VOYAGE AU PAYS DE LA PEUR (Norman Foster)

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REALISATEUR

Norman Foster

SCENARISTE

Joseph Cotten, d’après le roman de Eric Ambler

DISTRIBUTION

Joseph Cotten, Dolores Del Rio, Jack Durant, Everett Sloane, Orson Welles…

INFOS

Long métrage américain
Genre : thriller
Titre original : Journey into Fear
Année de production : 1943

Inspiré par un roman de Eric Ambler, Voyage au pays de la peur suit le périple de Howard Graham, un ingénieur américain travaillant pour une compagnie d’armement qui se retrouve pris pour cible par des agents nazis pendant une escale à Istanbul. Le chef des services secrets le fait alors embarquer sur un bateau en direction de Batoumi. Mais Graham n’est pas sauvé pour autant…

D’après les crédits du film, Voyage au pays de la peur est réalisé par Norman Foster (qui s’est précédemment illustré sur des longs métrages des séries Mr Moto et Charlie Chan) et écrit par l’acteur Joseph Cotten (pour un de ses rares scénarios…il aurait aussi contribué sans être crédité au script de La Splendeur des Amberson)…mais l’autre force créatrice derrière cette adaptation est bien Orson Welles, qui s’est donné le rôle du truculent Général Haki, le chef des services secrets turc.

Orson Welles devait d’ailleurs à l’origine passer derrière la caméra, mais son travail sur La Splendeur des Amberson et le documentaire It’s all true l’ont obligé à passer la main à Norman Foster. Mais Voyage au pays de la peur porte bien sa griffe : il l’a produit, a participé au découpage de nombreux plans et notamment ceux de la (brillante) séquence d’ouverture. Il aurait également co-écrit le scénario avec Joseph Cotten. D’après une interview tardive de Welles, les conditions de tournage difficiles ont fait de l’oeuvre une collaboration sur tous les points, même s’il n’a jamais été confirmé officiellement que des plans ont été effectivement mis en boîte par Orson Welles.

Mais Voyage au pays de la peur a été pris dans les nombreux conflits qui ont opposé Welles à la RKO. Comme La Splendeur des Amberson, le film lui a échappé et après avoir viré Orson Welles, le studio a fait remonter (par Mark Robson) ce thriller d’espionnage, raccourcissant sa durée de 90 mn à 68 mn. La narration s’en ressent, avec un rythme en dents-de-scie et une construction bancale. Tronqué, le résultat final ne manque quand même pas de qualités…

Visuellement, il y a en effet de belles idées, avec des cadrages particuliers et un travail sur les éclairages qui épousent le regard paranoïaque que Howard Graham porte sur l’expérience qu’il vit. Les scènes qui se déroulent sur le bateau réunissent une galerie de personnages pittoresques qui sont l’occasion de saynètes et de répliques souvent savoureuses. Avant que les choses s’accélèrent sur le fin avec une grosse scène d’action qui voit revenir le personnage d’Orson Welles…

Coincé entre les plus connus Citizen Kane et La Splendeur des Amberson, Voyage au pays de la peur représente une étape aussi inégale qu’intéressante du passage de Orson Welles à la RKO.