VINGT ANS APRÈS (Jean Van Hamme / Dany)

Je pensais que Vingt ans après, la suite d’Histoire sans héros, avait son propre sujet. Visiblement, il n’en est rien. Et contrairement à certaines de mes lectures récentes, je me dis que l’album mérite bien d’avoir son sujet à part. Dont acte.

Ainsi que je l’évoquais dans le sujet consacré au premier volet, Histoire sans héros a marqué un tournant : récit choral, tonalité dure, c’était une avancée dans les productions de 1977. Le récit est un succès, bien sûr, mais surtout demeure dans les esprits et installe sa légende de jalon dans le petit monde franco-belge. Il n’est donc pas étonnant que l’éditeur et les auteurs, vingt ans plus, décident de revenir sur les lieux du crash d’avion, qui sert de décor au précédent album.

Vingt ans ont passé, les auteurs ont vieilli, et les personnages aussi. Le récit s’articule autour de Laurent Traillac, seul personnage adolescent du premier volet, qui a bien grandi depuis. Son aventure commence alors qu’un scandale touche une institution internationale, à la tête de laquelle va arriver un homme que l’on accuse d’être un ancien nazi (écho de l’affaire Waldheim, qui a défrayé la chronique une décennie plus tôt). Ce scandale est rapidement associé à la mort « par accident » de plusieurs personnages, qui ne semblent pourtant pas relever de la coïncidence. Puis Laurent meurt aussi dans l’explosion de son hélicoptère. Sauf qu’il n’est pas mort, mais « exfiltré » par les services secrets français, en collaboration avec leurs homologues israéliens. Pour Laurent, une mission attend : retrouver les lieux du crash et dénicher des microfilms que possédait l’un des passagers… qu’il a connu durant leur épreuve, vingt ans plus tôt. S’ensuit donc un voyage qui les mène aux quatre coins du monde à la recherche d’autres survivants qui auraient peut-être pu retrouver l’épave.

Ce deuxième volet évite l’écueil de répéter la structure et les choix narratifs du premier. Au huis-clos dans la jungle succède une quête dont les participants sont réticents pour mille raisons. Retrouvailles, réflexions sur les temps qui passe, sur les choix et les renoncements, le tout avec son lot d’action et de rebondissements. Lorgnant parfois vers Apocalypse Now (la remontée d’un fleuve et ses étapes violentes) ou vers Quand les aigles attaquent (pour l’enchaînement de retournements à la fin), cette deuxième histoire sans héros n’a pas la force de la première, mais brosse des portraits vivants de personnages attachants.

La conclusion, douce-amère, laisse les lecteurs sur une réflexion à entreprendre concernant les secrets à dévoiler et la boue du passé. Ils sont abandonnés là, au mot « fin », à côté de Laurent et Florence, devant le caractère inéluctable de la raison d’État et l’impuissance, peut-être consentie. Les limites de la révolte.

Jim

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Jim