Bonsoir à tous.
Après quelques échanges sur le forum, certains se sont montrés intéressés par la nouvelle passion qui hante mon existence depuis bientôt un an : les Lego.
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Et oui, les petites briques et petites figurines jaunes (qui ne le sont plus uniquement, mais on y reviendra) ont fait leur grand retour dans ma vie, après (comme je pense pour beaucoup) une grosse période dans mon enfance, faite de constructions multicolores, de sets (les paquets/produits emballés dans un carton) quasiment jamais montés et toujours anéantis, et de fusions terribles de personnages.
Ma passion pour les Lego a ressuscité pour des raisons plutôt précises et simples : au-delà du fait que, au fond, je pense qu’elle n’a été qu’en sommeil, ma découverte du formidable potentiel de fun de posséder de nombreuses figurines des nombreux personnages DC, Marvel et Star Wars en petit format, transportables tout le temps, relativement peu chères (enfin, c’est ce que je pensais au début…) et diversifiées a été déterminante. Fan de comics depuis longtemps, je trouve juste TERRIBLEMENT GENIAL d’avoir mes petits Avengers, mes petits Batmen (j’en ai une bonne demi-douzaine), et de pouvoir construire mes propres versions.
C’est, d’ailleurs, ici l’intérêt fondamental de ma passion, et de la passion de beaucoup pour les Lego : la création.
C’est pour ça que je suis devenu un A.F.O.L.
Qu’est-ce qu’un A.F.O.L. ?
Adult Fan Of Lego, terme reconnu par les membres et par la communauté Lego elle-même. Cette catégorie se différencie de Kid Fan Of Lego ou Teenager Fan Of Lego, mais ces dernières sont moins connues, pour une raison simple : cette passion est chère, et je ne suis pas persuadé que les plus jeunes aient les capacités de suivre et/ou de promouvoir autant leurs créations que leurs aînés.
Bien entendu, il y a différents « types » d’A.F.O.L. : certains sont globalement des modélistes, appréciant le principe de monter les sets et de les exposer, une forme de modélisme ; certains sont des fanas de M.O.C., en clair My Own Creation, ce qui correspond à la création totale de minifigurines ou de constructions complètes. Cela consiste à prendre ce qui existe (briques, minifigurines) et de construire avec et autour, pour dépasser les produits Lego pour parvenir à son but.
Un exemple de M.O.C. total :
Ou en minifigurines Batman, avec l’original à côté :
Et je ne résiste pas au fun de ces deux M.O.C. moins saisissants que le premier, mais que j’adore :
De ce fait, les A.F.O.L. sont très diversifiés, mais réunis autour d’une passion : les Lego, mais surtout le principe de création et d’échange autour des petites briques. Mais d’où cela vient-il ?
Petit rappel : qu’est-ce que Lego ?
Lego a débuté dans l’atelier de Ole Kirk Christiansen au Danemark en 1932. Charpentier de son état, Christiansen s’est tourné vers le plastique suite à l’incendie de son atelier et à la mauvaise qualité du bois dans cette période d’après-guerre. Les premières années n’ont pas donné de franc résultat, et c’est en 1958, avec le plastique ABS, que les briques construites par la firme ont pu s’assembler, et que tout pu commencer. La première figurine verra, elle, le jour en 1978.
Les années 70 marqueront véritablement l’expansion de la marque, avec une différence entre les briques filles/garçons, et une percée dans des thèmes spécifiques comme Lego City (toujours en cours), Lego Space (fusionné désormais dans le premier), etc. Peu à peu, Lego s’est avancé dans tous les domaines : Lego Castle, et a même créé les gammes Lego Technic (pour les pièces vraiment particulières, poussées) puis Creator (pour les A.F.O.L., mais nous y reviendrons).
Technic :
Creator :
Cependant, si Lego a régné pendant longtemps sur l’enfance des plus jeunes, un déclin profond s’est immiscé entre 1992 et 2004. Une terrible chute des bénéfices, un manque d’intérêt de la population et des tentatives ratées de faire sous-traiter la production de figurines et de gammes liées aux grands succès du moment : les premiers Lego Star Wars ou Harry Potter sont, objectivement, plutôt laids et mal faits.
Ancienne minifigurine Luke Skywalker :
Actuelle :
Bref, une crise globale et profonde, notamment liée au fait que Lego souhaitait conserver une approche axée sur les plus jeunes, zappant complètement ce qui allait faire son immense succès actuel : la passion de l’Humain pour la construction et la collaboration.
Je l’ai évoqué précédemment, tous ceux qui ont eu des Lego ont d’abord monté/tenté de monter les sets, avant de les mixer entre eux, de créer d’autres créations, de mettre les jambes d’une minifigurine d’un pirate sur un torse d’astronaute… bref, de créer.
Or, un peu comme Ikea actuellement (qui refuse toute idée de collaboration/modification de leurs meubles par les gens, ou en tout cas l’entreprise interdit d’en faire la promotion et d’organiser une communauté de modification de leurs produits), Lego n’appréciait guère le principe de certains précurseurs de modifier les sets de façon globale. A titre personnel, j’avais déjà tenté de faire « mon » Superman avec une petite cape rouge plastique sur un torse bleu et des jambes bleues avec une ceinture rouge… idem pour Wolverine avec un gros casque et des cures-dents coupés et scotchés sur les mains.
Bref, au début des années 2000, la direction de Lego prend la décision courageuse de modifier ENTIEREMENT leur mode de fonctionnement. L’idée est de profiter de l’attrait nostalgique des trentenaires actuels, qui ont grandi avec les Lego et qui ont, pour la plupart, toujours ce plaisir (coupable à l’époque) de monter les briques et de s’amuser avec ; mais aussi de profiter de l’immense créativité de certains, capables de M.O.C. extraordinaires.
Peu à peu, Lego a réintroduit la gamme Duplo pour petits, a étendu ses gammes pour se rapprocher de plus en plus des centres d’intérêt… des plus vieux. Après une gamme Lego Adventures avec des copies d’Indiana Jones ou Lego Time Travellers avec des copies de Marty et Doc, tentative initiale de se relancer, ils ont commencé à aller plus vite et à acquérir définitivement les licences, pour créer eux-mêmes les sets.
Sont ainsi apparues les gammes Indiana Jones, mais aussi Star Wars reprises avec des figurines superbes, puis après Batman, puis Marvel… jusqu’à la folie actuelle, avec le nouveau jeu Lego Dimensions qui pille les grands univers de la culture populaire (DC, Seigneur des Anneaux, jeux-vidéos, Retour vers le Futur, etc.) pour créer un gigantesque crossover avec un jeu vidéo et des minifigurines !
Bref, Lego a décidé de profiter de cette communauté qui existait sans eux pour retrouver fortune & gloire grâce à eux. Ils ont également relancé des gammes pour enfants ou génériques (Ninjago, un principe classique mais très efficace avec un dessin animé très porteur ; le retour de Castle, des gammes City qui vont jusqu’à l’exploration aux Pôles, la conquête spatiale, la chasse aux voleurs ; les tentatives, plus ou moins échouées, de Bionicle ou d’Ultra-Agents ou d’autres pour surfer sur les grands thèmes généraux, après tout Lego échoue aussi).
Un vrai esprit de communauté s’est instauré entre les acheteurs et monteurs, avec d’innombrables plateformes de discussion et d’entraide. Mieux, Lego a définitivement franchi le pas avec LEGO IDEAS.
Lancée en 2008, cette initiative est d’une puissance terrible : quiconque s’inscrit au site peut proposer un set, un M.O.C. de sa création. Si les autres inscrits votent en suffisamment grand nombre, Lego s’intéresse au produit, vérifie la viabilité et la possibilité d’acquérir la licence si besoin, et si c’est bon… ils le lancent ! Ils lancent la production, donnent 1% des bénéfices au créateur et tout le monde peut l’acquérir.
J’adore cette idée simple, mais qui permet à tous de se sentir impliqués, par la création et le vote. Et ça fonctionne !
Le premier, uniquement lancé au Japon, a été un sous-marin : ideas.lego.com/projects/96 .
http://vignette4.wikia.nocookie.net/lego/images/d/d4/21103_box.jpg/revision/latest?cb=20130717194149
Le cinquième a été un laboratoire sur Mars : ideas.lego.com/projects/58456 . Et un set Dr Who sortira bientôt !
Lego encourage les M.O.C., le partage et l’esprit communautaire. Et c’est là, je pense, l’attrait fondamental de cet univers : on peut TOUT y construire.
Même si Lego n’a pas encore tout créé, ce n’est pas si difficile de construire sa propre Batcave :
Ou son propre Baxter Building :
A la différence de Playmobil, dont le mantra « En avant les histoires » fonctionne très bien avec des figurines qui permettent de construire toutes sortes d’intrigues, Lego permet de TOUT créer : les histoires, mais aussi l’environnement, le fonctionnement, etc.
Avec Lego, nous sommes architectes généraux de tout un univers. Cela appelle concentration, imagination, et folie - et Lego l’encourage ! La preuve, le film Lego Movie sorti il y a quelques années est, en plus d’un bijou d’animation extrêmement beau et drôle, une ode à l’anarchie, à la destruction créative ! La morale du film est de ne pas laisser les briques et les figurines dans leurs petites boîtes, leurs petites constructions suivant le plan, mais bien de tout mélanger, de tout modifier pour s’amuser et laisser son imagination prendre le pouvoir ! Et c’est bien un film monté, produit et financé par la firme elle-même qui encourage à envoyer bouler les instructions et à ne rien faire comme prévu. C’est génial.
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Bref, j’ai peur de m’être un peu perdu sur l’histoire de Lego, mais l’idée principale est : Lego permet et encourage la création. La firme, après des déboires, a décidé de ne plus vivre à côté de ses fans, mais de profiter d’eux pour 1) leur offrir ce qu’ils veulent (les gammes Star Wars, Marvel ou autres) 2) leur permettre d’impacter durablement les gammes avec LEGO IDEAS 3) sortir d’une image vieillotte pour impacter les jeunes et les moins jeunes 4) redevenir puissante grâce à ça. Et ça fonctionne !
En définitive, pourquoi j’aime Lego ? Pourquoi je suis un A.F.O.L. ?
Parce que c’est trop cool.
Avec mes briques, je peux créer tout ce que je veux, monter, construire, user mes connaissances techniques et scientifiques pour que tout fonctionne. Mettre deux briques ensemble est simple, mais imaginer/prévoir/confectionner ça :
c’est un peu plus compliqué.
Mieux encore, Lego me permet de tout contrôler, de tout imaginer, et de produire vraiment quelque chose avec mon esprit et mes mains. Aimant écrire, j’adore imaginer des histoires, mais créer leur environnement en Lego est gratifiant car il y a un retour physique à plusieurs heures d’effort (qui ne donnent, parfois, qu’un bon paragraphe d’écriture).
En définitive, bis, Lego donne tout pouvoir à l’imagination et à la création. Et c’est génial.
C’est pour ça que j’adore ça, c’est pour ça que je m’y plonge autant. A la base, c’était pour les figurines comics, mais j’ai dépassé ça pour créer mes propres figurines, et pour les mettre en place dans des photographies que je partage dans des petites scènes.
J’en parlerais plus dans un autre message si ça intéresse quelqu’un.
Bref. Ca a l’air bien long, tout ça, et la belle structure envisagée au départ (il y a 3 heures) a dû disparaître, j’en suis désolé… mais c’est aussi ça, Lego ! Le moment où, après avoir suivi la moitié du livret d’instruction, on décide de modifier entièrement le Quinjet Avengers qu’on est en train de construire pour y rajouter d’autres éléments et en faire un vaisseau steampunk. PARCE QUE C’EST FUN, PARCE QU’ON LE PEUT, PARCE QU’ON A LE POUVOIR ET PARCE QUE LEGO ADORE QUAND ON FAIT CA.
Lego amuse les enfants, les adultes et les pousse à créer, construire, réfléchir, modifier et improviser. Cette ultime note est naïve, et je suis loin de penser que la firme cherche autre chose en premier que le bénéfice, mais cette ode à la création personnelle et aux limites repoussées n’est-elle pas une des meilleures façons de grandir ?
J’espère vous avoir intéressé, je suis à votre disposition pour répondre aux questions (de ceux qui ont eu le courage de tout lire) !