Immortal Hulk (je le répète…et je ne suis pas le seul à le faire : la meilleure série Marvel actuelle) revient pour une huitième livraison qui compile les #36 à 40 de l’excellentissime saga orchestrée par Al Ewing et Joe Bennett. Après une petite pause à la fin du tome précédent, le dessinateur brésilien est seul aux commandes de ces cinq épisodes et c’est une excellente chose tant la régularité graphique est depuis le premier volume l’un des points forts du titre. Déjà à l’aise dans l’aspect super-héroïque depuis ses débuts dans les années 90, Bennett a su adapter son style à l’atmosphère particulière des histoires de Al Ewing, qui pousse à chaque fois les personnages dans leurs retranchements, aussi bien de corps que d’esprit.
Les premières pages de cet album en sont encore une belle (si l’on peut dire) démonstration. Les conséquences de l’explosif cliffhanger du #35 bouleversent encore plus le mental fracturé du titan vert. L’accent est rapidement mis sur l’action, avec des passages musclés et des rebondissements spectaculaires…mais l’horreur aussi bien physique (corps déformés à l’extrême, une des « marques de fabrique » du bouquin) que psychologique n’est jamais très loin (il n’y a qu’à se rappeler la première splash-page ).
Les machinations du Leader se déploient tout au long de ces chapitres d’une grande intensité : la narration est brillante (voir par exemple les trois premières pages du #37 ainsi que la gestion des multiples points de vue du vilain), les scènes-chocs s’enchaînent sans laisser le temps de souffler, l’ambiance générale est au désespoir (surtout quand les auteurs retouchent au trauma originel de Banner) et chaque épisode est maîtrisé, amenant à chaque fois à des dernières pages d’une efficacité redoutable (celles du #39 sont hallucinantes).
Au fil des épisodes, Al Ewing rebondit avec de nouvelles surprises (ce qui arrive à Doc Samson dans le #40 est aussi croustillant qu’étonnant), l’apport d’un nouveau joueur dans l’équation (une de ces ordures que l’on aime détester) et annonce un énième round dans la longue histoire des rencontres entre Hulk et un de ses adversaires réguliers. Oui, ça va encore chauffer dans le tome 9…qui sera l’avant-dernier de la série !
La seule explication nécessaire est dans le prologue de ce run (initialement paru dans Avengers#684 puis repris dans le premier recueil d’Immortal Hulk).
Le titan de jade a une longue histoire avec les enfants de l’atome puisqu’il fut l’invité spécial de X-Men #66 en 1970, le dernier numéro inédit de la série avant des années de réédition. Et n’oublions pas que Wolverine, le plus célèbre des mutants, a fait ses débuts en 1974 dans l’historique Incredible Hulk #181 (mais pas de danger de l’oublier puisque que c’est l’un des épisodes de Hulk les plus réédités). Peter David a joué plusieurs fois avec les liens entre le colosse et les mutants pendant sa première année…et tout d’abord dans le dyptique constitué par les #336/337.
Fin 1986, les X-Men des origines s’étaient réunis pour former Facteur-X , une soi-disant équipe de « chasseurs de mutants » qui leur servait de couverture pour trouver, aider et entraîner de jeunes mutants. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que Cyclope et cie soient gênés par cette situation car malgré leur bonne volonté ils se doutaient bien que le discours de Facteur-X faisait plus de mal que de bien. Cet aspect est traité par Peter David dans son scénario, sur le chemin d’une petite ville où le Hulk gris a été aperçu.
Hulk a en effet été pris par erreur pour un mutant par un témoin qui s’est empressé de téléphoner à Facteur-X (on dirait bien que cette nouvelle version du colosse n’était pas encore connue du grand public). Le scénariste prend soin de ne pas « charger » ce personnage secondaire grâce à des scènes intimistes joliment caractérisées (le bonhomme est vite bourré de remords alors qu’il apprend à mieux connaître Bruce).
Ces deux épisodes s’inscrivent dans la phase finale de la période de la Base Gamma au cours d’un final explosif pendant lequel les alliances se font et se défont. Peter David continue de préparer la saga Point Zéro avec un climat de paranoïa bien ficelé et des interrogations remettant en doute les actions du S.H.I.E.L.D. et du gouvernement, accusé de construire des bombes Gamma. Et sur ce sujet, j’ajoute que je ne connais toujours pas le fin mot de l’histoire (je n’ai pas les deux éditions V.F., en Semic Privilège et en Intégrale ).
Incredible Hulk #340 est un numéro à la couverture restée célèbre. Il s’agit d’un chapitre d’une intrigue globale qui a ensuite été compilée sous le titre Ground Zero (V.O.) / Point Zero (V.F.) . Dans Cercle Vicieux , Peter David orchestre un nouvel affrontement entre Hulk et Wolverine, des années après leur première rencontre dans Incredible Hulk #181 (j’ai un peu la flemme de vérifier s’il y en a eu d’autres entre ces deux épisodes). Et les circonstances font un peu penser à du Marvel « à l’ancienne » puisque le colosse gris tombe sur les X-Men carrément par hasard.
Peter David construit progressivement les étapes de la mission de Hulk, Rick Jones et Clay Quatermain sur la recherche de possibles bombes Gamma fabriquées par le gouvernement et touche par son portrait de Betty et la tristesse qui se dégage des dernières cases. Le « Cercle Vicieux » du titre a plusieurs sens et concerne aussi bien la relation entre Bruce et Betty que la façon dont se terminent les face-à-face musclés entre Hulk et le mutant griffu.
Hulk et Wolverine ont beau se dire qu’ils ont changé depuis leur première baston, la violence prend toujours le pas sur la raison. Le gros de l’épisode est donc consacré à leurs échanges de coups dans une nature bouleversée par la fureur des éléments et l’ensemble est illustré très efficacement par un Todd McFarlane qui signait là quelques unes de ses meilleures pages sur la série, notamment grâce à un encrage qui s’améliorait après des débuts assez décevants. Le futur créateur de Spawn allait encore tenir jusqu’au #346 (pas lu ses derniers numéros, j’ai des manques dans la très longue prestation de Peter David) avant d’être transféré sur Amazing Spider-Man avec le succès que l’on sait.