Jim Lee
Hummm…^^
J’ai corrigé, Monseigneur !
Don Perlin :
PUNISHER (Vol. 6) #19 : DES SOURIS ET DES HOMMES
L’année 2003 débute dans les forêts du Vermont, où le Punisher, à l’aide d’une info de l’inspecteur Soap, détruit une cargaison de drogue (et les mafieux qui vont avec) lors d’une vente. Cependant, les Russes, en troisième larron non invité, débarquent et blessent grièvement Castle. Seule une voiture a pu en réchapper.
Le justicier arrive difficilement à rejoindre une maison isolée, celle où habite … Joan et son chien Frankie.
Celle-ci arrive à le soigner, mais il n’est pas en capacité physique de s’échapper. Refusant de le livrer à la Police, elle va l’aider à « customiser » sa maison et les alentours, car il est sûr que les Russes vont revenir fouiner dans le coin.
Et c’est bien ce qui arrive, et c’est rapidement un carnage dans leurs rangs, si bien que le chef et son chien vont mettre la main à la pâte… et ça va forcément mal finir pour eux…
Alors, la probabilité de tomber sur la maison de Joan, qui a profité de l’argent de Ma Gnucci donné par le Punisher pour changer de vie, est complètement improbable. L’attitude des Russes en mode chair à canon et le « combat » de chiens sont complètement grotesques (mais drôle, pour les canidés). Et de toute façon, on sait très bien comment ça va finir, mais ce qui me fait sourire, c’est la manière grinçante du déroulé (toujours avec un humour noir chez Ennis).
Pour autant, je l’aime bien cet épisode, qui est le dernier pour Joan « la souris », à date. Parce qu’Ennis fait interagir habilement les deux personnages, et avec une certaine finesse. Castle a du respect pour cette femme qui a le béguin pour lui (et il le sait). Des caractères aux antipodes, elle ne comprend pas son choix de vie, mais elle le respecte et se sent redevable.
Donc, au delà des coups de fusils et des corps déchiquetés, il y a une certaine douceur qui ressort de ce numéro.
C’est complètement ambivalent, tout en étant cohérent. Une vraie maîtrise des personnages de la part d’Ennis, associée à celle de Dillon, qui assure comme un métronome.
PUNISHER (Vol. 6) #20-22 : FRATRIE
Dès le début Brotherhood, Frank Castle se fait devancer par des flics, Pearse et Seifert, sur le lieu d’un trafic de drogue. Mais en les observant, il flaire quelque chose de pas net. Il se rencarde donc auprès de Soap, qui montre une fermeté inattendue en exigeant du Punisher de ne pas toucher un seul de leurs cheveux. Cependant, il suit son instinct et se rend compte qu’un bat sa femme et que l’autre vole de la drogue, car il a des dettes de jeu avec d’autres mafieux, qui sont en lien avec d’autres ripoux organisés. Et la dernière descente dans le tripot est liée a un gros coup qui lui permettrait de solder sa dette.
Mais ce qu’il ne sait pas, c’est que le Punisher a découvert qu’ils avaient le même indic, et il lui a indiqué vouloir être informé 24h avant les autres. Et quand la Police arrive sur les lieux du gros coup, le justicier a évidemment tout détruit, coke inclus. Seifert pète les plombs et finit par tout expliquer à son coéquipier. Pearse, dont la femme a quitté le foyer pour se protéger de ses coups, décide alors d’aider son collègue, prend ses économies et tente de trouver un accord avec les ripoux et les mafieux, réunis pour l’occasion. S’en suit évidemment une fusillade où tout le monde meurt, même Seifert et Pearse.
Dans ce triptyque, je me demande si Garth Ennis ne cherchait pas à montrer que les officiers de Police sont des gens comme les autres, avec leur propres problèmes personnels. Leurs difficultés sont ici un peu extrêmes, tout étant réalistes, mais pour autant, Ennis ne les excuse pas, il évoque une réalité, liée entre autre à un métier compliqué à exercer. Comme le dit le père (pas très classique, d’ailleurs, j’aime bien ce perso qui semble un peu plus pragmatique que d’autres, malgré sa soutane), ce ne sont pas des saints (eux non plus d’ailleurs, et Ennis en profite pour égratigner un des fonctionnements de l’Eglise, sur lequel je le rejoins totalement)
Et en confrontant les obligations de ceux-ci, avec les interrogations du Punisher sur leur travail, qui sait bien qu’ils doivent respecter des règles et par extension, à subir des frustrations qu’il n’accepterait pas, on voit bien que derrière les deux personnages qu’il ne peut aimer à cause de leur exactions personnelles, il a un vrai respect pour eux (s’ils ne sont pas ripoux, bien évidemment) et pour leur dévouement, malgré un système qui ne les aide absolument pas (d’après le Père et le Punisher - et Ennis ?).
L’autre aspect intéressant de cette histoire, c’est que le Punisher est ici surtout un catalyseur, un observateur et un conteur. Ses actions entraînent évidemment tout ce qui arrive jusqu’à la fusillade, mais finalement, il n’est pas le premier acteur dans cette histoire. Les scènes montrent surtout Seifert et/ou Pearse, et ce sont eux les justiciers dans la dernière fusillade, où Castle fait juste une brève apparition, comme facilitateur.
Je n’avais pas vraiment fait attention dans les épisodes précédent (disons que ça m’avait moins sauté aux yeux), mais j’ai trouvé le trait de Dillon un peu plus raide qu’avant, dans le sens où ses persos manquent pas moment d’un peu de dynamisme. Pour autant, il toujours a transmettre ce qu’il faut dans les phases de dialogues, que ce soit dans la scène avec Soap (ascenseur d’attitudes), celles entre les deux flics, ou encore la passage entre Pearse et sa femme ou le prêtre.
PS : à noter que depuis l’épisode précédent, Panini a commencé à partir en cacahuètes dans la publication désordonnée des numéros, par souci éditorial, bien évidemment.
PUNISHER (Vol. 6) #23 : CALMAR
Tout démarre par un « poker de cons » entre truands. Le con, c’est Sid. Pourquoi ? Parce que tous les samedis, il part chercher un architeuthis en divers lieux, au large de Brooklyn. Le truc improbable.
Mais bon, le truc plus probable, c’est que le Punisher débarque, zigouille tous ses camarades pendant que Sid arrive à se faire la malle par la petite fenêtre des toilettes du bar.
Mais sa vie devient un enfer : il voit en permanence les ectoplasmes de ses 5 co-voyous, et finit par comprendre que pour s’en débarrasser, il doit les venger. Il organise un guet-apens pour le Punisher, et il est à deux doigts de le tuer sur un ponton quand un tentacule d’architeuthis, le calmar géant que personne n’a jamais vu, l’attrape et l’emmène avec lui sous l’eau.
Il devient à son tour un ectoplasme, heureux d’avoir pu prouver qu’il avait raison. Ses copains, en revanche, moins…
Quel étrange épisode, qui sort complètement du lot et dont je me demande ce qu’il fait là. Pour le coup, je n’ai pas grand chose à dire, et je ne sais pas vraiment quoi analyser.
Cela dit, je dois quand même préciser que Garth Ennis rationalise cela en disant que Sid a connu une blessure à la tête qui l’a changé à vie.
Sinon, la construction rappelle un peu le triptyque précédent, puisque le personnage central est clairement le voyou, le Punisher n’est ici aussi que le catalyseur de l’histoire. Et puis Ennis démarre son histoire comme il l’a finie, c’est à dire qu’il y a des récitatifs qui se parlent.
J’ajouterais qu’on commence à voir que Dillon se répète, les trognes des mafieux ressemblent pas mal à d’autres trognes déjà vues dans des épisodes précédents (mais bon, comme ils sont morts)
Mais ouais : j’avoue que pendant ma lecture, j’ai dû avoir la même tête que le Punisher quand il a vu le tentacule débarquer au meilleur moment.
PUNISHER (Vol. 6) #24-26 : L’HOMME D’EN BAS
Alors qu’il avait fini de traquer le dernier des truands de sa soirée dans les sous-sols du métro, le Punisher croise la route d’une assistante sociale, également bénévole à la soupe populaire, qui avait suivi un sans-abri qui lui avait parlé de « l’homme d’en bas », qui s’occuperait et nourrirait les malheureux comme lui. Cependant, elle se retrouvait en fait dans une embuscade organisée par plusieurs SDF, que le Punisher élimina sans réfléchir.
Sauf qu’en cherchant à remonter à la surface, un autre groupe les attaqua, et quand il se débarrassé d’eux, il décida de revenir avec du matériel pour faire le ménage.
Pendant ce temps, l’assistante sociale avait fui, mais elle finit par se retrouver dans l’antre de l’Homme d’en bas, et découvrit l’horreur de ce qu’il était : une homme malade mental, maigre et déformé, qui se nourrissait de ses victimes en vivant sous le monticule de corps.
En recherchant la sortie, elle recroisa Castle, qui fort d’une atèle et d’un arsenal qui ferait rougir Cable, l’emmena au repère, chassa les sans-abris qui restaient et brûla tout, y compris l’Homme d’en bas.
Le « vilain », si je puis dire, et l’intrigue, ne sont pas ce qu’a fait de mieux Garth Ennis. Encore une fois, on tombe dans le grotesque, dans plusieurs sens du terme, avec cette fois-ci en plus du morbide et du gore. L’auteur joue un peu avec nous en semblant présenter deux intrigues parallèles (puisqu’il n’y a aucun repère tempporel), mais à partir du deuxième épisode, on comprend que l’histoire du jeune garçon qui survit sous le poids mort de sa mère obèse, c’est celui qui deviendra l’Homme d’en bas.
Alors où se situe l’intérêt de ce nouveau triptyque ? Clairement dans les échanges entre l’assistante sociale et le Punisher. Alors, lire cela aujourd’hui, 20 ans plus tard, de cette manière, peut sembler peut être cliché. La femme qui fait dans le social, la bienveillance et la compréhension, face à l’homme (voire le mâle, alpha de surcroît), brute épaisse à la répartie lapidaire qui considère qu’elle ne comprend rien à la vie des malfrats, cela donne vraiment dans le standard de base. Sauf que les arguments et les pensées de la jeune femme me paraissent totalement cohérents avec son métier (j’ai eu une tante assistante sociale, et je trouve ici que c’est raccord), d’autant plus qu’Ennis n’en a pas fait une sainte nitouche, apparaissant plutôt forte et proactive face aux événements qu’elle vit et subit.
Et qu’en plus, même si les réponses et l’attitude du Punisher prêtent vraiment à sourire, on a là un homme bas du front, qui ne cherche pas à comprendre le pourquoi des exactions de ses hommes socialement en marge de la société (et qui s’en fiche totalement), les mettant au même niveau que des malfaiteurs qui ont clairement choisi leur gagne-pain, alors qu’eux cherchent à survivre. Il se fiche des circonstances et des causes les ayant amené à faire ce qu’ils font. ça peut s’entendre, mais en faisant cela, Ennis continue de construire le schéma de pensée du Punisher, en le mettant face à d’autres personnes ayant des arguments distincts (à l’instar de son questionnement vis-à-vis du métier de policier). Lui, il est là pour agir et punir, pas pour comprendre (même si elle arrive à le toucher, l’amenant à leur laisser une chance).
Et ce n’est qu’un sujet évoqué, puisqu’il y aussi l’échange concernant le Punisher en lui-même (l’instinct de l’assistante sociale), et si, là aussi, ça prête à sourire, on retrouve quand même un peu, de manière ici plus directe et évidente, les non-dits entre Joan et Castle. Et enfin, pour aller dans le sens du non-cliché, il y a un petit échange qui montre qu’Ennis respecte bien ce personnage.
Cette fois, c’est Tom Mandrake qui assure le dessin, arrivant tout juste chez DC où il a passé, dans la très grande majorité (y a eu du Valiant aussi, entre autres), ses 15 premières années de travail. Donc, autant dire que c’est une petite révolution, dans un style s’approchant, au niveau de l’encrage et de la gestion du noir, de celui de Darrick Robertson, ainsi que celui de Kyle Hotz (mais c’est peut être l’ambiance horrifique qui donne cette impression). En tout cas, c’est poisseux, sombre et malsain, comme le récit le demande. Avec la pointe de grotesque qui avec les idées d’Ennis.
Le style graphique me parait toutefois différent que son compères cités, on reconnait bien sa manière de dessiner les têtes rien qu’avec le Punisher. Il est plus carré, moins rond dans le trait.
J’aime également bien le côté trapu de ses personnage, ainsi que la dynamique de mouvement.
Toujours est-il, qu’aujourd’hui, socialement, cette histoire a encore toute sa place.
PUNISHER (Vol. 6) #27 : ELEKTRA
Alors qu’il est en planque, près à tirer sur son mafieux du soir, le Punisher se rend compte qu’il est devancé par la ninja, Elektra. Et cela va être identique le lendemain, Castle arrivant après la bataille, et les deux tueurs se regardent juste en chien de faïence, sans échanger de mot (si ce n’est le rire de la Grecque). Quand il en discute avec Soap, ce dernier est sûr qu’elle veut se débarrer du justicier. Cependant, les autres jours de la semaine se suivent et se ressemblent, le Punisher se demandant comment elle peut savoir où il compte frapper.
Le dimanche, il commence à croire qu’elle en a réellement après lui et alors qu’il est sûr de la devancer, il n’a pas prévu qu’elle s’était déguisée en call-girl et qu’elle était dans la même pièce que le futur mourant. Cette fois-ci, il arrive à avoir un échange verbal, et en lui demandant une explication, elle lui annonce qu’elle fait ça parce qu’elle « s’ennuie ». Possible que le Punisher devienne amoureux !
Petit épisode de la part d’Ennis, assez rapide à lire, mais pas dénué d’humour un peu grinçant. En fait, cette fois-ci, l’auteur oppose le Punisher à une de ses pairs, une sorte de miroir déformant, et c’est intéressant de lire comment il la voit. En fait, il continue de juger les actions des autres, et même quand elles sont similaires aux siennes, il arrive encore à se justifier et à trouver ses « homologues » cinglés. Cela dit, même Soap a plus peur d’elle que de Castle.
En tout cas, on retrouve le personnage au centre de l’histoire.
Une pige supplémentaire pour Tom Mandrake avant de repartir vers d’autres cieux. Une nouvelle occasion pour lui de dessiner des corps démembrés, et des cœurs à nu, car l’épisode est plutôt sans filtre à ce sujet.
A noter que la version française de ce numéro était tout d’abord disponible dans le fascicule accompagnant une collection « d’incontournables ». Je ne sais pas s’il est disponible dans les Deluxe ou autre Omnibus, mais le retrouver a été une bonne petite chasse.
PUNISHER (Vol. 6) #28-31 : LES RUES DE LAREDO
Alors qu’il croyait faire un carton dans un point de deal, le Punisher se retrouve pris à défaut par la couverture d’un échange armes/dollars. Il finit par s’en sortir, mais découvre que les trafiquants vendaient de camelote de qualité bien supérieure à ce que lui utilise. Il ne peut accepter un trafic de ce type dans sa ville, et il remonte donc la piste qui me mène à Branding, dans le Texas.
Même en faisant profil bas (selon son référentiel), Castle ne passe pas inaperçu, et il tient rapidement à ce que le gang qui opère dans les hauteurs de la ville sache qu’il veut les voir (à sa manière). Cependant, alors qu’il commençait à avoir des infos sur les trafiquants, le fils de leur cheffe, qui est aussi le petit ami du shérif local, est sauvagement tué, écrasé à plusieurs reprises par une voiture. Le gang descend en ville, malgré une longue fusillade face au shérif. Mais c’est le moment idéal pour le Punisher d’attaquer la base et de détruire tout le stock d’arme.
De retour en ville, il retrouve le shérif, estropié, mourant, sans personne pour l’aider. Il donne rendez-vous au reste du gang, au milieu de la ville, mais les prend par surprise en tuant tout le monde à coup de balle, même la cheffe qu’il finit au corps à corps.
L’adjoint du shérif, qui s’était déballonné face aux trafiquants, retrouve le meurtrier du jeune homme, le prêcheur de la ville, raciste, homophobe et tout ce qui va avec « phobe », que le Punisher va punir à sa manière, tout en quittant la ville de Branding…
Quand j’ai commencé « les rues de Laredo », je n’avais pas envie de lâcher le bouquin. Garth Ennis a complètement changé l’atmosphère de la série le temps de ces 4 épisodes, lui donnant un côté Western à la Justified, tout en cherchant à détourner certains codes. Je pense que je ne serai s pas exhaustif, mais par exemple, c’est une femme qui gère ma horde de trafiquants (en montrant notamment sa capacité à se battre et à être implacable), avec un fils homosexuel, petit ami du shérif. L’auteur gère plutôt bien cet aspect. Il n’en fait pas trop, dans un sens comme dans l’autre, ne transforme pas l’histoire en Roméo et Juliette (au contraire), tout en apportant des explications logiques au statu quo de cette situation avant l’arrivée de Castle. Pour autant, il montre bien que l’acceptation, au sein des deux camps, est bien loin d’être totale (rien que l’une des dernières scènes, avec le préjugé ultime en est la preuve), mais les échanges entre le shérif et le Punisher, puis avec le prêcheur, amène Ennis a donné son avis sur la question, pleine d’ouverture et de réalisme historique. Mais pour autant le shérif n’est pas un stéréotype, loin de là (il lui ajoute une petite étiquette NRA). Evidemment, on pourrait se dire que les Texans en prennent pour leur grade, mais je pense que le scénariste voit plus large, plus universel.
Un autre détournement, est la scène du duel, façon western. Là, point d’honneur, mais surtout du pragmatisme à la Punisher, quand il s’agit de faire le ménage.
Je trouve qu’ici, Ennis a livré un récit sérieux, éloigné du grotesque des épisodes précédents (même si le prêcheur est un vrai stéréotype de base… quoique…). Ses personnages, même secondaires, ont de la profondeur. Il y a bien du grinçant, notamment dans des réparties du Punisher, mais ça m’a paru moins gratuit qu’à l’accoutumée, un peu plus dénonciateur, si je puis dire. Par ailleurs, je trouve qu’il a rendu Castle un peu plus humain (même si toujours aussi implacable), qui a même des rapports sexuels (la première fois aussi explicitement dans le run d’Ennis, il me semble).
Quant au titre de l’histoire, c’est une chanson américaine, datant du début du XXème siècle, faisant référence à une ville texan (elle aurait une origine irlandaise), où un cowboy mourant parle à un autre cowboy. Le shérif la chante avant la fusillade qui finira par lui être fatale. Et je me demande si la traductrice a bien noté que ses derniers mots au Punisher étaient des paroles à la fin de cette balade.
Quitte à changer, autant apporter aussi du sang neuf, et c’est Cam Kennedy, connu notamment pour son travail chez Dark Horse sur des titres Star Wars, qui assure les 4 épisodes. Alors, je en sais pas si c’est le fait du hasard, mais les deux compères avaient travailler ensemble quelques mois plus tôt sur * War stories*. Toujours est-il que j’aime beaucoup ce style anguleux, à la mâchoire carrée, au trait épais mais sans que ce soit envahi par l’encrage. C’est assez approprié à l’atmosphère bien moins sombre que les tournées nocturnes dans les rues de New York. Et puis il n’ y a pas de volonté à avoir du réalisme, on est un peu dans la stylisation, avec un travail sur les cadrages plutôt intéressant.
PUNISHER (Vol.6) #32 : SOAP
Le dernier épisode « auto-contenu » du volume 6, avant l’arc final, est donc consacré à l’inspecteur Soap, le seul membre de la Force Spéciale Punisher du NYPD.
On le retrouve donc classiquement dans le bar de Kevin, où il enquille verre sur verre, tout en racontant sa vie à un.e inconnu.e, de son naissance à sa dernière sanglante rencontre avec le Punisher, en passant par son passage à l’orphelinat et sa rencontre avec l’homme qui lui donnera envie d’être policier, un flic poivrot qui finit sa carrière par-dessus bord. Bref, Soap a toujours été martyrisé, physiquement, moralement (il reste quand même le souffre-douleur du barman), n’a jamais eu de chance, et n’a jamais su s’entourer correctement.
Mais peut être que son.sa petit.e ami.e de la soirée sera le.a bon.ne.
Garth Ennis continue de torturer ce pauvre Soap, à la fois par l’intermédiaire involontairement du Punisher qui éclate la tête d’un mafieux devant lui (faut dire que le flic n’aurait jamais dû être là) que par le sarcastique, moqueur et légèrement sadique Kevin le barman.
Après l’avoir fait coucher avec ce qui pourrait être sa mère, puis potentiellement sa demi-sœur, pour un homosexuel psychopathe, il finit la soirée avec un transgenre. A l’époque de la parution de cet épisode, pour le mâle hétéro blanc que je suis, j’ai trouvé cela rigolo, puisque l’auteur amenait le personnage vers une sorte de déshérence sexuelle, devenu complètement paumé, perdu par sa « relation » avec le Punisher et l’absence de repère au sein de son unité de Police, qui l’a abandonné après l’avoir brimé.
Aujourd’hui, même si je continue de trouver cela rigolo, je deviens un peu gêné vis-à-vis de la représentation que cela donne pour les transgenres (objet de moqueries ?), même si je sais qu’il y a surtout du sarcasme et de la provoc’ derrière cela. Peut être eux(ou elles)-mêmes trouvent cela drôle. Après tout, Ennis s’est bien moqué et a fait souffrir un tas d’hommes blancs hétéros sans que cela choque personne. Se moquer de tout le monde est aussi une forme d’intégration (du moins pour moi, car je considère l’inverse comme une forme de ghetto). Bref, pensée pas très philosophique du soir et de comptoir, mais cet épisode, théoriquement banal, fait un peu faire réfléchir.
Ce sont les derniers coups de crayon sur le Punisher, ainsi qu’avec Ennis, de Steve Dillon, avant qu’il n’aille se perdre avec Daniel Way (il retrouvera l’Irlandais et le Punisher bien plus tard). L’encrage est assuré par Matt Milla, et je trouve que cela apporte une nuance à son trait, une petite rondeur bienvenue. Et je ne sais pas si c’est le rythme du récit, qui n’a pas tant de parlotte fixe que cela (puisqu’on voit beaucoup des souvenirs commentés), mais j’ai trouvé qu’il apportait plus de mouvement, moins de raideur dans ses pages.
Suspense.
Tout cela me fait penser que je n’ai pas souvenir d’avoir lu les épisodes dessinés par Tom Mandrake. Je savais que je n’avais pas tout lu de la période Ennis, mais là, ça me fait un argument pour m’y remettre.
Jim
Clic rapide rectifié !
Quand je peux aider à raviver des souvenirs qui n’existent pas, j’hésite pas !
Et à faire dépenser des sous !!!
Jim
Echange de bons procédés.