VOYAGE AU PAYS DE LA PEUR (Rodolphe / Jean-Jacques Dzialowski)

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Tiens, c’est marrant, je croyais avoir posté un avis sur le bouquin. Mais en fait, non…

C’est très sympa. Rodolphe ouvre son récit un peu à la manière de la littérature fantastique fin XIXe début XXe, sous la forme d’un témoignage. Et un témoignage fait à des gens qui ne sont pas n’importe qui, puisque le personnage narrateur raconte l’étonnant périple qu’il a vécu à un aréopage d’écrivains, parmi lesquels Howard Phillips Lovecraft (c’est quand même dommage de mal l’orthographier : je doute que Rodolphe ait commis ce genre d’impair, et je soupçonne davantage une correction intempestive). Il s’agit donc d’un récit dans le récit, dans la veine des pulps (on pense bien entendu aux pulps, à L’Appel de Cthulhu…), avec narration off, succession de péripéties inquiétantes voire horrifiques, et tous les passages obligés de ce genre de récits maritimes. Rodolphe propose des fausses pistes (fantôme, passagère clandestine, empoisonnement…) et convoque quelques ombres colossales dans le panthéon des imaginaires.

Le récit prend un certain tournant quand la passagère clandestine est démasquée. L’expédition (et ce qu’il reste de l’équipage) arrive dans une contrée glacée et fait la rencontre d’une civilisation humanoïde très accueillante, mais seulement en apparence. Le mystère trouvera son explication, grâce à l’intervention d’un nouveau personnage dont la présence aurait peut-être mérité quelques explications plus développées. La conclusion est sympa, bien amenée, on la devine un peu mais il reste peu de pages et ça fonctionne pas mal, comme une bonne chute de récit fantastique.

Graphiquement, Jean-Jacques Dzialowski livre des planches parfois un peu rapides, où les niveaux de gris au lavis ont été retravaillées (par Glénat), et ce n’est pas toujours du meilleur effet. Il y a de bonnes scènes, la découverte de la civilisation fonctionne bien, mieux que la fin du deuxième Lancaster. Il livre tout de même des planches pleines d’atmosphère, que ce soit dans l’autre civilisation et surtout dans les scènes concernant le cercle des écrivains. Le lettrage, qui n’est pas crédité, est fait un peu à la va-vite, plein de bulles sont placées de manière maladroite. Bref, la production ne met pas en valeur les auteurs, pour un récit à la croisée de plein d’imaginaires qui, avec un soin plus attentif, aurait pu séduire les amateurs du genre sans laisser une impression de bâclage.

Jim

Jim