WHITEOUT (Dominic Sena, 2009)

J’ai enfin vu Whiteout, une adaptation d’une BD de Rucka et Lieber que j’aime beaucoup.
C’est toujours risqué d’adapter un comic book, d’une part parce qu’on peut passer à côté de la tonalité ou édulcorer le sujet, et d’autre part parce qu’on peut se heurter à la sensibilité des fans, qui ne reconnaissent pas leur BD.
J’ai entendu beaucoup de mal concernant ce film, qui, d’après ce que j’ai compris, n’a pas bien été accueilli. Mais bon, je suis curieux, quoi !!!

Le film est franchement sympa. Ça se regarde bien, le casting est pas mal (Kate Beckinsale et Tom Skerritt, c’est toujours bien, Gabriel Macht et Alex O’Loughlin, c’est pas toujours très bon, surtout ce dernier, mais que voulez-vous…), les décors fonctionnent bien et il y a une bonne spatialisation et un bon usage des couloirs et autres lieux confinés. Les extérieurs décrivant les étendues glacées balayées par les vents violents parviennent à être brumeux sans être sombres.
Les flash-back, filmés dans un ocre chaud donnant un caractère faux aux images, peuvent dérouter, mais cette esthétique permet de bien différencier les souvenirs, sans doute ressassés et donc modifiés autant par une mémoire sélective que par les sentiments douloureux de l’héroïne.
Le montage est plutôt bon, rapide, carré sans être renversant, mais y a de bons plans, comme par exemple celui sur la glissière. Bref, c’est plutôt bien.
Une chose agréable, c’est que le film aligne les scènes d’action et de suspense, mais ce conclut sur un mode mineur, très doux, très calme, plein de non-dit et d’acceptation. C’est plutôt pas mal, pour un film qui veut s’inscrire dans la tradition du polar musclé.
Après, y a quelques scènes de la BD qui auraient été cool à adapter, mais qui ne sont pas présentes. Le caractère de Carrie Stetko est ici moins trempé, ou tout du moins il a moins de raisons de s’exprimer. Dans le film, elle est davantage intégrée au petit monde polaire, les rencontres se font donc sur un mode moins conflictuel. C’est un peu dommage.
Mais ça, on s’en aperçoit si on a des souvenirs de la BD. En tant que film, ça fonctionne plutôt bien.
Bref, j’avais peur d’être déçu, mais au final, ça se regarde très bien. Et ça me donne envie de relire la BD (enfin, les deux BD, d’ailleurs). Je suis sûr que je trouverais plein de raisons de pester à ce moment. Mais je sais que je passerai un bon moment de lecture.

Jim

Un peu décevant, y a pas vraiment l’ambiance du comic book ! (du moins, celle que j’ai dans mon souvenir) Et puis le scénar’, me semble un peu modifié ! Par moment, je trouve que ce n’est pas très clair dans la répartition des persos masculins, surtout dans la neige !
M’enfin, ça se regarde sans déplaisir ! (et ouais, ça donne envie de retourner voir les BD !)

Ouais, il y a pas mal de changement, notamment dans les relations qu’entretient Carrie avec les autres membres de la base, comme le souligne Jim. Le gros flashback du début, avec l’avion, a été rajouté par exemple. Et l’agent joué par Gabriel Macht est une création…dans la BD, Carrie fait équipe avec une femme.
Dans l’ensemble, j’ai plutôt bien aimé le film (même s’il supporte moins bien un second visionnage)…j’ai globalement le même avis que Jim.

Le comic book d’origine n’était pas loin de me tomber des mains mais je demeurais curieux de voir l’adaptation filmée de cette histoire. Bon, je n’aime pas davantage le film de ce que j’en ai vu (je me suis endormi au moment où toute la base est sur le départ) alors qu’il démarrait plutôt bien. L’ouverture du film dans l’avion est entraînante et dynamique, assez éloignée finalement de la tonalité attendue que prendra l’intrigue, et l’arrivée à la base qui suit de nos jours est bien négociée d’un point de vue mise en scène avec ce plan séquence descriptif au principe répandu, mais qui demeure efficace. ça se gâte à partir de la découverte du cadavre, point de départ d’une enquête relativement balisée, qui marque aussi l’inclusion de flash back grossiers dans la narration avec un filtre jaune pisse du plus bel effet (des fois que le spectateur serait trop benêt pour faire la distinction) et des effets numériques miteux; la chute du gars et son atterrissage au sol en slow motion notamment sont risibles et je sature un brin de cet usage intempestif du flash back, en mode pancarte lumineuse annonçant en grosses lettres « héroïne à trauma », qui dans ce cas dissimule mal sa fonction d’outil poussif pour un scénariste besogneux en mal d’inspiration. Le déroulé du film se suivrait sans trop d’ennui s’il n’y avait pas de temps à autre une ou deux séquences au comique involontaire gênant dont le plus bel exemple réside dans cette course-poursuite ridicule entre le tueur au piolet et l’héroïne, qui se sent obligée de pousser un cri à chaque fois que le gars brasse de l’air avec son bidule. ça me paraît difficile en pleine course quand on tourne constamment le dos à son agresseur de réagir précisément à chaque coup porté quand aucun ne fait mouche. ce fut l’occasion de rire un bon coup avant de sombrer dans un sommeil réparateur.

Je viens de le revoir, et c’est peut-être le plaisir de trouver un bout de soirée à passer sur le canapé (tous les éditeurs sont à Angoulême, y a quasiment pas de mails, je peux bosser sans avoir rien à quoi répondre), mais j’ai vraiment apprécié le film. Ouais, il s’écarte de la BD, mais il a un super-rythme, soutenu par une musique omniprésente (donc grosse ficelle facile, ouais, et alors ?), avec de chouettes idées de mise en scène (l’arrivée de Carrie est filmée par une caméra qui laisse entendre qu’elle est subjective, puisqu’elle s’arrête à regarder des choses que Stetko ignore, comme s’il s’agissait d’un autre personnage : ça permet de montrer le petit monde qu’on sera appelé à retrouver plus tard mais aussi à désamorcer les plans où Carrie est vue de loin… Assez ingénieux !). Et les personnages sont bien. Tom Skerritt, décidément, crève l’écran.

Jim