Quelle étonnante bonne surprise que ce White House Down.
D’une certain manière, c’est l’hybridation impeccable entre Die Hard et 24.
Certes, le film n’est pas exempt de défauts, mais ils sont minimes et secondaires, et autant les évoquer tout de suite pour insister dans un second temps pour le chapelet de qualités (parfois liées aux défauts, justement…).
Le film ne se gène pas pour étaler quelques clichés (le flic un peu has-been, séparé et mauvais père…), mais c’est en général soutenu par des dialogues astucieux, amusants et bien caractérisés (l’échange « John, nous sommes tous les deux des adultes / parle pour toi » est le signe évident que les scénaristes ne sont pas dupes des outils et des modèles qu’ils manipulent). D’autre part, le système « plant / pay off » est un peu trop facile à dénicher (les tunnels, la montre, le fils étant facilement repérables en amont, ce qui court-circuite quelques surprises). Enfin, il y a les petits (ou gros) défauts d’Emmerich, à savoir le goût de la destruction (mais avouons-le, c’est un vrai plaisir jubilatoire, ces explosions à rallonge) et ses délires patriotiques (mais ici, le drapeau est tellement bien amené dans la narration, tellement bien tricoté, qu’il y a une dimension « ça tombe sous le sens »).
Le plus gros défaut selon moi d’Emmerich est qu’il ne sait pas donner à ses récits de suspense prenant et de fin percutante. Ses récentes grosses machines (et j’ai surtout 10 000 dans le collimateur…) annoncent ce qu’elles vont raconter et racontent ce qu’elles ont annoncé. Donc on a de jolies images, mais on n’a aucun suspense. Ce qui veut dire aucune implication, aucune immersion, aucune empathie.
Là, c’est tout le contraire. Des surprises, une surenchère et des acteurs vachement sympas (même Channing Tatum, qui est un peu en mode marmoréen pour le coup, mais qui m’a souvent fait penser à un Kurt Russell jeune, donc bon, j’ai du mal à pas aimer, quoi…), qui font du film une sorte de condensé de ce qu’une excellente saison de 24 peut donner.
Les méchants sont plutôt classe (avec un système de « chef du chef du chef », classique dans ce genre d’histoires mais toujours efficaces), pas caricaturaux, avec un panel assez large de motivations variées. Dans le même ordre d’idées, ces méchants (et l’origine de la menace) désamorce toute tentation de racisme, de patriotisme abruti ou de manichéisme réducteur (là encore, la comparaison avec 24 est évidente). Le héros est bien, il n’en fait pas trop dans le surjeu et il n’est pas entouré d’un pathos malvenu. Le Président est très bien, et la gamine, rentrant dans la catégorie des surdoués juvéniles dont le cinéma ricain est friand, a de vraies justifications et une personnalité attachante.
Question action, là encore, la comparaison avec Die Hard s’impose : c’est musclé, mais pas inutilement violent ni gore. Le rythme est calme au début, le film prenant, comme son illustre aîné, le temps de présenter les personnages, la situation et les enjeux. Les personnages secondaires sont présents et crédibles, et même s’ils sont réduits à quelques apparitions, on s’y attache et quand il leur arrive une tuile, on se sent concerné.
Enfin, et c’est pas une mince qualité, le film est plein de notes d’humour, qui allègent l’atmosphère mais permettent aussi de caractériser les personnages et de créer d’excellentes dynamiques dans des tandems de protagonistes (le Président qui monte à l’arrière de la « Diligence », c’est une touche super bien vue). Les dialogues fusent, et il n’est pas impossible que le film laisse quelques classiques (« Touche ! Pas ! À mes ! Jordan ! » ou « Arrêtez ! De Casser ! La Maison ! Blanche ! » venant en tête de liste).
Le film est palpitant, rapide, prenant, ne lâche pas son spectateur jusqu’à la toute fin (mais vraiment la toute fin), et il fait les choses sérieusement sans se prendre au sérieux (je commence à regarde Olympus Has Fallen, de Fuqua, et ça me semble un peu plus compassé, sérieux et bas du front que la version Emmerich, mais attendons de voir la fin…). C’est vraiment bien. Pour dire, même les gars du Masque & la Plume semblent avoir apprécié ! Là aussi, un exploit !
Donc bon, que ceux qui se méfient de l’Emmerich bourrin sans récit (10 000, Le Jour d’Après, 2012…) ou de l’Emmerich lourdement politique (Le Patriote…) mettent leurs réticences sous le boisseau : le réalisateur est en pleine forme et ne se contente pas de se faire plaisir visuellement.
Jim