N’est-ce pas.
DAREDEVIL #257 + PUNISHER #10 :
Daredevil #257 et Punisher #10 font de nouveau se croiser les chemins des deux justiciers aux méthodes radicalement opposées quelques années après la prestation de Frank Miller. L’intrigue s’inspire d’un fait divers réel, avec son cinglé qui empoisonne les produits d’un laboratoire pharmaceutique sans se soucier des victimes innocentes. Ce mini crossover propose deux regards différents sur la même histoire, deux points de vue qui se complètent tout en s’appuyant sur les caractéristiques des deux titres car Mike Baron et Ann Nocenti développent deux façons distinctes de traiter cette affaire.
Du côté du Punisher, la caractérisation d’Alfred Coppersmith, le dingue surnommé l’Apothicaire, est assez sommaire. C’est un bodybuilder à la coupe mulet, une publicité vivante pour le culte du corps des années 80, et on comprend qu’il en veut à la société Zumatrin…mais ça ne va pas plus loin. Il y a quelques touches de légèreté par l’intermédiaire du personnage de sa voisine mais rien qui ne permette d’en faire un portrait approfondi. Pendant ce temps, le Punisher est à sa recherche et sa méthode, passer par les témoignages des témoins de Jehovah, est un brin tirée par les cheveux.
Du côté de Daredevil, Ann Nocenti livre un portrait plus nuancé de Coppersmith, en homme sans boussole morale qui a tout perdu parce qu’il n’a pas pu/su s’adapter aux progrès de la société. Suite à son licenciement, Coppersmith veut se venger et il se fiche des morts qu’il cause dans son combat contre un « ennemi sans visage ». Les deux chapitres se rejoignent lors du combat final, que je trouve plus nerveux et musclé sous les crayons de John Romita Jr que sous ceux de Whilce Portacio (il y a plus de raideur dans les silhouettes croquées par Portacio et une manière de dessiner les visages assez inégale).
Au final, et malgré une construction globale assez efficace, le propos délivré n’est pas toujours convaincant, aussi bien dans la justice expéditive de la série de Baron que dans certains éléments du discours final de Matt Murdock à Coppersmith dans celle de Nocenti (lui conseiller de plaider la démence temporaire me fait tout de même un peu tiquer car il semblait tout à fait conscient du mal qu’il a causé). La scénariste n’oublie pas pour autant ses sous-intrigues et poursuit les manoeuvres de Typhoïd Mary pour provoquer la « damnation » de Matt Murdock, la scène de l’église étant remarquable de symbolisme.
Super-Team Family : Le Guardian & Daredevil
DAREDEVIL #259-260 :
Après un fill-in signé Fabian Nicieza et Ron Lim (post 486), Ann Nocenti et John Romita Jr reprennent les commandes de la série Daredevil en orchestrant une nouvelle descente aux enfers du malmené héros aveugle. Dans le #259, Karen Page reprend un peu plus d’importance après avoir été écarté des derniers numéros à cause des manipulations de Typhoïd Mary qui tient Matt Murdock sous son emprise. Et pourtant quand il est loin de Mary, Matt ne doute pas de son amour pour Karen. Il la laisse même l’aider pour retrouver des enfants kidnappés et pris dans un immonde trafic de vidéos pornos.
Pour cette virée glauque dans les bas-fonds de New York, Karen redevient en apparence celle qu’elle était lors de ses années d’errance afin de chercher des informations. Ses pensées montrent bien que la situation est difficile pour elle mais elle tient bon et retrouve la trace des gamins, permettant à Daredevil de nettoyer la place. Nocenti et Romita Jr restituent bien l’atmosphère glauque de cette enquête, avant une baston courte et nerveuse et un moment émouvant lorsque les enfants se rendent compte qu’ils sont sains et saufs.
Mais quand Matt est réuni avec Mary, il en oublie presque ce qui s’est passé et il déçoit le petit Butch, le gamin des rues qui les observe de loin. Le Caïd en assez d’attendre et il ordonne à Typhoïd Mary de précipiter son action contre Daredevil. Et comme elle est elle-même jalouse de la relation entre Matt et cette autre personnalité qu’elle déteste, elle décide de rassembler une équipe pour se débarrasser une bonne fois pour toutes de DD. Typhoïd porte son choix sur des adversaires récents de l’Homme sans Peur (faut dire que sa galerie de vilains n’est quand même pas si fournie que ça) : Bullet, Ammo, Bushwacker et les Wildboys (que des créations de Nocenti).
Daredevil #260 est un épisode double, entièrement consacré à cette entreprise de démolition de l’Homme sans Peur, assailli de toutes parts sans possibilité de souffler. Sur fond de manifestation pour la paix qui tourne mal dans les rues de New York, Daredevil est réduit à l’état de punching-ball sanguinolent dans une suite d’affrontements aussi intenses que violents, très bien chorégraphiés par un John Romita Jr aux cases dynamiques et aux pleines pages puissantes…
La journée avait pourtant bien démarré pour Daredevil mais les sourires des premières pages ont laissé place au drame. Le titre français de ce chapitre, Descente aux enfers, prépare bien à ce qui va suivre…car l’enfer va littéralement se déchaîner sur Terre…
Il aime bien être dans la citation, McNiven.
Jim
Il le fait bien! C’est vraiment étonnant.
Typhoid Mary par Bob Hall
Typhoid Mary par Al Milgrom
Typhoid Mary par Victor Santos
Les DD du Multivers (VI) :
Dans le futur de 2099, Eric Nelson, le petit-fils de Foggy Nelson, est Daredevil. Le personnage est apparu pour la première fois dans le one-shot 2099 A.D. Genesis par Warren Ellis et Dale Eaglesham.
Olivier Coipel
DAREDEVIL #261 :
Dans Daredevil #261, l’Homme sans Peur n’est présent que sur deux cases de la dernière page, toujours inconscient et ensanglanté après le brutal passage à tabac de l’épisode précédent. Mais il est dans les pensées de tout le monde. Dans celles du Caïd, pas vraiment content d’apprendre que Typhoïd a (d’après elle) tué son vieil ennemi qu’il aurait préféré continuer à tourmenter. Dans celles de Karen, morte d’inquiétude depuis la disparition de Matt. Et dans celles de Johnny Storm, alias la Torche Humaine…
Mais qu’est ce que le membre le plus jeune des 4 Fantastiques vient faire à Hell’s Kitchen ? Dans le #260, la Torche avait en effet survolé la ville en remarquant que DD était en plein combat. Comme il devait répondre à un appel de son équipe, Johnny l’a laissé se débrouiller et quand il a ensuite appris que le justicier aveugle n’avait plus donné signe de vie, il a eu du remords de ne pas être venu l’aider. Johnny propose alors ses services à Karen pour le retrouver…mais tout ce qu’il démontre, c’est qu’il est plus à l’aise dans le combat contre des extraterrestres que dans la recherche d’infos dans les bas-fonds de New York.
La Torche n’est pas vraiment à sa place ici et c’est ce qui amène une petite touche de légèreté (le début de la scène du bar est amusante, la fin moins) dans une atmosphère qui ne prête pourtant pas à rire. Car avec la pollution, la canicule, le climat est de plus en plus étouffant. La ville brûle, la chaleur tape sur les nerfs, Typhoïd joue une nouvelle fois avec le Caïd dans leur relation toxique et violente, Mary ne supporte plus ses absences causées par son autre personnalité…
…et Inferno est très proche…
Les DD du Multivers (VII) :
Il y a deux versions du Daredevil de 2099 (pour la première, voir post 1395). Dans le one-shot Marvel Knights : Daredevil 2099 de Robert Kirkman et Karl Moline, le costume est porté par Samuel Fisk, le petit-fils du Caïd.
DAREDEVIL #262, 263 et 265 :
Comme on a pu le voir dès le #252 (post 1344), Ann Nocenti a toujours bien su intégrer à ses plans les grands chambardements en cours dans l’univers Marvel et dans un premier temps ceux de la franchise X-Men. Après Fall of the Mutants, c’est donc Inferno qui est au centre de Daredevil #262, 263 et 265 (je mets de côté le 264, un fill-in resté inédit et dessiné par le vétéran Steve Ditko car John Romita Jr avait demandé un petit congé pour s’occuper de son mariage). Inferno tombe pile au moment approprié d’une nouvelle descente aux enfers pour le héros aveugle et lorsqu’il se relève enfin après le passage à tabac orchestré par Typhoïd Mary, c’est pour retrouver une New York envahie de démons.
Le crossover de 1989 a bien entendu des aspects horrifiques et c’est quelque chose que John Romita Jr excelle à dessiner dans ces trois chapitres. Et le fait que la situation permet à des objets de prendre vie donne aussi lieu à des moments étranges…car quand on le résume grossièrement, le #262 montre DD se battre avec un aspirateur et Black Widow avec un ascenseur pour sauver les gamins des rues Butch et Darla. Mais cela fonctionne car c’est cet équilibre entre le sérieux, l’intensité du drame vécu par les protagonistes, et le côté grotesque des menaces rencontrées qui fait l’efficacité de cet arc narratif.
Sauvé et soigné à l’hôpital, Daredevil brise le coeur de Karen Page lorsqu’il laisse échapper le prénom de Mary alors qu’il est encore dans le coaltar. En pleurs, Karen s’enfonce dans les ténèbres, entourée de démons et ne fera son retour dans la série que deux ans plus tard, au début du run de D.G. Chichester. Matt se réveille un peu plus tard et ses sens le conduisent vers une rame de métro devenue vivante et qui retient prisonnier ses usagers. Visions dantesques brillamment illustrées par le trio gagnant de la partie graphique, John Romita Jr, Al Williamson et Christie « Max » Scheele.
Inferno aurait pu s’arrêter sur l’image d’un Daredevil fatigué, abattu par les révélations de Butch qui lui apprend ce qui s’est passé pendant son absence. Mais il y a aussi une troisième partie qui débute par le cauchemar de tous ceux qui ont peur d’aller chez le dentiste. Comme un zombie, Daredevil traverse les rues de New York en aidant ceux qu’il peut aider. Le chaos épouse un peu plus le point de vue de l’homme de la rue et Nocenti arrive même à glisser un peu de légèreté dans ces ténèbres grâce à des scènes au ton décalé. Car c’est connu, les New Yorkais ont tout vu et sont complètement blasés…et tout ceci se termine sur une dernière case qui redonne un peu le sourire après tant de tensions accumulées…