Tiens, j’ai relu les quatre numéros de la version kiosques parue chez Semic en 1996, et que je crois avoir acheté à l’époque (il ne me semble pas les avoir traqués chez les bouquinistes, malgré mes finances limitées à l’époque…).
C’est d’ailleurs marrant, parce que j’étais persuadé que c’était plus ancien. J’associais cette sortie plutôt au début des années 1990, disons avant mon service militaire (1994). Et pas tellement à la période qui suit, durant laquelle ne n’avais pas beaucoup de ronds. J’ai du mal à me rendre compte si 22 francs, c’était beaucoup pour le lecteur que j’étais à l’époque. J’imagine que oui…
Bref, c’est sympa. Une grosse histoire de cyborg issu d’expériences militaires, poursuivi par différentes parties et à la poursuite de ses souvenirs dans un premier temps puis de ses créateurs. Ça bastonne, c’est parfois un peu confus, pas tant dans la restitution des scènes de combat que dans l’enchaînement des chapitres, qui semblent parfois jouer les ellipses radicales ou la narration non linéaire (ou alors, y a un souci dans le découpage…).
Le personnage est un jeune homme, Asuka Kano, disparu depuis longtemps (ce qui laisse penser à un enlèvement). Autour de lui gravitent différents personnages, qui sont tous, de près ou de loin, liés soit à sa vie estudiantine oubliée, soit au complot gouvernemental dont il a été le cobaye. Ça donne à l’intrigue une allure de vaste coïncidence un peu facile, comme est facile le surgissement soudain de ses souvenirs, dont pourtant Kanzaki fait grand cas dans son entame.
Bref, c’est sympa, un peu léger, totalement dans la tradition du super-héros technologique à la japonaise, qui retourne contre ses créateurs l’arme qu’ils ont rêvée. Ce qui pèche, c’est la fabrication. On sent que les éditions Semic, qui n’ont plus le flair éditorial du cartel Navarro-Vistel et qui ne sont pas encore rachetées par Tournon (ça ne saurait tarder), naviguent un peu à vue, et ça se sent dans la gestion des étapes de fabrication : trois lettreurs et trois traducteurs pour quatre numéros. Les polices utilisées changent, certains noms d’équipement du cyborg aussi, ce qui fait tache.
Dans le même ordre d’idées, la fabrication de l’objet n’est pas terrible : la couverture est un peu trop rigide, sans rainage (je crois que c’est comme cela que l’on appelle la pliure de la couverture à hauteur de la reliure), ce qui fait qu’en ouvrant, la colle tire sur les cahiers intérieurs et fait gondoler les pages (ce qui fragilise l’ensemble : le premier numéro se détache facilement…). Ça s’arrange un peu avec les numéros 3 et 4, la quatrième livraison arborant un rainage très propre et un équilibre réussi entre le grammage intérieur et celui de la couverture. C’est très agréable à lire.
Hélas, même si le cinquième numéro est annoncé, il ne paraîtra pas (pas plus que le cinquième Mai the Psychic Girl, paru aussi chez Semic au même moment). Tout cela sent la précipitation, l’arrêt inopiné, en écho avec la volonté de coller, tardivement, à la mode manga sans réellement avoir pensé les produits. Dommage, car dans l’idée, cette tentative était intéressante.
Jim