Super-Team Family : Hulk & Shazam


Wolverine vs. The Hulk by EMEM *
Purée, joli !
Jim
Ah, c’est la page dessinée par Byrne !
Jim
Ah, c’est vraiment de lui ? Ce sont les visages dans l’avant-dernière case qui m’ont fait penser à son style…
Ça, et les deux passants dans la première case, la main gauche de Hulk dans la suivante, les traits de vitesse de la voiture juste en dessous, et plein d’autres détails. À mon avis, il a dû torcher le crayonné, et l’encrage a dû être réalisé par une équipe pour tenir les délais, mais ouais, c’est clairement lui.
Je crois qu’il n’en a a fait qu’une seule, dans toute la série.
Jim
IMMORTAL HULK t.1 :
Lorsque Marvel a annoncé que la nouvelle série consacrée au Titan Vert allait basculer vers l’horreur, cela m’a tout de suite fait penser à un retour aux sources pour le personnage créé par Stan Lee et Jack Kirby en 1962. Les principales influences de Stan Lee étaient le monstre de Frankenstein et L’Etrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde et dans les premières aventures, Hulk , dont la peau était alors de couleur grise, était une véritable créature de la nuit. La proposition du scénariste britannique Al Ewing renvoie à des périodes bien connues de l’histoire de Hulk, tout en les triturant et en emmenant Bruce Banner là où il n’est jamais allé. Hulk n’est plus seulement incroyable…il est maintenant immortel…
Je n’ai pas lu la longue saga Avengers : No Surrender , qui a marqué le retour de Hulk. Mais ce n’est pas gênant, Al Ewing a suffisamment bien construit son premier épisode pour qu’il ne soit pas besoin d’avoir lu ce chapitre au préalable. Immortal Hulk #1 débute par un drame…et la mort de Bruce Banner. Oui, encore…mais si Banner peut mourir, ce n’est pas le cas du monstre en lui, ce qui ajoute une dimension supplémentaire à l’éternelle malédiction du savant malingre.
La première apparition de Hulk est superbement orchestrée, une révélation progressive, intense, jusqu’à deux doubles pages qui nous dévoilent un Hulk que j’ai rarement vu aussi terrifiant. Pendant quatre pages, le Titan Vert ne fait que parler à celui qui a le malheur de se trouver devant lui et c’est particulièrement prenant. Le regard du colosse a de quoi hanter les autres protagonistes…et Bruce Banner le premier, comme le démontre l’excellente dernière planche.
Al Ewing reprend le principe du Bruce Banner vagabond, passant d’une ville à l’autre, popularisé par la série télévisée avec Bill Bixby et Lou Ferrigno, en donnant au héros une raison pour parcourir les routes américaines. Par les récitatifs, on en apprend beaucoup sur l’état d’esprit de Bruce, ce qu’il est advenu de lui depuis que la flèche d’Hawkeye lui a traversé le cerveau et sa relation actuelle avec le monstre. C’est très intéressant et prometteur pour les développements à venir. La formule du « monstre du mois » est dans un certain sens très classique, mais ici elle donne lieu à des affrontements remarquablement écrits. Al Ewing joue notamment avec la narration par le biais de l’épisode 3 et sa mise en parallèle de plusieurs témoignages, façon Rashomon de Akira Kurosawa.
Le travail sur les personnages, la caractérisation, est un autre élément qui participe à la réussite de Immortal Hulk . La journaliste Jackie McGee est plus qu’un clin d’oeil au Jack McGee de la série télévisée…et l’arrivée de Walter Langkowki, alias Sasquatch, nourrit le fil rouge qui se dessine avec une surprise percutante. Chaque épisode apporte son lot de rebondissements qui font de la série un vrai page turner , comme disent les américains. C’est brillant, autant dans l’ambiance sombre de l’entrée en matière que dans la grosse baston musclée de l’épisode 5 sur lequel se referme ce premier tome. Al Ewing soigne aussi ses dernières pages qui sont toutes d’une grande efficacité.
Aux dessins, on retrouve le brésilien Joe Bennett, de retour sur un titre mensuel chez Marvel pour la première fois depuis des années. J’aimais déjà ce qu’il faisait avant (notamment sur Amazing Spider-Man , Thor ou encore 52 chez la Distinguée Concurrence), mais là son style a encore progressé. C’est riche, expressif, les cases sont très détaillées et le dessinateur est aussi à l’aise dans la création d’atmosphère, avec des visuels accrocheurs, que dans l’action brutale et monstrueuse. Joe Bennett est aussi très régulier et lorsqu’il fait une « pause », c’est bien intégré à la façon de raconter (voir les segments dessinés par Romero, Hornschemeier, Sauvage et Brown dans le chapitre 3).
IMMORTAL HULK t.2 :

L’épisode 6 de Immortal Hulk a toutes les caractéristiques d’un numéro dit « de pause », pour faire le point entre deux chapitres plus intenses. Même le dessinateur Joe Bennett en profite pour souffler et laisse les crayons à un Lee Garbett très inspiré, avec un rendu des pages presque plus « rugueux » grâce à l’encrage. Mais dans cette série, Al Ewing ne relâche en fait jamais la tension. L’introspection à laquelle se livre Bruce Banner est lourde de sens, plusieurs sous-intrigues se mettent en place (avec notamment le retour d’un personnage créé par Jeff Parker lors de sa prestation sur les titres Hulk ) et les scènes sur la station spatiale Alpha Flight font très bien vivre le casting secondaire.
Joe Bennett est de retour au #7 pour le passage presque obligé de l’affrontement entre le Titan Vert et les Avengers. Du déjà-vu, me direz-vous ? Pas dans ce cas là, car les héros n’ont jamais affronté ce Hulk en particulier…le « Hulk diabolique » . L’orientation horrifique du titre donne à ce combat une tournure inédite, une sensation de danger plus présente qu’à l’accoutumée ce qui est renforcé par la place donnée au point de vue des civils. La bataille est violente, avec un Hulk sadique, cruel. C’est prenant et très bien dialogué…et la situation amène les Avengers à prendre une terrible décision.
À partir de l’épisode 8, on bascule dans le « body horror » , l’horreur organique, et c’est très, très efficace. Joe Bennett, dont j’ai toujours apprécié le style, livre ici peut-être bien le meilleur travail de sa carrière, aussi bien au niveau de l’atmosphère générale que de la composition des cases, les expressions faciales et ses propositions sur le héros-titre (si on peut vraiment l’appeler « héros », hein) qui a rarement été aussi perturbant (voir une double page en fin de chapitre ainsi que la façon dont Huk redevient Banner).
Et pendant ce temps, Al Ewing n’oublie jamais de développer et de bien caractériser sa distribution, comme l’Homme Absorbant et l’équipe Gamma Flight qui ont leur importance dans les #9 et 10 sur lesquels se referment cet album. Dans son parcours, Hulk est souvent revenu sur le lieu où tout a commencé pour lui. Mais les choses ne se sont jamais déroulées de cette manière. Le suspense de chaque partie est palpable, les visuels sont étonnants et détonnants et ce final oppressant démontre encore une fois que le scénariste sait nous concocter des cliffhangers qui remplissent parfaitement leur fonction : donner envie de lire la suite…tout de suite !
IMMORTAL HULK t.3 :

Le tome 3 de Immortal Hulk compile les épisodes 11 à 15 de l’excellente série de Al Ewing et Joe Bennett. Un volume qui propose la fin de la première partie de la prestation du scénariste britannique et pose avec brio les bases de ce qui va suivre. Et comme le titre l’indique, les protagonistes sont littéralement projetés en enfer…
Et je vais une nouvelle fois me répéter, ce qui prouve que la qualité de ce titre est constante : c’est encore une fois brillant et passionnant. La réflexion sur la nature du divin et du diable est très intéressante, alors que c’est le genre de choses qui a tendance à m’ennuyer quand cela tire trop en longueur. Mais c’est ici bien géré, bien écrit, parfaitement en phase avec la nature du portrait qui est fait de Hulk depuis plus de 10 épisodes…et surtout très intrigant quant à l’identité de l’entité qui tient ce discours. La place du père est importante dans cette saga et Ewing démontre à nouveau sa connaissance de la continuité tout en approfondissant le trauma de la famille Banner.
Al Ewing continue également son très bon travail sur les personnages secondaires : Jackie McGee, Crusher Creel et Puck (j’ai adoré les dialogues d’Eugène) Joe Bennett livre comme à son habitude des planches puissantes, à l’aise aussi bien dans l’action musclée que dans les visions horrifiques infernales. Le duo est complémentaire et le fait que le dessinateur brésilien soit aussi régulier est clairement l’une des forces du titre. Il a tout de même besoin de souffler de temps en temps et heureusement ses remplaçants le temps de quelques pages ou d’un numéro savent se fondre dans l’atmosphère de la série. C’est le cas de Eric Nguyen pour le segment dédié à Brian Banner dans le #12 et de Kyle Hotz pour le #14.
Pour Kyle Hotz, ce n’est pas une surprise tant le dessinateur est un habitué des ambiances horrifiques. Après l’étonnante fin du #13, les deux épisodes suivants, centrés sur Betty et Doc Samson, enrichissent le développement des personnages Gamma, ce « club » très particulier. Si l’action est toujours au rendez-vous, très dynamique, les rebondissements sont principalement nourris par la caractérisation toujours très juste et les discussions entre Bruce et Betty et Huk et Samson…jusqu’à une accrocheuse dernière page encore une fois très prometteuse pour la suite.
IMMORTAL HULK t.4 :
Dans l’épisode introductif d’ Incredible Hulk en 1962, la première transformation de Bruce Banner est montrée en quatre cases successives, Jack Kirby prenant le savant bombardé de rayons gamma comme point central du dessin. La première page de Immortal Hulk revisite cette scène en lui donnant un aspect nettement plus horrifique et en changeant le point de vue, nous permettant d’assister à la réaction de Rick Jones à ce moment décisif de la vie des deux compagnons de route. C’est dans la nature de l’excellente série de Al Ewing et Joe Bennett d’utiliser judicieusement la continuité pour apporter un autre regard sur les personnages de la « Hulk Family » et là, rien que la première page fait son petit effet. Et encore, ce n’est rien comparé au reste de l’album…
Les mots écrits par Rick Jones dans son autobiographie (lue par la reporter Jackie McGee) résonnent terriblement lorsque l’on se rend compte de ce qui arrive au corps de celui qui fut le fidèle compagnon du Titan Vert. Suite à la révélation du final du tome précédent, Hulk et Doc Samson poursuivent leur enquête qui les ramènent à la Base Ombre. La confrontation qui les attend va redistribuer les cartes dans l’esprit fracturé de Bruce Banner…
Je ne vais encore pas être très original mais il faut bien dire ce qui est : ce tome 4 de Immortal Hulk est à nouveau une réussite. Al Ewing développe ses intrigues et mène son projet de main de maître en bousculant le lecteur, chaque épisode apportant son lot de révélations et de surprises qui se terminent sur un cliffhanger de choc. L’horreur est aussi bien physique que psychologique car elle se traduit autant par les tourments de l’esprit (et quels tourments !) que par les déformations physiques. Et sur ce point, le dessinateur Joe Bennett va encore plus loin dans le « body horror » à chaque numéro avec des transformations de plus en plus douloureuses et effrayantes (les nouveaux looks de la Harpie et de l’Abomination ou encore une incroyable double page avec Hulk).
La lecture est palpitante (impossible de reposer le bouquin avant de l’avoir terminé), la tension est omniprésente, l’action est spectaculaire, les protagonistes secondaires sont bien gérés (j’avoue que le général Fortean ne m’avait pas autant intéressé jusqu’à maintenant) et comme d’habitude, les dernières pages sont très, très intrigantes.
Allez, encore une fois…vivement la suite !
IMMORTAL HULK t.5 :
Intitulé Briseur de Mondes , le cinquième tome de Immortal Hulk réunit les épisodes 21 à 25 de l’excellente série de Al Ewing et Joe Bennett. L’édito de cet album applaudit l’ « anti-décompression » de la saga au long cours imaginée par les deux auteurs (et leurs dessinateurs invités) et c’est une caractéristique qui est indissociable de chaque fournée en 100% Marvel Panini .
Dans le #21 spécialement illustré par Ryan Bodenheim ( The Dying and the Dead ), le général Fortean lance son attaque sur la Station Spatiale Alpha Flight. L’assaut est entrecoupé par des vignettes du passé qui enrichissent la caractérisation du personnage en insistant sur les moments qui ont déterminé ses actions futures. C’est donc encore une fois très dense, aussi intéressant dans le développement de Reginald Fortean que très direct dans le déroulement du combat.
Et ce n’est que le début. Joe Bennett revient pour les #22 à 24, un triptyque mouvementé et palpitant, un ensemble maîtrisé, spectaculaire sans jamais laisser de côté les protagonistes qui ont tous leur(s) passage(s) pour briller (j’aime les dialogues entre Titania et l’Homme-Absorbant, la grande scène de Puck, les différentes voix-off dont celle de Jackie McGee…). Les visuels sont percutants (et même dans des « petits » détails comme ces cases où Banner passe d’un seul coup à la personnalité Joe Fixit) et aussi souvent bien dégueus tant la déformation des corps (et des esprits) est à nouveau poussée à l’extrême. Le mélange action/psychologie/horreur fonctionne donc à chaque volume d’ Immortal Hulk .
Al Ewing glisse également des pistes pour la suite en introduisant des éléments cosmiques. Le #25 dessiné par German Garcia (avec Joe Bennett pour l’épilogue) détonne par ses unités de lieux et de temps, son changement de ton par rapport à ce qui est précédé et les concepts présentés. Je n’en dirais pas plus ici mais même si j’ai préféré ce qui a précédé, cette vision du futur est très intrigante et source d’interrogation pour l’avenir de ce passionnant comic-book .
J’ignorais ce qu’était vraiment le chaos…
IMMORTAL HULK t.6 :

Après l’étonnant épisode 25, Al Ewing n’embraye pas directement sur les circonstances qui entourent le retour d’un adversaire classique du Titan Vert. Et ça aussi, c’est intéressant…le scénariste construit progressivement son intrigue, emprunte des pistes pour mieux y revenir plus tard. Dans le #26 qui ouvre ce sixième tome, Ewing met même Hulk en retrait pour se concentrer sur Bruce Banner qui a la charge de délivrer son ultimatum au « Monde Humain » depuis la Base Ombre dont il a pris le contrôle. Un épisode brillamment construit, plus axé sur le dialogue, les intentions du personnage-titre étant bien développées par la discussion que Banner a avec Amadeus Cho.
Le discours de Hulk a des répercussions sur la jeunesse qui se reconnaît dans ses idées (d’où une réactualisation très bien vue de la « Teen Brigade/Brigade des Jeunes » ), et c’est notamment exprimé dans ce portrait assez dur d’un père qui ne reconnaît plus son enfant (situation qui peut hélas être appliquée à tellement de sujets), à la progression dramatique tellement forte que j’ai eu peur d’une certaine issue (et c’est un chapitre qui utilise judicieusement les talents des quelques artistes invités de la série, Joe Bennett dessinant le reste de l’album avec son efficacité coutumière).
Pour bien illustrer son message, Hulk s’en prend d’abord à la Roxxon. Al Ewing a fait évoluer l’entreprise en surfant sur des modèles actuels pour bien appuyer la portée du récit. Il utilise Dario Agger, alias le Minotaure, et en fait un adversaire à la hauteur. La façon dont Agger manipule ses pions (avec quelques pointes d’humour très noir), élabore ses stratégies, se sert de la désinformation et du pouvoir de l’image est assez bluffante et il y a une belle montée en puissance jusqu’au spectaculaire épisode 30 et son excellent cliffhanger .
C’est une bataille de titans qui se livre à plusieurs niveaux et tout en organisant cela avec une belle maîtrise, Al Ewing continue d’écrire de beaux portraits des personnages secondaires. Comme à son habitude, Joe Bennett livre des planches d’une grande régularité et après un début plus « calme » en apparence, l’assaut des monstres dans les deux derniers chapitres réserve son lot de destructions et d’horreur (avec quelques doubles pages sacrément puissantes en prime).
Bienvenue sur la Planète Hulk.
Je veux bien te croire. De mémoire (je laisse Fred ou Victor me contredire), y a pas d’explication dans l’arrivée de Hulk dans No surrender (d’ailleurs, je pensais justement que c’était dans Immortal qu’elles étaient)
IMMORTAL HULK t.7 :
Avant Hulk, trois personnages Marvel ont porté ce nom à l’époque où les bandes dessinées de l’éditeur étaient peuplées de robots et de gigantesques créatures dans une ambiance très « weird science-fiction » . Ces trois Hulk avant Hulk ont comme point commun d’avoir tous été renommés par la suite (pour éviter la confusion)…mais un seul a été réutilisé de manière durable au sein de l’univers Marvel, Xemnu le titan, extraterrestre ennemi régulier des Défenseurs, de Hulk et de Miss Hulk.
J’avoue que Xemnu est un monstre qui ne m’avait jamais vraiment intéressé (je le trouvais même un brin ridicule)…jusqu’au traitement de Al Ewing dans sa série Immortal Hulk et le développement de son potentiel qui passe notamment par une judicieuse utilisation de la continuité. Prolongements de l’intrigue avec la Roxxon et le Minotaure, les épisodes 31 à 33 plongent les protagonistes (avec une place un peu plus importante accordée au Dr McGowan) dans une horreur aussi bien psychologique que physique.
La manipulation mentale à grande échelle amène de nombreux questionnements (notamment transcrits visuellement par la succession de gens interrogés par une équipe de télévision, élement de la narration raccord avec le thème général) et l’aspect body horror qui est l’une des marques de fabrique du titre (et qui réserve encore une fois quelques visuels gratinés) réussit à faire enfin de cette grosse boule de poils une menace mémorable.
Graphiquement, Joe Bennett livre à nouveau une prestation puissante, bien aidé par Javier Rodriguez et Nick Pitarra (ce dernier convenant parfaitement à la représentation délirante de l’univers mental de Hulk). Al Ewing prend ensuite le temps dans l’épisode 34 de consacrer un chapitre entier à l’histoire du Leader…et c’est à nouveau très bien écrit (dommage que Butch Guice soit un peu moins inspiré que d’habitude aux dessins) avant un #35 faisant le point sur la nouvelle situation et les relations entre les personnages. C’est maîtrisé, intrigant pour la suite, un peu moins fort graphiquement (j’aime bien Mike Hawthorne, mais ça ne vaut pas Joe Bennett qui revient dès le numéro suivant)…et le cliffhanger remplit comme il le faut sa mission d’aiguiser l’appétit pour la suite !







