ZAROFF (Sylvain Runberg / François Miville-Deschênes)

Hé bien voilà un album fort sympathique.

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J’apprécie beaucoup l’écriture « frontale », qui se veut linéaire, efficace, allant droit au but, sans fioriture ni détours. Le récit se déroule de manière rapide, et la narration n’utilise aucune voix off, si ce n’est des propos rapportés. Pas de plongée dans les pensées des personnages, seules leurs actions comptent. Excellent choix.

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Le dessin de Miville-Deschènes, très classique, est ici merveilleusement utilisé, notamment par la restitution de décors saisissants. Ses personnages sont plus raides, mais certains gros plans sont vraiment évocateurs et pleins d’expression. Les cadrages sont en général efficaces et, à part une planche un peu maladroite proposant des cases emboîtées à la manière de blocs de Tetris, le reste est vraiment très limpide.

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Deux petits bémols à cet album qui sait emporter son lecteur :

  • d’une part les dialogues laissent entendre que le Comte a « tout perdu », mais il est surtout présenté comme un aristocrate dépressif et sans but (en robe de chambre et le regard vide).
  • d’autre part, afin de faire la liaison avec la nouvelle d’origine signée Richard Connell (et aussi avec le film), le récit résume la seule « défaite » du chasseur en braquant le projecteur sur Rainsford, qui lui a échappé. Mais ça ne sert que de transition vers le récit de l’album, là où l’on aurait pu s’attendre à voir une troisième partie s’immiscer dans ce « jeu le plus dangereux ».

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En dépit de ces deux bémols, on a un récit bien rythmé, assez impitoyable, qui ne ménage pas ses héros, et qui dresse un portrait ambivalent du personnage éponyme, chasseur devenu proie, dont même les proches finissent par observer la folie, avec crainte.
Dans l’ensemble, plutôt pas mal du tout.

Jim

Visiblement, ça se vend pas mal, en plus.

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Les auteurs sont un peu connus, il y a un tirage spécial, une belle promo, et c’est une collection prestigieuse. Donc pas étonnant, selon moi.

Jim

Surtout que le truc fonctionne bien. Ça se lit bien c’est rythmé, c’est calibré pour un large publique franco-belge classique, et comme le dit Jim, un peu de promo et une collection prestigieuse du coup ça fonctionne direct.

Par contre pas vu la version en tirage spécial.

J’ai la flemme de chercher, mais je crois qu’elle était imprimé pour un libraire, peut-être belge.

Jim

Ce qui explique ça non visibilité sur le marché français.

Après vérif :

Édition spéciale Brüsel tirée à 199 exemplaires avec jaquette et ex-libris numéroté et signé comme justificatif de tirage.

C’est la couverture où l’on voit Zaroff en pied, la mitraillette à la main.

Jim

Je ne suis pas sûr de bien comprendre ta question, donc je vais sans doute y répondre de travers.
L’album de Runberg et Miville-Deschênes est une sorte de suite au film (que j’ai revu peu après avoir lu ce bouquin), à l’occasion de quoi les auteurs jouent à la fois la carte du retournement de situation (le chasseur devient chassé) et celle de la répétition (certaines scènes et certains cadrages sont des citations directes du film, renforçant la symétrie). C’est plutôt bien troussé, malgré les quelques bémols que j’ai exprimés plus haut.

Après, pour ce qui est de l’album de Pelaez et Puerta, je ne sais pas comment ça s’articule (par rapport à celui-ci et par rapport au film), car je ne l’ai pas lu. La seule chose qui me semble évidente, c’est que les deux équipes d’auteurs s’inspirent du film (et sans doute de la nouvelle originelle).

Jim

La magie de Noël : tu as bien répondu à la question.
Merci

Ah oui, ça c’est bon, ça ! Et c’est même très joli en plus.
Suite non-officielle de la nouvelle sur le Comte Zaroff, voici un récit très efficace qui se déroule aussi sur une île. ça ne perd pas de temps, ça va direct à l’essentiel, c’est rythmé et la tension est palpable. Et même en allant à l’essentiel, la personnalité de quelques perso principaux (et parfois complexes) est suffisamment explicite.
Mon seul bémol est la gestion de le temporalité et du flashback du début d’album, en parallèle d’une voix off, qui m’a demandé quelques allers-retours pour être sûr d’avoir bien compris (mais à cause d’un « trois mois plus tard »)
Quant au dessin et à la couleur, on en prend plein les mirettes. 80 pages (si on compte le cahier supplémentaire) de vrai plaisir … j’en aurais bien pris une lampée supplémentaire.

Merci pour ce conseil de lecture.

J’oubliais : je viens de découvrir avec cette BD la source d’inspiration pour Kraven.

Ah ouais, tu n’y avais jamais pensé ?
Je crois que ça m’est apparu évident quand j’ai découvert son nom, Sergei Kravinoff. Je ne sais pas à quand ça remonte. Dans la première édition du Marvel from A to Z, il s’appelle Sergei Kravin (est-ce que c’est une coquille ?). Dans la seconde, datant de 1985, il se nomme Sergei Kravinoff. Son origine russe et sa réputation de plus grand chasseur du monde (établie dès son apparition dans Amazing Spider-Man #15) le rattachent d’emblée à cette source, au roman de Connell (même si jamais l’influence n’a été confirmée, ni par Stan Lee ni par Steve Ditko, apparemment).

Jim

Si tu reprends bien l’action au ralenti dans les deux sujets, tu verras qu’à un moment, j’ai dit que je connaissais mal Zaroff (de nom essentiellement)
:wink:

Quand j’ai découvert son nom, je ne sais même si j’avais déjà lu un livre.

Si tu ne veux pas me répondre, tu me le dis.
:wink:

Et aujourd’hui ?
:wink:

Jim

J’ai l’impression que je réponds quand même

Tu patientes … je cherche

Garnement, va.

Jim

Flatteur !

Une suite est annoncée pour avril : La Vengeance de Zaroff.

Jim