YANN LE MIGRATEUR t.1-5 (Robert Génin / Claude Lacroix)

Discutez de Yann le migrateur

J’ai récemment déniché quelques tomes de la courte série (cinq livraisons) intitulée Yann le Migrateur, dont j’ai gardé un bon souvenir (je sais pas trop où je l’ai lue, peut-être dans un magazine). Je vais m’y replonger et faire un petit mot dessus.

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Jim

J’ai dû en lire un, mais ça remonte à… très longtemps !

Tori.

Série étrange que ce Yann le migrateur.
Bon, je reconstitue tranquillement, au hasard de mes chineries, la série, qui comprend cinq tomes. J’en ai retrouvé deux, pour l’heure.

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Sortie entre 1978 et 1984, la série met en scène le fameux Yann, migrateur de profession (ou de son état, allez savoir, c’est assez flou), qui se balade de planète en planète et résout les problèmes qu’il ne cherche pas mais qu’il finit par trouver. Il ne dit pas en quoi consiste son occupation de migrateur (est-ce un métier, une caste, une race), mais précise à l’occasion qu’il ne revient jamais par où il est passé. Drôle de coco, c’est moi qui vous le dis.
J’ai indiqué les dates de sorties des albums pour la raison suivante : le personnage me fait penser au Doctor Who. Il est souriant et optimiste, il prend l’initiative, il parle toutes les langues, les inégalités et les dictatures le fâchent, le mystère l’entoure, il est vêtu d’une façon excentrique, il semble ne pas avoir d’autre pouvoir que ceux de la parole et de la conviction… Et bien sûr, Yann le Migrateur a été créé après le bon Docteur. De plus, la première tentative de diffusion de la série britannique en France remonte, si ma mémoire est bonne, à 1977 (un échec, au demeurant). La question se pose : Lacroix et Génin ont-ils été exposés aux radiations Who ? Et si oui, ne font-ils pas, avec Yann, « leur » Docteur ?
Peut-être, ou peut-être pas. Des personnages mystérieux, un brin ex machina, qui résolvent les soucis et s’en repartent, ce n’est pas nouveau. Allez savoir…

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Dans le tome 2, intitulé La Cité des sept sages, le Migrateur arrive sur une planète déserte et en ruine. Il s’étonne qu’elle soit inhabitée quand soudain il repère une silhouette, qui disparaît au milieu d’un lac gelé. Il découvre bientôt qu’il s’agit d’un enfant, rencontre ses parents éplorés, et part enquêter plus avant. Il découvre que sous le lac gelé se cache une société « utopique » organisée autour des « Radieux », qui protègent et élèvent les enfants de la surface, dans le but de les préparer à la reconquête des terres détruites par les conflits et la folie des hommes.
Bien entendu, le Migrateur, qui fait fonctionner son cerveau allergique aux endoctrinements, finit par découvrir que la société fonctionne sur des règles et des prophéties édictées depuis des générations, et en vase clos, ce qui empêche les habitants de comprendre que, à la surface, la guerre est finie et les horreurs oubliées. Démontrant à la population que les « Radieux » ne sont que des robots tournant en boucle sur des instructions obsolètes, Yann parvient à libérer tout ce beau monde qui retrouve la surface, les enfants volés rejoignant leurs parents.

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En résumant l’album, je me dis à nouveau que ça ferait un épisode tout à fait convenable de Doctor Who.
Au-delà de ça, Lacroix livre des planches sympathiques, assez souples. D’un premier abord, son style lorgne vers la ligne claire à la Hergé, avec des trucs et astuces d’encrage empruntés à Moebius. Mais son trait dépasse les qualités de ce seul mélange. Il y a une souplesse et une légèreté dans son dessin qui le renvoie à une école plus réaliste et académique. La narration est très fluide, les cadrages discrètement variés, bref c’est très agréable. Malgré le côté suranné (ou sans doute un peu grâce à ça aussi, c’est très lisible, très accueillant.

Jim

Série que j’avais découverte en magazine et que j’ai reconstituée y a un bail. j’ai toujours bien aimé Lacroix (découvert dans les pages de Jeux & Stratégie, ça ne nous rajeunit pas) et ces petites fables sociales sont très chouettes…

Et en cherchant un brin, je découvre qu’en fait, c’est l’épisode Le Refus des étoiles que j’ai lu dans le magazine Super As. Apparemment, dans les numéros 60 à 81, parus en 1980.

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Concernant Super As :

Jim

Troisième tome de la série, que j’ai découvert visiblement dans Super As, Le Refus des étoiles voit notre héros, toujours aussi mystérieux, arriver sur une planète par le biais d’une invention révolutionnaire : une machine à téléporter. Ce nouveau dispositif est envisagé par ses créateurs comme un moyen de communiquer avec d’autres civilisations, en multipliant les échanges culturels et commerciaux.

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Sauf que la planète des inventeurs en question vit en autarcie et refuse tout contact avec les autres mondes, dans une perspective protectionniste et xénophobe. Yann se retrouve donc, seul étranger en ce monde étrange, et s’il est vu par des citoyens, il sera automatiquement dénoncé et attirera sur ceux qui voudraient l’aider les foudres des autorités.

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Les auteurs construisent une autre fable morale et politique, décrivant une société moribonde à force de refuser l’évolution. Une fois de plus, il tient le rôle du grain de sable qui vient gripper les rouages.

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Et bien entendu, à la fin du récit, il repart…

Jim

Tiens, je viens de trouver le numéro 48 de Je Bouquine (1988), et dedans, il y a l’adaptation d’une nouvelle de Ray Bradbury par Claude Lacroix. Très sympa.

Dommage, difficile de trouver des images des pages intérieures, sur la toile !

Jim

Déniché ce jour le tout premier album de Yann le Migrateur, intitulé La Planète aux illusions, à la très jolie couverture.

À cause d’une avarie, le vaisseau qui transporte notre ami migrateur atterrit sur une planète d’apparence désertique. Mais le pilote, Golbeck, se piquer par un insecte (preuve que la planète n’est pas stérile) et aperçoit une oasis. Yann pense qu’il est sujet à un mirage, mais il est piqué à son tour et découvre la même vision. Les deux hommes comprennent très vite que les piqûres induisent des visions. Ils finissent par découvrir un visage peuplé de gens en guenilles qui attendent les piqûres afin de retrouver « le pays des images ».

Cette parabole limpide des paradis artificiels est doublé de la description d’une société cachée, vivant dans l’ombre et se réjouissant des tracas vécus par les deux naufragés spatiaux et par les villageois loqueteux. Le récit avance et le lecteur découvre bien vite que les spectateurs sont en fait des vampires émotionnels qui ne survivent qu’en se nourrissant des émotions des autres : la métaphore de la drogue est donc double.

La parenté avec le Doctor Who me semble ici encore plus évidente : la physiologie extraterrestre de Yann, qui n’est pas soumis aux mêmes avanies que les autres habitants de la planète, constitue un parallèle frappant, ainsi que sa capacité à parler toutes les langues de l’univers. Et en matière de caractérisation, Yann n’est pas si éloigné du ressortissant de Gallifrey, alternant la sagesse, la compassion et un certain goût pour la violence et la menace.

Jim

Il faudrait que je me penche vraiment sur cette série… Il me semble, sans en être certain, que j’ai justement cet album.

Tori.

J’aime beaucoup cette série, qui m’avait marqué gamin, et à laquelle je trouve plein de qualités.
(L’une d’elles étant que Tori ne connaît pas bien, ce qui me permet de me faire passer pour très érudit… pour une fois…)

Jim

Tiens, un lecteur / forumeur sur BDGest a posté une page publiée dans Gomme #5 en 1982, ayant pour héros Yann le Migrateur :

C’est en fait une page de jeux, mais les auteurs parviennent à raconter une histoire.

Jim