1974-2024 : BON ANNIVERSAIRE LE PUNISHER !

PUNISHER (Vol.7) #13-18 : MÈRE RUSSIE

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Frank Castle accepte la demande de Nick Fury d’opérer pour le gouvernement américain dans une opération quasi suicide : exfiltrer d’un silo nucléaire sibérien une fillette russe de 6 ans, à qui son père, avant de mourir pendant un interrogatoire, a inoculé un virus de son cru extrêmement mortel, ainsi que l’antidote. Les Russes, comme les Américains, veulent la composition de cet arme biochimique. mais le temps joue contre eux, puisque le virus sera détruit en 48h par l’antidote.
Bien qu’il ait pourtant refusé de jouer ce rôle (cf. le 1er arc), le Punisher a une confiance quasi aveugle en Fury (qui lui offre en même temps un accès illimité dans tous les dossiers informatiques de tous les sites de la sûreté intérieure des Etats-Unis) qui n’a plus le SHIELD pour lui et qui ne peut pas y aller lui-même, afin de surveiller les généraux américains qui l’ont lancé sur l’affaire. Cependant, ces derniers exigent que le mercenaire soit accompagné d’un de leurs militaires surentraînés.
Le début de la mission se déroule correctement (mais pas sans sang), avec arrivée furtive en Sibérie, infiltration de la base, récupération de la petite … cependant, quand ils voulurent sortir, le militaire eut un peu trop rapidement la gâchette facile, et l’ensemble du silo était en état d’alerte. Les 3 fuyards étant bien protégés et difficilement accessibles, le Punisher fait une boucherie avec la chair à canon qu’envoient les généraux russes, essayant pourtant plusieurs méthodes, même envoyer en cachette un Mongol spécialiste des Arts martiaux. Surtout qu’ils ne savent pas à qui ils ont affaire, même si l’un d’eux, pense clairement que ce sont des Américains qui sont derrière tout cela. Pourtant, sans en avoir parlé à Fury, le haut-commandement avait lancé une opération parallèle afin de : envoyer des djihadistes kamikazes, qu’ils ont dupés en commanditant leur formation, détourner un avion de ligne pour le faire écraser à Moscou, et donc détourner également l’attention du Kremlin.
Pour autant, le soldat accompagnement Castle ne trouve pas de solution et décide donc d’actionner sa véritable mission : récupérer du sang de la petite et s’enfuir sans elle. Sauf qu’évidemment, le justicier ne l’entend de cette oreille, et lance une opération culotté : envoyer un missile vers Moscou, mais le programmer de manière à ce qu’il s’arrête en l’air au-dessus de la zone d’exfiltration prévue. Car les deux Américains et la fillette s’y trouvent dedans et avec des parachutes, finissent par atterir en douceur. Mais le soldat a perdu son équipement pour survivre au froid mortel sibérien. Castle lance une courte-paille, qu’il gagnera. Il ramène la petite aux Etats-Unis, non s’en avoir empêché des médecins de l’approcher sur le chemin du retour. Autant que c’est une opération blanche pour les militaires …

En janvier 2005 (d’après la couverture), Garth Ennis fait donc voyager son personnage, sur un lieu assez inhabituel qui le sort complètement de sa zone de confort (j’ai déjà vu l’Amérique du Sud, mais je ne me souviens pas des territoires russes). Là on est dans une opération militaire, et en plus, même s’il a les coudées franches, il est accompagné d’un homme qu’il ne connait pas. Au-delà de cela, le scénariste le met également face une gamine qui rappelle beaucoup la sienne, qu’il n’a su sauver.
Cette histoire met surtout en avant le cynisme d’Américains, vu par Ennis, qui restent sur leurs gardes malgré de bonnes relations avec leurs homologues russes, qui « profitent » des attentats du 11 septembre pour créer de nouvelles méthodes de propagande (pour des patriotes US, cette lecture doit être difficile). On retrouve totalement l’Ennis iconoclaste, qui pense que les militaires américains ont des méthodes sales et opportunistes pour arriver à leurs fins (même si ce ne sont pas celles qu’il décrit). Même envers des pays dits « amis ». A côté, les Russes, sont presque présentés comme des victimes, malgré leur volonté de récupérer les virus coûte que coûte, avec un général plus intelligent que ses homologues américains (mais tout en ayant aucun état d’âme à envoyer ses hommes à l’abattoir)
On voit le Punisher toujours aussi implacable, qui reste droit dans ses bottes concernant ses principes. Quelle que soit la situation.
Et puis il y a Fury, ce Fury de l’univers Max. Garth Ennis a déjà livré une mini-série Max en 2002, et avait montré un personnage beaucoup plus extrême que dans l’univers 616, que ce soit dans la violence ou son rapport avec les femmes (misogyne et macho au possible). Donc, ici, c’est le même, même si Ennis n’en fait pas autant des tonnes.
Enfin, il y a aussi l’opération d’infiltration montée par Ennis, qui parait très professionnelle et qui se termine par une simple courte-paille pour savoir qui va survivre. Presque un humour grinçant, façon Ennis.

Doug Brathwaite avait déjà tâté du Punisher dans les années 90, lors de la prestation d’Abnett et Lanning, et c’est également lui qui avait dessiné le one-shot réalisé par Ennis en 1995, Punisher Kills The Marvel Universe. Autant dire qu’il connait le personnage, sauf que cettre fois-ci, c’est tout de même visuellement plus sanglant. Cela étant dit, je ne sais pas si c’est le scénario qui a voulu cela ou si Braithwaite a voulu limité les effets, mais hormis deux ou trois cases, le côté sanguinolent et gore est beaucoup moins présent que dans les deux arcs précédents (et que dans Born), même si la violence physique (sans parler la violence morale) est bien présente. Pour autant, cela ne manque pas et le propos est suffisamment violent pour justifier du Label. Et au-delà de tout cela, il livre d’excellentes pages, bien fournies, avec du rythme quand cela est nécessaire, et des cases majoritairement rectangulaires, avec 4 ou 5 bandes par page. L’association avec son compère d’Univers X et Paradise X, Bill Reinhold fonctionne bien, et ils montrent tous les deux qu’ils sont capables de fournir une ambiance adaptée à la série sur laquelle ils travaillent. Et ils sont capables de faire de belles gueules, tout comme des gueules cassées, en gardant les spécificités physiques de chaque personnage.

Une aventure véritablement haletante (comme dit en 4ème de couverture de Panini), avec toujours cette question de savoir comment Castle va s’en tirer.

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