1941-2021 : BON ANNIVERSAIRE WONDER WOMAN !

Après la période Diana Prince, qui a marqué une rupture (et un coup d’arrêt, même temporaire, à la prestation un brin machiste de Robert Kanigher), la série Wonder Woman cherche son identité. Valse des auteurs, retour à un rôle secondaire au sein de la Ligue à l’occasion des « Douze Travaux », le titre piétine et donne l’impression de ne pas avoir de direction. Un autre tournant est pris à l’occasion de l’épisode 228, daté de février 1977, ce qui nous permet d’estimer la sortie en kiosque à novembre 1976, peu ou prou.

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Sous la direction de Denny O’Neil, et sans doute à l’instigation de la direction de DC, la série s’aligne sur le pendant télévisuel de l’héroïne. Dans la première saison de la série sur petit écran, Diana Prince évolue durant la Seconde Guerre mondiale. Cette décision éditoriale témoigne de deux choses. En premier lieu, une évidente lenteur chez DC : le premier épisode télévisé est diffusé en avril 1976, et ce n’est qu’à la fin de l’année que la série principale négocie le tournant. En second lieu, il semble que la communication entre la chaîne de télévision et l’éditeur ne soit pas performante : en effet, la première saison s’arrêtera en février 1977, et les deux suivantes (diffusées cette fois sur CBS) placeront les intrigues dans un décor contemporain, et là encore il faudra un temps assez conséquent à l’éditeur pour s’adapter à ce changement. Ce manque de réactivité est-il aussi l’indice de problèmes organisationnels ou logistiques au sein de la rédaction ?

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Revenons donc à cette fin 1976, quand paraît Wonder Woman #228. Sous la supervision d’O’Neil, Martin Pasko construit une histoire de science-fiction aux ressorts capillotractés comme DC en avait le secret. Volant aux commandes de son avion invisible, Wonder Woman découvre l’existence d’un jet noir qui menace le trafic aérien. S’agrippant à l’appareil mystérieux, elle découvre qu’il est commandé par un surhomme à l’accent allemand, le Red Panzer, qui fait ici son apparition. En réalité, il s’agit d’une machine à voyager dans le temps, programmé pour revenir à son époque d’origine, à la manière d’un yo-yo temporel. Revenant donc en 1943, la fusée sombre amène la Princesse Amazone dans son sillage.

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Après une page d’explication très graphique, l’héroïne et ses lecteurs comprennent qu’elle a été projetée dans le passé… mais pas dans celui de son monde, Terre-1. Non, elle a été projetée dans celui de Terre-2, où vit son homologue. Malheureusement, la rencontre officielle entre les deux Diana s’est déroulée dans Justice League of America #100, alors que la Wonder Woman de Terre-2 était plus âgée. Donc, l’héroïne qu’elle croise ici ne la connaît pas, ce qui justifie un énième crêpage de chignons propre aux rencontres entre héros (astuce narrative que DC a piquée à Marvel depuis les années 1960).

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Parallèlement, le Red Panzer, revenu dans son repaire d’espion dans les sous-sols de Washington, réfléchit à sa rencontre avec l’héroïne étoilée. On découvre que sous son identité de scientifique, Helmut Streicher a inventé un « scanner temporel » qui lui permet de voir le futur… et de comprendre que le 6 juin 1944 marquera la fin du Reich. Son voyage temporel a été envisagé afin de changer le cours du temps en faveur du Reich, mais un dysfonctionnement l’a propulsé en 1976 sur Terre-1. Voilà qui le laisse songeur.

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Les deux Diana, qui finissent par se réconcilier, parviennent à retrouver la trace du vaisseau de Streicher. L’héroïne de Terre-1 monte dans l’engin afin de regagner son monde, mais alors qu’elle part pour son voyage dimensionnel, son homologue est attaquée par le Red Panzer.

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La Princesse Amazone parvient à vaincre son adversaire, mais le retour du vaisseau, sous l’effet du grappin magnético-temporel, la déstabilise. L’épisode se clôt sur le rire dément du Red Panzer. la suite au prochain numéro.

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Pour assister le scénariste, ce sont deux professionnels aguerris qui illustrent le récit, José Delbo et Vince Colletta. Aux couleurs, nous retrouvons Liz Berube, récemment disparue et qui avait une réputation de rapidité et de solidité. Et c’est Milt Snappin qui s’occupe du lettrage, parfaitement lisible. Une équipe qui impose à cet épisode déterminant le style DC, compétent mais sans esbroufe.

Jim

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