VENOM #1-34 (Donny Cates / Stegman, Coello, Bagley)

D’ailleurs, puisqu’on parle de rattrapage de lecture…

Donc, Brock a fait l’expérience des pouvoirs de Dylan, qui peut blesser des symbiotes, mais également les commander à distance. Inquiet des capacités nouvelles de l’enfant, il décide de demander de l’aide au Maker, dont il se méfie comme de la peste, mais qui pourrait peut-être lui apporter un quelconque éclairage. C’est là qu’il découvre que ce Reed Richards alternatif porte désormais un symbiote lui aussi, et a développé des connaissances nouvelles sur ces derniers. Mais au moment où les choses se précisent surgit un nouvel ennemi, un certain Virus, qui visiblement entretient une certaine rancœur à l’endroit du héros. On pourra remarquer que le scénariste invente ici un personnage composite (prismatique ?), arborant une armure de War Machine, des peintures de guerre semblable à celles du Punisher, et un planeur sans doute piqué à un Goblin (qu’il soit « green » ou « hob »). Le mystère de son identité sera maintenu quelques épisodes, dans ce qui me semble être un évident clin d’œil aux démasquages traditionnels de la lignée Osborn (et des séries consacrées à Spidey).

Baston, explosion, tout ça : le portail que le Maker a construit en vue de retourner sur son monde à lui (qui dont n’a pas été détruit ? Je comprends plus rien à l’univers post-Hickman, moi…) catapulte ce dernier, Eddie, Dylan et Virus dans d’autres mondes. Si le Maker semble être arrivé dans un monde qui ressemble au sien et qui lui convient, les trois autres ont atterri dans un autre univers alternatif.

Dans ce monde, c’est Venom qui règne. Brock fait notamment la rencontre d’un groupe d’Avengers vénomisés qui font régner une justice expéditive sur la société. On retrouve ici une vision proche de celle que Cates avait proposé dans son Cosmic Ghost Rider, avec des immeubles ornés du logo du personnage et une société pacifiée par la terreur.
À la fin de l’épisode, ayant la preuve qu’il vient d’atterrir dans une dystopie (dont le catalogue Marvel a le secret), Brock croise le chemin des inévitables résistants locaux, parmi lesquels on peut retrouver des versions alternatives de Peter Parker, Cletus Kasady, Wade Wilson et Andi Benton (encore l’inclusion d’un élément du passé vénomien : Cates ne jette rien). Plus grande surprise encore, ce commando souterrain est fédéré par l’Agent Venom, qui n’est pas le Flash Thompson de cet univers, mais… Annie, la femme que Brock a aimée et perdue. Sauf que dans ce monde, c’est Eddie lui-même qui est mort !

Parallèlement à tout cela, on apprend également que ce monde a été conquis par un certain Codex. Si le mot évoque quelque chose à Brock (et aux lecteurs d’Absolute Carnage), on croit un temps reconnaître en ce personnage une version de Knull, peut-être moins puissante mais en tout cas aussi nuisible. Cependant, quelques indices, à commencer par la réaction de Codex à l’annonce de la présence d’Eddie dans son univers, laissent présager que, comme souvent, la vérité est ailleurs…

Le début du récit est illustré par Iban Coelho, qui assure des planches très dynamiques à l’encrage précis. Il est remplacé par Juan Gedeon, dont le trait est plus suggestif, moins précis, plus flou, mais qui ne manque pas de charme et d’énergie (ah, les bastons dans les égouts), même si certaines cases font un peu brouillon.

La belle surprise provient des deux derniers chapitres, illustrés par Luke Ross, qui s’encre dans un style nerveux, plein de hachures et de déliés, qui s’inscrit un peu dans la lignée de l’encrage « brouillon propre » qui fleurit ces temps-ci (dans la foulée des Sean Murphy et des Matteo Scalera). On sent les coups de plume, c’est particulièrement vivant, et ça m’a également rappelé le travail d’un Kieron Dwyer. Super chouette.

Si « Venom Beyond » demeure une exploration d’univers parallèle parmi d’autres, avec son lot de révélations (que sont devenus les versions alternatives des personnages, comment le destin a basculé), elle sert aussi l’avancée du récit (on a la confirmation de l’identité de Virus, ce qui permet aussi de développer de nouvelles capacités régénératrices des symbiotes, et donc de « réparer » Brock sans que ça fasse trop « cheveu sur la soupe ») et vaut vraiment pour sa conclusion, qui est assez chouette : plutôt que de tabasser le méchant, Eddie et Annie tentent autre chose, à savoir une embrassade guidée par le pardon. Cela inscrit la séquence dans la logique récurrente de la série, à savoir « ensemble, on est plus forts ». Cela renvoie aussi à certaines séquences intéressantes dans d’autres récits du scénariste, impliquant le rapport entre le corps, l’esprit, le mal et le pardon. C’est plutôt bien troussé.

Le cinquième chapitre ramène, à la fin, Eddie et Dylan dans leur monde d’origine. Où bien entendu, les étoiles ont disparu : il s’est passé des choses durant leur absence, et ça annonce King in Black.

Jim