PUNISHER (Vol.7) #1-6 : AU COMMENCEMENT…
Garth Ennis avait besoin d’air et de liberté pour retrouver un second souffle avec le personnage. Il voulait renouer avec du réalisme, comme il peut le faire dans ses récits de guerre. Donc, sans les super-héros. Et si la version Marvel Knight était violente visuellement, elle pouvait avoir un côté grotesque qui apportait un peu d’humour. Noir, gore, grinçant, ou autre, à votre convenance, mais, il y avait une vraie volonté de faire sourire, que cela plaise ou non.
Là, le Punisher passe par la catégorie supérieure avec le label Max, et l’humour va être beaucoup moins présent (je le cherche encore, d’ailleurs).
Nous sommes en mars 2004, soit un mois après la fin du volume précédent.
Tout démarre par l’anniversaire de Don Massimo, complètement grabataire pour ces 100 ans, mais fêter en grande pompe avec des tas des mafieux de tous niveaux invités. Vous voyez donc venir le Punisher, qui rentre sereinement devant tout le monde, colle une balle dans la tête du néo-centenaire, sort, et fait un carnage avec tous ceux qui lui courent après.
Ce que Castle ne sait pas, c’est qu’il est surveillé par une petite équipe de la C.I.A.,dirigé par un certain Bethell, qui a les coudées franches pour avoir une équipe de tueurs non identifiables pour réaliser des opérations secrètes. Il s’est donc assuré des services de Microchip, afin de que ce dernier persuade le Punisher rejoindre ses rangs. La motivation de l’ex-compagnon d’arme du justicier est avant tout de sauver l’homme, de lui trouver une autre motivation que sa vendetta personnelle et perpétuelle.
Par surprise, Micro arrive à « l’assommer ». Cependant, alors qu’il est séquestré dans un appartement, sous surveillance de la CIA et avec Microchip qui essaie de le persuader, un témoin de l’enlèvement parle à la télévision. « L’arrestation » du Punisher est donc devenu publique et cela fait bien l’affaire de 3 mafieux, dont Nicky Cavella, bannis de New York par leurs pairs, invités à revenir afin de débarrasser la pègre de Castle.
Ceux-ci vont retrouver un agent de la CIA dans l’immeuble du témoin, et savoir où est « logé » le justicier. Evidemment, il provoque un véritable carnage, mais le Punisher et Microchip arrivent à s’échapper et à rejoindre une planque de ce dernier.
Mais Bethell avait mis un traceur dans le téléphone de Micro (ce qu’a vite deviné Castle) et donne les coordonnées à Cavella, sûr que le Punisher va tous les tuer.
Mais parallèlement aux échanges de tirs, l’un des acolytes du mafieux infiltre la planque, blesse grièvement Micro et se bat très violemment avec Castle, qui finit par le tuer.
Alors que l’ensemble de ses sbires meurent sous les coups de feu du justicier, Nicky Cavella arrive à fuir, en se débarrant de policiers qui protégeaient le secteur. Berthell, devenu fou d’impatience (ou par les médocs) dans un hélicoptère de l’armée, tire sur tout ce qui bouge, alors que l’hélico n’a pas l’autorisation de tirer. Les deux pilotes finissent par avoir l’ordre de le jeter par-dessus bord (« sécurité intérieure »).
Et puis il reste Microchip. Sauf qui s’était allié à Berthell, qui finançait son équipe et ses actions avec l’argent de la drogue. Et donc, son ancien camarade avait rejoint le mauvais camp. Et sans hésitation, le Punisher lui tira une balle dans la tête.
Implacable. Avec cette histoire, Garth Ennis a fait en sorte d’écarter toute possibilité de croire au lecteur qu’il pouvait s’arrêter. Et par la même occasion, même si cette série est dans un univers alternatif, le fait d’éliminer Microchip dès le premier arc enlève les éventuels derniers liens qu’il pouvait avoir avec son ancienne vie, celle où il pouvait croiser des super-héros.
Ennis insiste beaucoup sur la « philosophie » du Punisher, via une petite histoire personnelle qu’il a vécu après la mort de sa famille, et qui servira à identifier son raisonnement pour ce qu’il va faire à Microchip. On le voit aussi via une scène suggérée avec un maquereau. Ce Punisher d’Ennis semble vouloir aller encore plus loin que le précédent.
Ennis ne laisse pas grand chose aux hasards, puisque l’ensemble des éléments qui feront avancer son histoire n’apparaissent pas comme cela par hasard, et suivent une certaine logique. Il resitue le personnage pour les nouveaux lecteurs, et je dois dire que je n’avais pas souvenir d’un préambule évoquant la mort de sa famille qui un ressenti aussi violent. Est-ce que c’est parce que j’ai vieilli ou que ma situation familiale a évolué, mais l’auteur arrive à toucher au plus profond via son texte, les images n’étant finalement qu’accessoire. Et puis ensuite, les informations sont distillées petit à petit, dans une sorte de logique qui ne rend pas le récit trop répétitif, même pour qui lit du Punisher depuis 6 mois.
Alors, finalement, est-ce que cela aurait pu se faire en moins d’épisodes ? Potentiellement, mais il fallait quand même introduire les différentes factions, donner le temps à Micro de tenter de faire retourner Castle, de lancer les différentes attaques (dont la dernière qui a plusieurs phases. Et puis il me semblait difficile de faire tuer Micro en trois épisodes (qui a droit à une scène plutôt forte au tout début du deuxième épisode).
Ennis fait également du Punisher un quinqua, je pense, si j’en crois les tombes, les remarques grivoises de l’agente de la CIA (ah si, il y a de l’humour, mais très masculin). ça différencie aussi avec le reste de l’univers Marvel qui ne vieillit pas.
Et cela peut avoir son importance pour Lewis Larosa, le dessinateur de cet arc. Car, si au début, il nous fait un Punisher classique, dès le 3ème épisose, où il est interrogé, il n’y a plus de doute : c’est Clint Eastwood qu’on a devant nous et que le dessinateur a pris comme modèle. Et pas le cow-boy, ni l’inspecteur Harry, mais plutôt celui des années 80, avec le regard dur, à la peau un peu burinée, qui ne sourit pas. Ces scènes, avec le gros plan sur le regard, sont superbe, et pleine d’intensité. Le côté implcabke voulu par Ennis est ici parfaitement retranscrit, associé à une quasi absence de ligne de dialogue pour le personnage.
Hormis ces scènes, l’association avec Tom Palmer à l’encrage et Dean White à la couleur fonctionne à merveille. De belles ambiances, variées, du mouvement (la case où le Punisher se libère par exemple). Étonnamment, j’ai l’impression qu’il y a, en proportion, moins de scènes violentes ou gores. Par contre, quand il y en a, l’impact visuel et émotionnel est bien là.
Une relance, avec le même auteur ? Mais pour quoi faire ? Pour faire autrement. Et l’effet est là, d’entrée !