PUNISHER (Vol.6) #32 : SOAP
Le dernier épisode « auto-contenu » du volume 6, avant l’arc final, est donc consacré à l’inspecteur Soap, le seul membre de la Force Spéciale Punisher du NYPD.
On le retrouve donc classiquement dans le bar de Kevin, où il enquille verre sur verre, tout en racontant sa vie à un.e inconnu.e, de son naissance à sa dernière sanglante rencontre avec le Punisher, en passant par son passage à l’orphelinat et sa rencontre avec l’homme qui lui donnera envie d’être policier, un flic poivrot qui finit sa carrière par-dessus bord. Bref, Soap a toujours été martyrisé, physiquement, moralement (il reste quand même le souffre-douleur du barman), n’a jamais eu de chance, et n’a jamais su s’entourer correctement.
Mais peut être que son.sa petit.e ami.e de la soirée sera le.a bon.ne.
Garth Ennis continue de torturer ce pauvre Soap, à la fois par l’intermédiaire involontairement du Punisher qui éclate la tête d’un mafieux devant lui (faut dire que le flic n’aurait jamais dû être là) que par le sarcastique, moqueur et légèrement sadique Kevin le barman.
Après l’avoir fait coucher avec ce qui pourrait être sa mère, puis potentiellement sa demi-sœur, pour un homosexuel psychopathe, il finit la soirée avec un transgenre. A l’époque de la parution de cet épisode, pour le mâle hétéro blanc que je suis, j’ai trouvé cela rigolo, puisque l’auteur amenait le personnage vers une sorte de déshérence sexuelle, devenu complètement paumé, perdu par sa « relation » avec le Punisher et l’absence de repère au sein de son unité de Police, qui l’a abandonné après l’avoir brimé.
Aujourd’hui, même si je continue de trouver cela rigolo, je deviens un peu gêné vis-à-vis de la représentation que cela donne pour les transgenres (objet de moqueries ?), même si je sais qu’il y a surtout du sarcasme et de la provoc’ derrière cela. Peut être eux(ou elles)-mêmes trouvent cela drôle. Après tout, Ennis s’est bien moqué et a fait souffrir un tas d’hommes blancs hétéros sans que cela choque personne. Se moquer de tout le monde est aussi une forme d’intégration (du moins pour moi, car je considère l’inverse comme une forme de ghetto). Bref, pensée pas très philosophique du soir et de comptoir, mais cet épisode, théoriquement banal, fait un peu faire réfléchir.
Ce sont les derniers coups de crayon sur le Punisher, ainsi qu’avec Ennis, de Steve Dillon, avant qu’il n’aille se perdre avec Daniel Way (il retrouvera l’Irlandais et le Punisher bien plus tard). L’encrage est assuré par Matt Milla, et je trouve que cela apporte une nuance à son trait, une petite rondeur bienvenue. Et je ne sais pas si c’est le rythme du récit, qui n’a pas tant de parlotte fixe que cela (puisqu’on voit beaucoup des souvenirs commentés), mais j’ai trouvé qu’il apportait plus de mouvement, moins de raideur dans ses pages.