Moi je mets en premier, sur le haut du podium, la période Byrne. Je relis régulièrement et même avec le temps qui passe, c’est le run qui m’emballe le plus : plein d’idées, avec une caractérisation forte, un sens du drame éprouvé, de l’humour, du pathos pas dégoulinant, un dessin céleste et quelques scènes d’anthologie (enfin, beaucoup de scènes d’anthologie).
Après, j’ai commencé à lâcher quelque part après le #175. J’ai adoré la période Paul Smith, qui a longtemps été en numéro 2 dans mon cœur (sans doute encore maintenant, sais pas…), notamment parce que, après nous avoir emporté plusieurs fois dans l’espace et nous avoir fait trembler avec des menaces cosmiques, Claremont parvient à nous faire frémir avec presque rien, des mutants clodos dans les égouts, un illusionniste de foire… Bref, il parvient à baisser de régime sans nuire à l’impact de ses histoires. Vraiment épatant.
J’aime encore jusqu’à la perte de pouvoir de Storm, tout ça, il y a des fulgurances (les deux Lifedeath), mais la série entre dans un train-train, avec quelques pistes lancées mais rien d’épique.
(Au demeurant, je me dis que l’édition française, qui tentait de rattraper le retard sur l’édition américaine en extirpant des récits pour les coller en albums, n’a pas aidé à savourer l’ensemble de la série. Ça déstructurait tout.)
J’ai depuis lors appris que Claremont envisageait de lancer de grandes sagas, et que l’éditorial s’en est mêlé, pour des raisons que je n’ai plus en tête, si bien que sa guerre dimensionnelle n’a pu être faite. À une époque où les spin-offs de Secret Wars II envahissaient la série, coupant tout élan aux sagas.
J’aime bien toute la saga de Dallas, et ensuite j’aime bien la déconstruction de la série (Perilous Siege, les héros amnésiques, une nouvelle équipe qui déboule, la bataille de l’île de Muir…), mais y a plein de trucs que je trouve d’une lourdeur à frémir, notamment Genosha : que c’est lourd, cette démonstration du racisme anti-mutant, cette allégorie de l’Afrique du Sud, convoquant références historiques (le nazisme) et clins d’œil littéraires (L’Île du Docteur Moreau).
La période Silvestri est également celle des idées raccrochées par le bout des cheveux (la manière dont Claremont crée Tiger Tyger, en quelques cases de résumé, est particulièrement cavalière et témoigne du bordel éditorial…) et des bonnes idées sans suite (l’ordinateur qui se reconstruit automatiquement, il devient quoi ? Et les liens entre Rogue et Psylocke ? Et Polaris ? Et le rôle de Magneto, redevenu bouc émissaire ?).
Y a plein de trucs formidables, et sur l’action, ça fonctionne, mais passé, disons, le #185, ma lecture oscille entre cris d’enthousiasme et soupirs de lassitude.
Ce qui ne m’arrive pas du tout du #94 au #185, disons (et je pense que le contrôle éditorial y est pour beaucoup, hélas).
Jim