VALÉRIE AU PAYS DES MERVEILLES (Jaromil Jires)

REALISATEUR

Jaromil Jires

SCENARISTES

Jaromil Jires et Esther Krumbachova, d’après le livre de Vitezslav Nezval

DISTRIBUTION

Jaroslava Schallerova, Helena Anyzova, Petr Kopriva…

INFOS

Long métrage tchécoslovaque
Genre : drame/fantastique
Titre original : Valerie a týden divu
Année de production : 1970

Le « Pays des Merveilles » de la jeune Valérie ne ressemble pas vraiment à celui d’Alice. C’est un paysage intérieur, un monde de l’esprit qui se perd entre rêve et réalité. Le film de Jaromil Jires, qui participa à la nouvelle vague du cinéma tchécoslovaque dans les années 60, brouille constamment les perceptions, de sorte qu’il n’est pas souvent aisé de savoir ce qui tient ou pas du fantasme. La nature onirique du récit fait alors qu’il n’est pas non plus si simple de le résumer, de lui donner une linéarité qu’il n’a pas de toute façon.

Valérie au Pays des Merveilles peut être vu comme un conte de fées sombre, marqué par un fort symbolisme. Il parle du passage à l’âge adulte d’une fille de 13 ans, qui va voir le monde autrement suite à ses premières règles. La chambre de Valérie est d’un blanc immaculé, presque une maison de poupée bouleversée par des visions rouge sang qui prennent la forme de gouttes tombant sur une marguerite ou d’une bouteille de vin qui se répand sur une table…

Autour de Valérie, joliment interprétée par la débutante Jaroslava Schallerova, tout change et sa sexualité naissante amène aussi bien l’envie que le danger, son univers fantastique mêlant l’amour et la peur, cette dernière étant notamment représentée par le carcan hypocrite de la religion. Les hommes d’église ont d’ailleurs tous la forme d’être dégénérés, aussi bien physiquement que psychologiquement, des vampires qui se nourrissent de la jeunesse et l’empêchent de s’exprimer, de vivre, d’aimer librement…

Jaromil Jires multiplie les plans troublants et se sert efficacement de l’imagerie gothique (à la Hammer par exemple) pour construire ses motifs, dans un mise en scène kaléidoscopique qui ne donne pas toujours les clés pour bien saisir tous les enjeux…ce qui n’est en fait pas si gênant que ça tant il réussit à tenir jusqu’au bout sa rêverie, passant d’une scène à l’autre de situations cauchemardesques à des visions plus solaires…

Quatrième long métrage de Jaromil Jires, Valérie au pays des merveilles est une fable initiatique étonnante…tellement sensuelle et déroutante à la fois (par certains sujets abordés, comme la pédophilie et l’inceste), critique et poétique, érotique et horrifique. Une oeuvre à l’imagerie troublante et ouverte aux interprétations…

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À noter, quelques hommages musicaux :

  • l’éphémère Valerie Project, totalement centré autour du film, une sorte de super-groupe pour des membres de la scène folk psychédélique de Philadelphie, avec des membres d’Espers, Fern Knight et Fursaxa, entre autres intervenants…
  • Et la chanson « Valerie » du très regretté groupe Broadcast (RIP)
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