1941-2021 : BON ANNIVERSAIRE WONDER WOMAN !

En 1977, la série télévisée rencontrait un vif succès, menant l’éditeur DC à produire des histoires situées durant la Seconde Guerre mondiale, dans lesquelles Wonder Woman affrontait de méchants nazis afin de coller au contexte proposé sur le petit écran. Dans cette perspective, le responsable éditorial chargé des aventures de la Princesse Diana (l’autre), en l’occurrence Larry Hama, saisit l’occasion du DC Special Series #9, pour publier ce qui est aussi considéré comme le Wonder Woman Spectacular.

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Sous une couverture épique signée José Luis Garcia Lopez et Dick Giordano, le scénariste Jack C. Harris propose une histoire d’espionnage aux ramifications menaçant d’ébranler le monde entier (déjà bien secoué par la Guerre mondiale) et jusqu’aux sphères où évoluent les dieux. En couverture, ce récit de 64 pages au format géant est daté de 1978. Dans l’ours, il est daté de 1977, et il paraît en décembre.

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Tout commence alors que Wonder Woman intervient afin d’arrêter des voleurs qui se sont emparés de documents importants pour l’état-major américain. Sous son identité de Diana Prince, assistante de Steve Trevor, elle apprend qu’une antenne des services secrets militaires est en plein déménagement. Mais Trevor est rapidement privé de son commandement à cause de ses multiples rencontres avec Wonder Woman, dont se méfie ouvertement le sénateur Thomas K. Cole. Le script de Harris multiplie les allusions et les pistes narratives, et s’attarde sur la méfiance entretenue par les humains envers les personnages à pouvoirs, la Princesse Amazone en premier.

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Le récit, s’il traîne un peu en longueur (Harris peine à opposer Wonder Woman à des adversaires de poids et enquille les séquences de papotage un peu longues et surtout répétitives. Quoi qu’il en soit, le récit propose de belles doubles pages pleines d’action où les illustrateurs peuvent s’en donner à cœur joie.

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Et en matière de dessinateurs, ce Wonder Woman Spectacular ne se refuse pas grand-chose, puisque l’on retrouve au générique José Delbo, habitué du personnage, mais aussi Steve Ditko, Russ Heath et Dick Ayers. L’encrage est assuré par Vince Colletta, à l’exception des planches de Steve Ditko qui assure lui-même son encrage. Il est dommage qu’un tel privilège n’ait pas été également accordé à Russ Heath, ce qui aurait été l’occasion de bien belles planches.

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On remarquera également que Ditko se charge des séquences consacrées à l’affrontement entre les Dieux et les Amazones, ne dessinant que très rarement l’héroïne, à l’exception d’une case où elle est représentée sous la forme d’une pièce d’échiquier.

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Observant les exploits de sa fille sur son écran magique, la Reine Hippolyte songe à lancer les Amazones dans le conflit (les segments consacrés aux guerrières sont sans doute de la patte de Russ Heath, même s’il n’est pas facile de s’en rendre compte sous le trait minimaliste de Colletta). Les noires pensées de la souveraine attirent l’attention des déesses qui, à leur tour, se rendent compte que Mars fomente dans son coin : il a un agent sur Terre dont la mission est de précipiter l’humanité dans un conflit sans fin.

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La révélation sert de déclencheur dans le récit, et attire bien entendu les regards vers le sénateur Cole. Mais Harris brouille les pistes en faisant apparaître un autre protagoniste, le Bombardier, un nouveau personnage visiblement dans le camp des gentils.

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Tandis que le Führer s’associe à la Baronne Van Gunther (qui dispose d’un artefact qui impressionne ce vieil Adolf), Mars, qui a pris conscience que les Amazones sont sur le pieds de guerre, lance sur Hippolyte et ses troupes ses Harpies, auxquelles se joignent les Valkyries, qui ont rallié sa cause depuis sa victoire sur Thor (dans une séquences précédente, les dieux de différents panthéons se sont livrés à un tournoi).

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Sur Terre, libérée par le Bombardier (après une altercation classique), l’héroïne reprend son enquête. L’ennemi qui l’avait terrassé s’étonne de l’évasion de « Wundar Fraulein » et sort de l’ombre : il s’agit du Red Panzer, un ennemi qui était apparu dans Wonder Woman #228, numéro qui a la particularité d’ouvrir la période Seconde Guerre mondiale du titre (un peu tardivement par rapport à la série télé), et qui depuis lors fait sa petite carrière. Il s’allie, avec réticence, à la Baronne Von Gunther qui lui confie le mystérieux artefact, à charge pour lui de le compléter et de le dupliquer afin de s’emparer du monde.

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Sentant visiblement que la place va lui manquer, Jack C. Harris accélère le rythme, fait quelques gros plans sur Cole dont les bulles de pensées semblent confirmer les soupçons, entasse quelques séquences de bataille dont la projection sur grand écran ravit Mars, dieu de la guerre au comble de la félicité.

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La dernière partie du récit est consacrée à d’innombrables scènes de baston, et tandis que la Princesse Amazone est au cœur de la bataille, Harris décrit la violence masculine parmi les Dieux (ce qui ne manque pas de réduire les Amazones à un prétexte narratif) et la cruauté des nazis.

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Hanté par la voix dont on sait désormais qu’elle lui a rendu la vie et lui a conféré des pouvoirs, le Bombardier combat les soldats allemands avec la plus grande énergie, et finit par révéler son identité : il s’agit du sénateur Cole. Voilà qui lève le voile sur le « mystère » posé en début de récit, non ?

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C’est sous l’identité de Diana Prince que notre héroïne assemble les pièces du puzzle, identifie ses ennemis, et se lance à l’assaut de la machine infernale que les nazis (qui chacun cherche à tirer son épingle du jeu) ont construite, avec l’aide du Bombardier qui l’assiste dans l’assaut.

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Après avoir détruit la machine, Wonder Woman comprend que son allié cache quelque chose. En réalité, le Bombardier est l’agent de Mars, et combine les deux sous-intrigues placées par Harris. Agent triple, pourrait-on dire. Et c’est par l’amour que l’héroïne parvient à défaire son adversaire.

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Récit un brin lent au début, trop précipité dans sa seconde moitié, et cousu de fils blancs maladroitement dissimulés, ce Wonder Woman Spectacular vaut surtout par son aspect graphique, tout à fait honorable, et par la présence, parmi les dessinateurs, de Steve Ditko, singulièrement en forme. Cette prestation lui vaudra sûrement d’être considéré pour reprendre la charge des « Tales of the Amazons », une back-up qui sera annulée lors des événements de la « DC Implosion ».

Jim