Action/fantastique
Long métrage américain
Réalisé par Matthew Vaughn
Scénarisé par Jane Goldman, Zack Stentz, Ashley Miller et Matthew Vaughn, d’après une histoire de Bryan Singer et Sheldon Turner
Avec James McAvoy, Michael Fassbender, Kevin Bacon, Rose Byrne, Jennifer Lawrence, Nicholas Hoult, Lucas Till, January Jones, Jason Flemyng, Caleb Landry Jones, Zoë Kravitz, Edi Gathegi, Oliver Platt…
titre alternatif : X-Men - Le Commencement
Année de production : 2011
Après avoir conclu le 1er cycle des films X-Men (2000-2006) et peu avant d’entamer le second (2011-2019), la Fox s’est d’abord focalisée sur l’idée de multiples spin-off (l’inverse de la phase 1 du MCU en quelque sorte, d’abord passé par la case des films individuels, tout en pavant peu à peu la voie au futur rassemblement des Avengers en 2012), concernant des personnages alors considérés suffisamment populaires pour bénéficier de leurs propres films en solo (Wolverine et Magnéto en l’occurence).
Si le mauvais film X-Men - Origins : Wolverine (affecté par la grève des scénaristes de 2008) a fini par voir le jour (avec un Deadpool plutôt méconnaissable, déjà interprété par Ryan « Blade: Trinity/Green Lantern » Reynolds), il n’en a pas été de même pour celui consacré à Erik Lehnsherr (l’ouverture du 1er film X-Men faisant déjà figure d’origin story succincte), l’éternel ami/ennemi du Professeur X, dont le propre film solo était alors décrit comme un croisement entre Le Pianiste et les X-Men. Ian McKellen devait faire son retour mais la grève des scénariste a là-aussi eu un impact déterminant sur ce projet.
La genèse de la partie « Young X-Men » du script remonte au tournage d’X-Men 2, au cours duquel la productrice Laura Shuler Donner (femme de feu Richard « Superman » Donner) a eu l’idée d’un spin-off dédiée à de jeunes X-Men (pas forcément l’équipe originelle), confiée au départ à Zak Penn. Après avoir lu la série X-Men: First Class (2006-2007) de Jeff Parker (Agents of Atlas), Simon Kinberg a exprimé le souhait de l’adapter très librement. Donner le feu vert à ce film « Young X-Men » dépendait alors du sort au box-office d’X-Men Origins: Wolverine et d’un X-Men Origins: Magneto jamais concrétisé sous sa forme première. Les deux projets Young X-Men & X-Men Origins: Magneto finiront par être en quelque sorte fusionnés (en situant cette fois l’histoire au début des années 60). Avec un Bryan Singer impliqué dans le processus créatif (celui qui a inclu la crise des missiles de Cuba, tandis que le choix du Club des Damnés, un apport de Lauren Shuler Donner, est axé autour d’un Sebastian Shaw dont la personnalité lorgne sur celle de Mr. Sinister, y compris sa fascination pour la génétique).
Dans une volonté de renouer avec l’approche semi-réaliste des premiers films X-Men du même Singer, la relation entre Xavier et Erik est devenu l’élément pivot du film (tandis que les autres protagonistes gravitent autour du schisme grandissant entre ces deux-là, y compris une Moira Moira MacTaggert ayant échappé de peu à un triangle amoureux avec eux). Bryan Singer étant trop occupé, le choix s’est donc porté sur Matthew Vaughn (qui avait déjà failli réaliser le 3ème opus et Thor), en raison de l’approche irrévérencieuse de son film Kick-Ass. Celui-ci, alléché à l’idée d’un film situé dans les 60’s, va ainsi pouvoir lorgner ouvertement sur les James Bond (le 1er Star Trek d’Abrams comptant également parmi les influences, en terme de rapport aux films originaux pas effacés de la continuité).
À cela s’ajoute également un aspect « préquel » (une voie également empruntée par Rise of the Planet of the Apes), plutôt bien géré dans l’ensemble (le film s’ouvre sur l’arrivée du jeune Erik dans les camps de la mort, soit un fidèle remake de la toute première scène du X-Men de Singer, et se termine sur ses débuts en tant que Magnéto (avec un look « comic-accurate » en prime). La fin semble même inclure un hommage à Superman 2 (quand le « love interest », interprété par la charmante Rose Byrne, est rendue amnésique lors d’un baiser avec un Xavier qu’elle finira par revoir par la suite).
À une période où la révérée série tv Mad Men (2007-2015) remettait en avant les années 60 (avec dans son casting une January Jones justement choisie pour le rôle d’Emma Frost alias la Reine blanche), la saga se sert à partir de là de l’Histoire comme toile de fond (en l’occurence le contexte de la guerre froide, permettant au britannique Matthew Vaughn de concrétiser par procuration son envie de réaliser un James Bond/007 ; la réplique finale d’Erik n’étant d’ailleurs pas sans rappeler la fin de Casino Royale). Produit rapidement, avec des délais serrés en terme de post-production (cela explique l’allure des effets spéciaux), le film n’aura pas tellement souffert d’ingérences de la part des exécutifs.
Michael Fassbender et James McAvoy sont arrivés à se réapproprier ses rôles, en se montrant tout aussi convainquant que leurs illustres aînés. Au moins dans ce film-là, car Fassbender m’a paru de moins en moins bon au fil des suites, comme si cette obligation contractuelle à reprendre ce rôle-là finissait par affecter négativement son jeu, avec une lassitude de plus en plus prononcée, aussi bien de sa part que d’un Magnéto impliqué à contrecoeur (que ce soit dans Apocalypse & Dark Phoenix).
First Class/Le Commencement a la distinction d’être le tout 1er film X-Men à se passer de Wolverine (ou presque, car la brève apparition de ce dernier se limite à un caméo aussi surprenant que drôle), avant que celui-ci ne revienne déjà dans le suivant (Vaughn avait songé à un nouvel interprète plus jeune pour ce rôle). Matthew Vaughn voulait au départ garder en réserve l’événementiel Days of Future Past, pour servir d’apothéose à sa trilogie (réunissant les différents castings, et en voulant le situer dans les années 80, à l’instar de l’arc original de Claremont & Byrne). Sauf que les exécutifs de la FOX ont préférés griller cet fusible dès le second film. D’où le départ à l’amiable du réalisateur.
X-Men: First Class, qui peut se targuer d’avoir relancé avec succès la saga dans une autre direction (jusqu’à ce que la qualité en baisse des volets suivants ne ramène à nouveau la saga vers une autre tentative d’adaptation de la saga du Phénix, une véritable fixette de la part de Kinberg, en dépit du bon sens), reste à ce jour le volet qui a ma préférence (devant X-Men 2, Days of Future Part & Logan).