AVENGERS: THE TRIAL OF YELLOWJACKET TPB
Written by JIM SHOOTER, DAVID MICHELINIE, STEVEN GRANT & ROGER STERN
Penciled by ALAN KUPPERBERG, BOB HALL, ALAN WEISS, DON PERLIN, GREG LAROCQUE, MARK BRIGHT, SAL BUSCEMA & AL MILGROM
Cover by AL MILGROM
The end of an era! They say pride comes before the fall, and this tumultuous tome is proof of that! When longstanding and founding Avenger Hank Pym — in his guise as Yellowjacket — demonstrates reckless behavior in battle, his fellow members schedule a formal court-martial hearing to determine the fate of their emotionally conflicted comrade. Will Yellowjacket triumph over his inner demons — or crumble under the pressure of being an Avenger? Collecting AVENGERS (1963) #212-230.
432 PGS./Rated T …$39.99
ISBN: 978-0-7851-6207-0
Ah fichtre bis, j’ai l’impression que Marvel veut me faire dépenser des sous, là.
Parce que c’est quand même une période qui m’intéresse bougrement, même si c’est pas glorieux graphiquement. Mais c’est quand même une période à la fois bordélique (équipe créatrice instable, idées qui partent dans tous les sens) et passionnante
(l’arrivée de Roger Stern, qui résoud tout le foutoir très rapidement, et en même temps avec une efficacité, un bon sens et une vraie dramaturgie forte). Donc ça, hop, dans la besace, c’est clair !
Parmi les autres vieilleries sur lesquelles j’ai sauté, ce recueil d’épisodes d’Avengers. Çadate du début des années 1980. Pour situer, Jim Shooter arrive sur la fin de son règne sur la série, règne qu’il partage en alternance avec David Michelinie. C’est un run qui est très renommé, et souvent cité par les auteurs actuels, mais personnellement, je n’aime pas trop cette période. J’aime bien la composition de l’équipe (Ms Marvel, Wonder Man en blouson rouge, ce genre de choses…), mais je ne raffole pas des histoires. J’aime énormément les épisodes de Byrne (notamment ceux avec Nefaria, début du run de Shooter, mais aussi ceux avec la Scarlet Witch à Wundagore, mais là Shooter n’écrit pas…) mais les Michelinie m’enquiquinent un peu : décousus, pleins d’idées qui se bousculent sans porter leurs fruits, ils ne sont pas passionnants et donnent l’impression que la série ne sait pas où elle va.
Passé le numéro 200, c’est un véritable ventre mou que la série s’offre à ce moment : dessinateurs qui valsent d’épisode en épisode, scénaristes qui accumulent les clichés, les répétitions et les scènes choc sans trop savoir qu’en faire. Ce recueil donne un bon aperçu de cela.
Shooter utilise par exemple par deux fois l’un de ses thèmes favoris, celui du vilain omnipotent, avec le Molecule Man et avec Moondragon. Le premier super-vilain est même à l’occasion du départ de Tigra, qui quitte l’équipe après cette confrontation traumatisante. Dans Avengers #216 (seconde partie d’un diptyque très bien dessiné et encré par Alan Weiss et Dan Green, petit sommet visuel du recueil), elle assiste à la mort de ses équipiers, et si l’histoire se résout positivement, le poids de cette mission lui pèse.
Les histoires ne sont pas inintéressantes, mais elles manquent d’envergure, à la fois par leur format (deux épisodes : le « boss » reste fidèle au diktat qu’il a imposé à Stern et Byrne sur Captain America) et par le dessin, pas mauvais, mais pas bondissant. Les motivations des ennemis sont floues, même quand il s’agit d’un personnage pourtant installé comme Moondragon (ici dans Avengers #219 et 220).
De même, on voit Thor(*) nu (bon, sous les draps, mais c’est explicite) et Hank battre sa femme, idées fortes, mais que d’autres scénaristes sauront faire fructifier. La fin de règne de Shooter est riche en départs, en arrivées, en coups de théâtre, mais rien n’est développé, rien ne propose un souffle épique.
La série connaît un vrai creux : pas d’élan, peu de direction (Shooter consacre Avengers #217 à l’énième tentative de Pym de reprendre le contrôle de sa vie, ce qui le conduit à croiser le chemin d’Egghead et de la nièce de ce dernier, Patricia, tentative qui conduit le Vengeur déchu en prison. Une fois de plus, les choses vont trop vite, et pour le coup, deux épisodes n’auraient pas été de trop pour sonder un peu plus les errements mentaux de Yellowjacket.
Si Shooter a une appétence évidente pour les méchants surpuissants, il n’excelle guère pour la gestion des petites menaces. Avengers #221, qui voit She-Hulk arriver dans le groupe, raconte comment une équipe d’héroïnes (et pas des moindres) affronte Fabian Stankowich, un vilain de troisième zone (au moins). Le combat est nul, et l’épisode se conclut sur la fâcherie de Hawkeye, qui n’apprécie pas She-Hulk lui ait fait une tête-à-queue dans le trafic new-yorkais, source de leur brouille. La série sombre, à tous niveaux.
Et c’est justement ça qui est passionnant dans ce TPB, puisque la sélection englobe les trois premiers épisodes du désormais classique, célèbre et excellent run de Roger Stern.
Et en trois courts épisodes, Stern parvient à donner une fin (dramatique et émotionnellement forte) à la saga de Pym, à expliquer ses errements récents, et il se paie même le luxe de tuer un vilain et de mettre un autre héros dans une situation difficile. Le tout en posant des questions morales assez saines, et qui enrichissent considérablement la portée de la série. Alors certes, le travail était déjà préparé par Steven Grant qui avait indiqué dans des subplots que c’était Egghead le comploteur derrière ce plan maléfique.
Mais tout de même, en trois épisodes, Stern redonne une cohérence et une direction à la série, qui en manquait singulièrement. Les récits sont plus ambitieux, dans leur format mais aussi dans leur propos, les personnages sont très bien travaillés, la nouvelle équipe (notamment avec She-Hulk) tourne très bien, bref, la série est remise sur ses pieds. Tous les tâtonnements hasardeux de Shooter, jusqu’à la fâcherie entre Hawkeye et She-Hulk, seront exploités et nourriront la caractérisation et la dynamique de groupe. De l’orfèvrerie : Stern ne jette rien, au contraire il donne un sens et une justification à tout.
Question dessin, c’est aussi le moment où une équipe stable reprend les rênes : Al Milgrom, qui n’est pourtant pas un grand dessinateur mais assure super bien en donnant de la vie à ses personnages, arrive un mois après Stern, et ils sont rejoints encore un mois plus tard par Joe Sinnott. C’est carré, c’est efficace, c’est clair, c’est lisible. Et c’est parti pour l’une des meilleures périodes de la série.
Rétrospectivement, on comprend parfaitement pourquoi Lug/Semic a décidé de récupérer la série à ce numéro. Le premier épisode écrit par Stern est dessiné par Sal Buscema (gage de qualité) et il résume la vie de Pym, et donc, par voisinage, celle des Vengeurs. Et c’est le débuts d’une lente mais efficace reconstruction de la série, donc c’était un excellent choix pour relancer Avengers en France. Formidable démonstration.
Et je redécouvre, en relisant ces épisodes, la dernière page de ce premier récit, qui marque le départ de Pym : Milgrom y déploie beaucoup de talent et de sensibilité, et surtout, il utilise une composition à la fois forte, astucieuse et symbolique. Très belle page, qui synthétise le talent et l’implication des auteurs sur cette série qui ne demandait alors qu’une chose : une équipe de créateurs motivés.
Jim
(*) Thor, hypnotisé par Moondragon, serre un charbon et en fait un diamant, pouvoir classique de Superman. Shooter écrit d’ailleurs un peu Thor comme s’il écrivait Superman. On a déjà remarqué que dans ses épisodes de Daredevil, il écrivait ce dernier comme s’il écrivait Batman (les rapports entre Daredevil et le procureur Blake sont calqués sur ceux de Batman et Gordon). On peut peut-être y voir une volonté, ou un désir, d’écrire les personnages DC…