REALISATEUR
William Beaudine
SCENARISTE
Robert Charles
DISTRIBUTION
Bela Lugosi, John Carradine, George Zucco, Louise Currie, Tod Andrews…
INFOS
Long métrage américain
Genre : horreur
Année de production : 1944
En 1944, date de tournage (et de sortie) de Voodoo Man, le réalisateur William Beaudine avait déjà une longue carrière derrière lui. Il débuta en tant qu’acteur en 1909 dans les courts-métrages de D.W. Griffith avant de mettre en scène un nombre impressionnant de petits films muets jusqu’en 1922, date à laquelle il passa aux longs. Il mit en boîte pas mal de films pour les grands studios avant que ses problèmes d’argent ne l’obligent de revoir ses ambitions artistiques. À partir de 1940, il travailla exclusivement dans le B et le Z et dans tous les genres, bossant vite et dans la limite de budgets très serrés, en tournant la plupart de ses films en quelques jours. Ses détracteurs l’ont même surnommé « One-Shot » Beaudine, prétextant que le bonhomme ne se contentait que d’une seule prise, que la scène soit ratée ou pas. La filmographie de William Beaudine compte plus de 370 crédits, plus de 350 longs et courts métrages et une vingtaine de séries télévisées dans les années 50 et 60. C’est d’ailleurs sur le petit écran qu’il termina sa carrière en 1968 avec la réalisation d’un téléfilm spécial sur Mickey Mouse pour Disney.
Retour en 1944. Beaudine enchaîne les séries B fauchées à la chaîne pour Monogram Pictures, l’un des studios de la Poverty Row. Il y dirige notamment à trois reprises Bela Lugosi, le légendaire interprète de Dracula, dans Ghosts on the Loose, L’Homme-Singe et ce Voodoo Man.
Voodoo Man est le neuvième et dernier film que Lugosi devait par contrat à la Monogram. L’acteur hongrois fut vite catalogué dans des rôles horrifiques après la sortie de Dracula et dut donc accepter de tourner dans des petits budgets lorgnant de plus en plus vers le Z (jusqu’à finir chez chez Ed Wood), faute de pouvoir convoiter des rôles importants pour les grands studios (et son accent prononcé ne lui facilitait pas les choses).
Voodoo Man reprend certaines caractéristiques des rôles précédents de Lugosi : il est à nouveau un savant qui cherche par tous les moyens à redonner vie à sa femme défunte (comme dans The corpse vanishes sorti en 1942 par exemple). Avec ses alliés, il utilise ici un mélange de suggestion post-hypnotique et de vaudou pour transférer l’énergie vitale d’infortunées jeunes femmes au corps de son épouse. Un scénariste d’Hollywood (!), à la recherche de la cousine de sa future femme qui figure parmi les proies du savant fou, va lui mettre des batons dans les roues…
Emballé comme souvent en à peine 60 mn, Voodoo Man vire très vite au comique involontaire, par le biais de situations grotesques, de dialogues risibles et d’une interprétation outrée (volontairement ou pas). La performance de Bela Lugosi est pourtant ici plus sobre qu’à l’accoutumée, mais George Zucco (Moriarty dans Les aventures de Sherlock Holmes) et John Carradine (Les Raisins de la Colère), deux solides figures du genre, cabotinent comme des sagouins dans la peau des acolytes du savant fou.
Décors branlants, costumes de pacotille, effets à l’économie…pas de doute, on est bien ici dans les tréfonds du catalogue de la Monogram.
Aussi laborieux et mal fagoté soit-il, Voodoo Man s’ouvre et se referme sur une amusante mise en abîme : le héros travaille en effet pour Banner Productions, la boîte qui s’est chargée de produire Voodoo Man pour la Monogram. Le patron du scénariste lui demande de lui trouver une idée pour un film d’horreur pendant le congé qu’il prend pour ses futures noces. À la fin, celui-ci lui rend le script…de Voodoo Man ! Et quand son boss lui demande quel acteur serait idéal pour le rôle du méchant, il répond : « Bela Lugosi…c’est fait pour lui » !