas voir, c’est le mal de calebasse assuré.
Blague à part, c’est un chef-d’oeuvre total…shooté pour 6 ou 7000 dollars, d’après la légende (ce que j’ai du mal à croire).

[quote=« Photonik »]…]
Blague à part, c’est un chef-d’oeuvre total…][/quote]

Ceci dit je loin, mais alors méchamment loin de considérer Primer comme un chef-d’oeuvre total, à l’instar de mon éminent confrère.

C’est même le contraire, et si le film a été shooté pour 6 ou 7000 $ la came était frelatée à mon avis.

Oui, c’est mon avis, hein. C’est…subjectif !! :wink:

Je me demande si quand tu dis ça tu dis quelque chose qui a du sens ?
Car le sens interdit-il le sens ? Objectif ou subjectif cela me semble dénué de sens, mais encore faut-il que cela soit le bon.
Le bon sens est-il du sens ou de l’essence ?
Précède-t-il l’existence ?

Comme le disait Lacan ici et maintenant : " Il n’est pas donné à tout le monde de parler chinois dans sa propre langue" ! Tout cela me paraît bien borroméen.

C’est surtout que ça manque d’argumentaire pour lancer la vraie discussion ! :mrgreen:

Ah, OK.
Alors disons que dans le sous-genre particulier du film de SF qui concerne les voyages dans le temps, c’est l’un si ce n’est le meilleur film que j’ai vu… Je n’ai pas vu d’autres films qui pousse aussi loin la « logique » du truc.
Je lisais tout récemment une interview de Rian Johnson qui s’y connaît en voyages temporels (il a réalisé le pas désagréable « Looper ») qui chantait les louanges de ce film…et de « Upstream Color » aussi, par la même occasion.

[quote=« Photonik »]
Je lisais tout récemment une interview de Rian Johnson qui s’y connaît en voyages temporels [/quote]

Il part avec quelle compagnie ?

[size=50]Je suis déjà parti au boulot …[/size]

[quote=« Photonik »]Ah, OK.
Alors disons que dans le sous-genre particulier du film de SF qui concerne les voyages dans le temps, c’est l’un si ce n’est le meilleur film que j’ai vu… Je n’ai pas vu d’autres films qui pousse aussi loin la « logique » du truc.
Je lisais tout récemment une interview de Rian Johnson qui s’y connaît en voyages temporels (il a réalisé le pas désagréable « Looper ») qui chantait les louanges de ce film…et de « Upstream Color » aussi, par la même occasion.[/quote]

Outre, ou en plus du voyage dans le temps, et croyez moi le temps vous allez le trouver long comme un jour sans pain (sans fin ?), il s’agit de la place qu’occupe dans ce film ce qu’on appelle la hard science, tout est dans le terme, or donc la hard science est une branche de la SF qui ne m’inspire pas du tout.
Surtout depuis que je me suis rendu compte qu’à partir du premier roman de science-fiction, Frankenstein, les écrivains de **SF ** n’avaient pas envisagé l’invention de la guitare électrique.

Donc, comme la SF peut-elle se targuer d’écrire sur la science, voire sur le voyage dans le temps, alors que contre toute attente elle a été incapable de futuriser la guitare électrique ?

Je vous le demande !!!

Pour le lien SF / voyage dans le temps / guitare électrique, il y a tout de même « Retour vers le Futur » qui résume l’invention du Rock n’Roll au « paradoxe de l’écrivain » : Marty Mc Fly musicien de rock remonte le temps vers les années 50, joue un bon vieux « Johnny B. Goode » pas encore écrit à l’époque et provoque l’invention du rock. Etonnant, non ?

Pour le rest, oui c’est assez juste, les allergiques à la veine « hard science » peuvent allègrement passer leur tour, ça n’est que ça tout le métrage. Qui repose, c’est vrai aussi, sur un rythme un peu particulier en partie compensé par la concision du film.o

[quote=« Photonik »]Pour le lien SF / voyage dans le temps / guitare électrique, il y a tout de même « Retour vers le Futur » qui résume l’invention du Rock n’Roll au « paradoxe de l’écrivain » : Marty Mc Fly musicien de rock remonte le temps vers les années 50, joue un bon vieux « Johnny B. Goode » pas encore écrit à l’époque et provoque l’invention du rock. Etonnant, non ?

…][/quote]

Je parlai là de la futirition de la guitare électrique avant qu’elle ne soit inventée.
N’est-ce pas ! :wink:

Oui, j’entendais bien, c’était une petite digression !
Difficile de résister à la tentation d’évoquer « Retour vers le Futur » quand on parle de voyages dans le temps, à plus forte raison quand une guitare électrique s’invite dans l’équation…

Sinon, j’aurais bien aimé entendre d’autres avis sur « Primer », nos deux avis exprimés ici représentant un peu les deux extrémités du spectre en termes d’appréciation…

[quote=« Photonik »]…]

Sinon, j’aurais bien aimé entendre d’autres avis sur « Primer », nos deux avis exprimés ici représentant un peu les deux extrémités du spectre en termes d’appréciation…[/quote]

Ce film a semble-t-il connu une sortie plutôt confidentielle dans l’Hexagone, non ?

Et je crains que ceux qui se sont aventurés dans les salles obscures hexagonales devant l’inanité du spectacle en sont ressortis plus vite que des tachyons. Ou alors ils se sont endormis. Y sont peut-être encore là-bas d’ailleurs.
:wink:

Je ne crois même pas que « Primer » soit sorti en salles en France, en tout cas si c’est le cas je l’ai loupé à l’époque. Je l’ai découvert en DVD…
De toute façon, si sortie salles il y a eu, elle a été confidentielle, c’est certain.

Mais comme je sais qu"il y a d’une part de nombreux adeptes de SF ici (« hard science » ou pas), et que d’autre part les années 2000 ont été plutôt avares en science-fiction cinématographique (à l’inverse des années 2010 qui semblent un peu mieux parties en la matière), je pensais qu’on aurait d’autres échos et d’autres appréciations sur ce film. Wait and see !!!

[quote=« Photonik »]
De toute façon, si sortie salles il y a eu, elle a été confidentielle, c’est certain.[/quote]

C’est bien ça…une sortie confidentielle en 2007, soit 3 ans après sa sortie US.

Je ne l’ai toujours pas vu mais je le ferais dès que l’occasion se présentera, ces deux avis diamétralement opposés m’intriguent…

Nom de dieu, quelle claque. Un putain de film, qui tient à peu près du jamais vu, je crois bien.

Premier point pour faire bref : les allergiques à « Primer », premier essai du bonhomme, peuvent allègrement passer leur chemin ; comme dans son premier long, Shane Carruth ne facilite pas la tâche de son spectateur, c’est rien de le dire.
Mais pour qui aura la patience d’attendre que le film délivre ses trésors (c’est-à-dire après au moins une deuxième vision, si d’aventure la première vous a suffisamment intrigué…), c’est un délice.

Le film raconte une étrange histoire à la lisière de la science-fiction (version Hard Science, mais rien d’inabordable) et du thriller, le tout racontant en sus une bouleversante histoire d’amour, sur fond de télépathie, hypnose, micro-biologie, botanique et…élevage de porcs.
On comprend bon an mal an les tenants et les aboutissants de l’intrigue, mais il est clair que Carruth aborde ici son script d’une manière très particulière, façon Nouvelle Vague (« faire le film contre son scénario » disait en substance Truffaut). Elliptique, fragmentaire, lacunaire, l’histoire que nous raconte Shane Carruth l’est vraiment d’une manière très particulière. Le script est une sorte de base de travail et Carruth travaille ses motifs à partir de là, sans chercher à forcément illustrer le scénario dans sa globalité (escamoter ainsi la rencontre entre les deux principaux protagonistes, il fallait oser). On imagine que le cinéaste a procédé par épures progressives, dégraissant son script d’abord à la fin de l’écriture, puis au tournage et surtout au montage (incroyablement travaillé, notamment aux niveaux des transitions, bluffantes par moments, et très cut aussi, le film est tout sauf chiant parce que le rythme est très soutenu).
Il bricole de plus, pour un budget paraît-il dérisoire (on parle de 40 000 dollars, mais Carruth ne souhaite plus communiquer sur ses budgets depuis « Primer »), des plans absolument magnifiques, ce qui est devenu possible par la démocratisation des caméras numériques HD pas chères et au rendu assez hallucinant. Le feeling global (voilà qui va en faire hurler plus d’un) rappelle un peu le Malick de « Tree of Life ».

C’est au niveau du son que le film se révèle le plus impressionnant : comme « Berberian Sound Studio » il n’y a pas très longtemps, « Upstream Color » est un grand film sonore. Carruth a du en avoir conscience / envie dès l’écriture, car il ménage même une mise en abyme intéressante sur le sujet (un des persos, le plus mystérieux, fait des « fields recordings » à la Chris Watson pour produire de la musique…). Le film est de ce point de vu-là une réussite absolue.

Chapeau. Je l’aurais bien bouffé mon chapeau, d’ailleurs, pour voir « A Topiary », le scénar’ de 240 pages (!!) jamais tourné sur lequel Carruth a bossé des années sous la houlette de David Fincher. C’était une sorte de thriller robotique totalement fou mettant en scène une bande de gamins fabriquant leur propre « machine » qui se trimballait une réputation de fou sur le web, mais justement, trop fou, trop barré, pas raisonnable, le film est tombé à l’eau.
A mon humble avis, « Upstream Color » est de nature à faire oublier cet échec, tant le film est abouti et extrêmement original…

https://www.youtube.com/watch?v=aQ-Ip7w7Po4