WONDER WOMAN (Patty Jenkins)

Le voilà, le film DC que j’aime.
Il a fallu un Green Lantern*, trois Batman, deux Superman et un Suicide Squad, aux défauts différents mais comparablement pénibles, pour que, enfin, je ressorte d’une salle avec le sourire.
Visuellement, c’est lumineux. Même les scènes de nuit, de brouillard ou de gaz ont de la lumière. Le costume montre ses couleurs, et ce n’est pas pas bleu acier et violet, c’est bleu et rouge, point. Même les scènes de petit matin gris, avec le soleil qui pointe bien centré dans le cadre sur un décor de ruines où l’on devine les murs verts du plateau, ne sont pas gris terne comme un fantasme de Snyder : même ces moments sont lumineux. On peut faire métallique et bleu sans faire gris et déprimant.
Le script s’enchaîne pas trop mal (on m’expliquera comment la victoire sur la plage peut nous faire oublier l’équipage du bateau qui a passé la barrière et, visiblement, s’est échoué sur les récifs, mais bon…), les trois actes étant bien articulés. Il y a des raccourcis maladroits (la traversée de la Manche est mal racontée et on ne la comprend qu’à la faveur d’un dialogue autour d’un feu de camp), mais les structures en plant / pay-off fonctionnent de manière assez élégante.
S’il y a des choses qu’on voit venir, c’est sur les origines de l’héroïne et l’identité du gros méchant. Mais ça, c’est sans doute parce qu’on connaît déjà la BD (des non-lecteurs peuvent avoir la surprise). Ça gâche un peu le plaisir, mais pas au point de le bouder, justement.
Il y a du drame, de l’humour (en général bien placé : les blagues de cul ne sont pas gratuites, c’est comme dans le Spider-Man de Raimi, ça nourrit la caractérisation), un personnage en pleine construction (Gal Gadot, pour magnifique qu’elle soit, n’est pas très expressive, mais ça sert bien le portrait d’une héroïne qui découvre le monde et traîne un regard naïf et effrayé sur la réalité), et surtout, surtout, il y a la scène des tranchées.
Voilà, on a enfin, enfin, ENFIN ! un super-héros qui se conduit de manière héroïque. Qui incarne un idéal. Et qui choisit d’agir en fonction de lui. Et ce super-héros, c’est une femme. Et elle nous donne une scène qui fait battre les cœurs et donne la niaque. Ce que le Superman de Snyder n’est JAMAIS parvenu à faire.
Le film n’est pas sans défaut, mais il a tant de mérites, notamment ceux de respecter le personnage, de ne pas se prendre au sérieux et de ne pas tenter de réinventer la roue, qu’il emporte l’adhésion.
Son seul véritable défaut, en tout cas pour moi, c’est qu’il m’apporte ce que je demande, et que le plaisir qu’il me procure sera sans doute gâché par le Justice League de Zack aux gros sabots. Il risque, à mon sens, d’être une bouffée d’air frais dans un paysage repeint tendance gaz moutarde.

Jim

  • Qui est peut-être le seul de la liste que je revois avec plaisir…