Le troisième récit compilé dans ce recueil est Strange Tales, écrit par Kurt Busiek et illustré par Ricardo Villagran. Ce tome fait intervenir Johnny Storm, Ben Grimm, Doctor Strange ainsi que Nick Fury, autant de figures ayant donné à la célèbre anthologie un pan entier de son histoire.
Tout commence lors d’une des fameuses parties de poker regroupant certaines des figures les plus remarques de l’univers Marvel. En l’occurrence Ben Grimm, Nick Fury, Johnny Storm et… Doctor Strange, qu’on ne remarque pas tout de suite. Le récit s’ouvre sur l’évocation d’un épisode de la carrière de Fury durant lequel il a affronté Yellow Claw. Johnny et Ben ont du mal à le croire et racontent à leur tour une visite à leur ami Wyatt Wingfoot, qui a conduit à une aventure incroyable.
Leur ami, chef de la tribu des Keewazi, les a appelés parce que des événements surnaturels se produisent sur le territoire de la réserve. Il leur raconte une anecdote qui évoque le folklore indien, et les deux héros acceptent de rester dans le coin afin de voir de quoi il retourne.
C’est ainsi que les propos de Wyatt réveillent des souvenirs de précédentes aventures. C’est l’occasion pour les auteurs de revenir à la période de publication d’origine, quand Johnny fréquentait Dorrie. C’est ainsi que les héros, dans cette vieille aventure, ont affronté des alligators dans les égouts, conformément à une légende urbaine.
Les deux héros sont donc opposés à Golden Gator, un super-vilains reptilien qui finit écrasés sous l’éboulement d’une voûte d’égout. Mais l’évocation de ce souvenir, ainsi que la concentration d’énergie magique, a attiré le Doctor Strange sur la réserve indienne, qui raconte lui aussi une aventure.
Car oui, Strange a connu aussi une affaire comparable, enquêtant sur l’apparition d’un monstre dans les milieux aisés de la ville. Mais quand il est intervenu, le sorcier a vu la créature disparaître sans explication.
Une créature qui apparaît, qui sème le trouble puis qui s’évanouit sans explication, voilà qui ressemble à ce que Wyatt observe dans sa tribu. Et cela rappelle un autre souvenir au jeune homme, le souvenir d’un récit qui lui a été raconté quand il était enfant, et qui remonte à la jeunesse de son propre père.
Il s’agit d’un affrontement entre son grand-père (que l’on a croisé lors de vieilles apparitions de Wyatt et dont on apprend qu’il était amateur des monster comics de Marvel) et Oorgo, un personnage apparu il y a longtemps sous les crayons de Jack Kirby. Le vieux shaman est parvenu à le repousser grâce à un vieux talisman indien.
Comprenant qu’ils ont affaire à des créatures de fiction, nées de rumeurs, de légendes urbaines ou même de bandes dessinées, les quatre aventuriers se tournent vers celui qui est parvenu à l’origine à repousser l’assaillant, le fantôme de Silent Fox, le grand-père de Wyatt.
Mais Doctor Strange est le seul à comprendre l’entourloupe : les adversaires se sont matérialisés face à ceux qui croyaient à leur existence. Or, les héros croient en l’existence du fantôme de Silent Fox, si bien qu’il est simple de comprendre que le spectre n’est pas leur allié, mais un nouvel avatar de leur ennemi, Khlog.
Sur les conseils de Doctor Strange, Wyatt utilise le vieux talisman de son grand-père et raconte l’histoire de trois aventuriers qui combattent « l’ennemi ». Ainsi, c’est par une histoire qu’il combat une histoire, et finit par vaincre.
Bien entendu, Nick Fury ne croit pas un instant à ce récit, pas plus que ses partenaires de jeu n’ont cru au sien. Kurt Busiek joue la carte (hinhinhin) de la mise en abyme, de l’histoire imbriquée dans l’histoire, et donne au titre de son récit, « Strange Tales », une couche supplémentaire de signification. Il offre aussi l’histoire la plus classique et la plus en prise avec le passé éditorial de Marvel.