Jason Aaron’s Thor - préambule :
- Juillet 2012 : l’annonce officielle de l’arrivée du duo Aaron/Ribic sur le relaunch de l’ongoing de Thor.
- Juillet 2022 : la sortie prévue du film Thor : Love and Thunder (sous réserve qu’il ne soit pas décalé à nouveau), mettant en scène Gorr et une Jane Foster digne de brandir Mjolnir.
Durant cet intervalle de 10 ans, il y aura eu la publication d’un run conséquent de 100 numéros (+ un Annual avec d’autres scénaristes invités), resté dans les annales du titre et trônant au firmament des meilleurs runs de Thor, aux côtés des périodes Kirby/Lee & Simonson en particulier ainsi que des ongoings Marvel en général, rejoignant Superior Spider-Man, All-New Silver Surfer et Immortal Hulk parmi les plus grandes réussites de ces années-là (le Thor d’Aaron et le Hulk d’Ewing ayant en commun leur editor Will Moss, arrivé sur ce run à partir de Thor: God of Thunder #19).
Si Esad Ribic (Secret Wars, Eternals) était alors déjà accoutumé à l’univers Asgardien (par le biais de la mini-série Loki de Rodi en 2004 et du run d’Hickman sur les Ultimates en 2011/2012, sorte d’audition déguisé pour sa reprise d’Avengers), ce n’était par contre pas encore le cas de Jason Aaron (Doctor Strange, Punisher), de son propre aveu pas un très grand fan du personnage durant ses lectures de jeunesse (cela a bien changé depuis), en outre alors plus habitué à d’autres genres que ceux inhérents à Thor (ce mix spécifique de mythologie/fantasy/cosmique).
Le scénariste devait au départ justement s’occuper du relaunch d’un autre Avenger plus à son goût (l’après Brubaker pour Steve Rogers, dixit le Mallrat, finalement confié à Rick « Fear Agent » Remender) mais le destin en a voulu autrement (Aaron ayant préféré se fier à son instinct et à ce qui lui semblait le plus juste à ce moment-là).
Donc à partir de là, sans Aaron sur Thor il n’y aurait pas eu de « Thorster » (contraction de Thor & Jane Foster en un seul mot) et sans Rick Remender sur Captain America il n’y aurait pas eu de Captain Wilson (Sam avait déjà endossé le costume auparavant mais c’était toujours bref). Quand bien même ces développements ne sont certes pas vraiment inédits car déjà vus ailleurs auparavant (le « What if Jane Foster found the hammer of Thor ? » de Don Glut en 1978 ou encore les débuts d’Isaiah Bradley, le Captain America noir au coeur de la mini-série Truth: Red, White, and Black par Morales/Baker en 2003).
À bien des égards, 2012 est une année charnière pour Jason Aaron (scénariste de comics depuis la parution en 2002 d’une histoire courte sur Wolvie) puisqu’elle marque la fin de plusieurs des titres emblématiques de sa carrière : Scalped et Wolverine (une soixantaine de numéros chacun), Punisher Max (22 n°) ou encore Incredible Hulk (15 n°), souvent perçu comme le vilain petit canard par rapport à ses congénères plus aboutis (les autres runs susmentionnés, plus l’excellentissime Wolverine & the X-Men, lancé à l’automne 2011, un an avant Thor: God of Thunder #1, suite à l’event estival Schism du même auteur).
Avec Thor: God of Thunder, titre constituant la 1ère phase du run, la paire Aaron/Ribic (Marvel Legacy, King Thor) frappe fort d’emblée (forcément avec 3 Thors et une double dose de Mjolnir) ; un duo ayant déjà fait preuve de son efficacité 3 ans auparavant avec le one-shot Dark Reign: The List - Wolverine. L’utilisation dans ce numéro de Marvel Boy/Noh-Varr, Fantomex & Ultimaton était alors l’occasion pour Jason Aaron de rendre hommage à Grant Morrison, soit le signe de son appétence pour le corpus marvelien de l’écossais, une tendance confirmée par la suite lors de Wolverine & the X-Men, Original Sin et Mighty Thor, au cours desquels Aaron ramena également sur le devant de la scène Quentin Quire/Kid Omega, Oubliette/Exterminatrix et son défunt père le Dr. Midas (il n’y a guère que dans Skrull Kill Krew et Fantastic Four:1 2 3 4 que Aaron n’a rien pioché).
Après une entrée en matière mémorable (une 1ère année consacrée à la saga du bourreau des dieux), trois ères distinctes s’ensuivront dans la foulée, à savoir les périodes Ribic, Dauterman et Del Mundo, d’un niveau à peu près égal au cours de ce vaste cycle (le révéré Thor de Simonson et celui d’Aaron ayant tous deux cet avantage d’avoir tout du long une qualité plutôt constante, là où par exemple le run inaugural de Kirby/Lee aura mis un certain temps avant de décoller vers ses sommets).
Enfin bref, tout ça pour dire que l’auteur de ces lignes n’a qu’une hâte, c’est d’entamer la relecture de ce grand run. Cela tombe bien, puisque depuis la conclusion de ce cycle il y a deux ans (à l’aube de la pandémie et le même jour que la sortie de The Rise of Skywalker & Doomsday Clock #12), les tpb complete collection sortis au cours de ces dernières années ont entretemps grossi les rangs de ma pile de lecture (tout comme les omnibus du Hulk de Peter David, mais ça c’est une autre histoire…).